Malgré les sanctions, “des composants cruciaux de nombreux missiles russes proviennent de l’Occident”

“Sans la technologie occidentale, l’armée russe ne serait pas en mesure de mener la guerre contre l’Ukraine comme elle le fait depuis des mois”, affirme James Byrne, du groupe de réflexion britannique RUSI (Royal United Services Institute for Defence and Security Study).

Ce dernier a étudié les chaînes d’approvisionnement russes en composants militaires de haute technologie et est arrivé à une conclusion étonnante: des composants cruciaux de nombreux missiles russes proviennent de l’Occident.

L’industrie russe de l’armement faisait déjà l’objet de sanctions après l’annexion de la Crimée en 2014. Forte de ce précédent, la Russie a donc anticipé les nouvelles sanctions occidentales avant l’invasion de l’Ukraine. Les entreprises d’État russes ont ainsi importé de grandes quantités de composants électroniques avant le début de la guerre. Selon le RUSI, cela s’est fait principalement par le biais de la Turquie. De nombreux hommes d’affaires russes y ont créé des entreprises dans ce but précis.

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Ceci explique pourquoi l’approvisionnement en pièces occidentales ne s’est pas arrêté. Au contraire. Selon l’agence de presse Reuters, des composants électroniques d’une valeur d’au moins 2,6 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) ont fini en Russie au cours des sept premiers mois de la guerre. Sur ce montant, au moins 777 millions de dollars (714 millions d’euros) de composants peuvent être liés à des entreprises occidentales. Il s’agit notamment de pièces provenant de sociétés technologiques américaines telles qu’Intel, Advanced Micro Devices (AMD) et Texas Instruments, ainsi que de produits de la société allemande Infineon.

Lorsque les pays occidentaux ont imposé des sanctions, ils espéraient enrayer la production d’armement russe à court terme. “Jusqu’à présent, cet espoir ne s’est pas réalisé”, déclare András Rácz, expert de la Russie au Conseil allemand des relations étrangères (DGAP). “La Russie reçoit toujours des microprocesseurs et des semi-conducteurs via des pays tiers”, explique-t-il à RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND).

Depuis l’été dernier, la Russie importe également beaucoup plus de composants en provenance d’Inde et de Chine. Selon RND, plusieurs compagnies aériennes chinoises, dont Air China et China Eastern Airlines, ont d’ailleurs converti des avions de ligne en avions cargo.

Hong Kong, à son tour, semble être devenu le nouveau refuge des entreprises russes qui ne peuvent plus faire des affaires ailleurs en raison des sanctions. De nombreux Russes vivant aux États-Unis ou en Europe y ont créé de fausses sociétés pour faire entrer des composants électroniques en Russie à l’aide de documents falsifiés via l’Asie.

Mais il existe une autre manière dont l’électronique occidentale s’introduit dans les systèmes d’armement russes. En effet, selon une liste de 600 composants électroniques occidentaux retrouvés dans ces derniers étudiée par le RUSI, beaucoup d’entre eux semblent être des composants communs utilisés dans les appareils ménagers et ne sont donc pas concernés par les sanctions. Parmi eux: les GSM et les ordinateurs portables. Ceux-ci n'ont pas été visés par les sanctions afin que les Russes puissent continuer à s'informer hors des médias d’État.

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