“Maman, je vais mourir”: des images poignantes montrent la souffrance des Ukrainiens mutilés
“Un témoignage brut de la cruauté de cette fichue guerre.” C’est ainsi qu’Emilio Morenatti, photojournaliste espagnol et lauréat du prestigieux prix Pulitzer, qualifie les images poignantes qu’il a prises dans certains hôpitaux ukrainiens ces dernières semaines. Elles montrent des civils mutilés, qui ont perdu des membres de leur corps et vu leur vie détruite en une seconde à peine par la violence de la guerre.
Emilio Morenatti sait de quoi il parle. Il a lui-même perdu sa jambe gauche en 2009 alors qu’il effectuait un reportage sur la guerre en Afghanistan. “Je ne suis plus intéressé par les reportages de guerre depuis le front, mais plutôt depuis l’arrière des lignes de front. La seule chose qui reste là-bas est un témoignage brut de la cruauté de cette fichue guerre”, a-t-il déclaré à l’agence de presse AP, pour laquelle il travaille depuis des années.
Olena Viter, 45 ans
Le 14 mars dernier, Rozvazhiv, le village où Olena Viter vivait avec son mari Volodymyr et son fils Ivan a été bombardé. L’explosion qui a emporté sa jambe gauche a également pris la vie de son fils. Son mari l’a enterré avec un autre garçon qui a perdu la vie. Dans leur jardin, car les combats incessants les empêchaient d’atteindre le cimetière.
Olena et une vingtaine d’autres personnes ont été blessées. Lorsqu’elle a appris que son fils faisait partie des cinq morts, elle a supplié son voisin de prendre son arme et de l’abattre. Mais son mari l’a convaincue de rester avec lui car il ne pouvait pas vivre sans elle.
Aujourd’hui, elle ne pleure pas seulement son fils, mais aussi la perte de sa jambe, qui a été enlevée juste en dessous du genou. “Chaque jour, je ressens une nouvelle forme de douleur”, témoigne-t-elle. “Je ne m’accepte pas non plus telle que je suis maintenant. J’aimais la danse et le sport. Je ne peux pas imaginer ce que ce sera de marcher à nouveau.”
Yana et Natasha Stepanenko, 11 et 43 ans
Le ciel était d’un bleu parfait le jour où Natasha Stepanenko et sa fille Yana ont été blessées dans une attaque à la roquette à la gare de Kramatorsk. Avec Yarik, le frère jumeau de Yana, ils s’étaient rendus dans cette ville de l’est de l’Ukraine le 8 avril pour prendre un train d’évacuation.
Yarik est resté à la gare à attendre avec leurs valises, tandis que Yana et leur mère sont sorties acheter du thé. Natasha se souvient que tout est devenu sombre et silencieux. Elle est tombée et n’a pas pu se relever. Quand elle a regardé autour d’elle, elle a vu sa fille. Son pantalon pendait là où ses pieds auraient dû être. Il y avait du sang partout. “Maman, je vais mourir”, a-t-elle crié désespérément.
Yana a perdu ses deux jambes, l’une juste au-dessus de la cheville et l’autre au niveau du tibia. Natasha a perdu une jambe juste en dessous du genou. Yarik est indemne et conduit maintenant sa sœur en fauteuil roulant à l’hôpital. Cette dernière veut sortir du lit le plus vite possible et attend avec impatience ses prothèses pour pouvoir marcher à nouveau.
Sasha Horokhivskyi, 38 ans
Alexander “Sasha” Horokhivskyi a été blessé au mollet par l’une de ses propres troupes. Ces derniers l’ont pris pour un espion après qu’il soit sorti d’un abri antiaérien et qu’il ait pris des photos près de son domicile dans la ville de Bobrovytsia, près de Tchernihiv. Il a été interrogé pendant une heure et demie avant d’être emmené dans un hôpital.
Deux semaines plus tard, le 4 avril, sa jambe gauche a été amputée dans un hôpital de Kiev. Il ne l’a découvert lui-même qu’à son réveil, après l’opération. “Comment ont-ils pu oser faire ça sans ma permission?” Il ne se souvient pas bien de cette période, à cause de la douleur et des médicaments. “Mais j’ai beaucoup juré”.
Le joueur de tennis de table se demande s’il pourra un jour refaire du sport ou voyager.
Nastia Kuzik, 21 ans
Le foyer de Tchernihiv où Nastia Kuzik était hébergée avec ses parents, son frère et 120 autres personnes était sans électricité ni eau depuis deux ou trois jours. Avec son frère, elle a décidé d’aller chez lui pour un moment. Sur le chemin du retour, elle a soudainement entendu un sifflement. Elle a immédiatement commencé à courir et se trouvait à peine à quelques mètres de l’entrée du refuge lorsqu’elle a été projetée au sol.
Alors qu’elle perdait de temps en temps connaissance, les médecins ont essayé de sauver sa jambe. Ils n’ont pas réussi. Sa jambe droite a dû être coupée juste en dessous du genou. Son autre jambe était gravement cassée. “Je n’ai jamais pensé que cela m’arriverait”, sanglote-t-elle. “Mais j’essaie de l’accepter. Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?”
Début mai, elle a été emmenée dans un centre de réhabilitation spécial à Leipzig, en Allemagne. Elle a toujours rêvé d’y étudier. Pas de cette façon, mais elle fait de son mieux.
Anton Gladun, 22 ans
Lidiya Gladun était sans nouvelles de son fils Anton depuis trois semaines. Anton était un médecin militaire sur la ligne de front dans l’est de l’Ukraine. Jusqu’à ce que quelqu’un partage avec elle une publication sur Facebook d’une infirmière d’un hôpital de Kharkiv. Un certain Anton Gladun y a été admis.
Quand il s’est senti un peu mieux, le jeune homme a appelé sa mère. Il pense avoir été touché par une bombe à fragmentation lorsque son unité s’est retirée le 27 mars. Il a perdu ses deux jambes et son bras gauche. Son bras droit a été blessé. Il est resté dans le coma pendant plusieurs jours. Quand il est revenu à lui, il a souri. “Comme si tout allait bien. Je pensais que la chose la plus importante était que je sois encore en vie”, dit-il.
Puis sont venus les cauchemars et les terribles hallucinations. Heureusement, avec l’aide d’un psychologue, il s’est rétabli. Lui aussi a hâte de recevoir des prothèses et de pouvoir marcher à nouveau. Sa carrière dans l’armée est probablement terminée, mais il aimerait maintenant étudier les technologies de l’information.
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