Nous sommes impuissants face à une bombe nucléaire russe (mais le risque d'une attaque contre la Belgique est très faible)
La Belgique, avec son siège de l’OTAN, peut-elle se défendre contre les bombes nucléaires russes? “Il est totalement illusoire de penser qu’un bouclier antimissile puisse arrêter une bombe nucléaire”, déclare Tom Sauer, professeur de sécurité internationale (UAntwerpen). L’ancien colonel et spécialiste de la défense Roger Housen partage cet avis, mais fait une observation importante qui apporte une certaine tranquillité d’esprit.
RédactionSource:Het Laatste Nieuws
“La Belgique ne dispose pas de son propre système de défense aérienne contre les armes nucléaires”, précise d’emblée Roger Housen dans Het Laatste Nieuws. “Pendant la guerre froide, notre pays faisait partie du NATINAD, la défense aérienne intégrée de l’OTAN, une ceinture de missiles anti-aériens déployée dans tous les pays de l’OTAN le long du rideau de fer. Notre pays avait des missiles anti-aériens Hawk. Le NATINAD avait pour but d’éliminer les missiles et les avions en approche. À la fin de la guerre froide, tout le système a été démantelé et la Belgique n’y a plus participé depuis”, dit-il. “D’autres pays ont encore des systèmes de défense. L’Allemagne et les Pays-Bas, par exemple, disposent des systèmes mobiles de défense aérienne Patriot, devenus célèbres lors de la première guerre du Golfe, mais qui ont évidemment été fortement modernisés entre-temps.”
“D’autres éléments ont remplacé ce système, mais cela ne peut pas être comparé à la ceinture ininterrompue d’antan. L’OTAN a mis en place le système antimissile balistique (ABM), à la fois en mer à bord de frégates et sur terre. “Les premiers systèmes de défense aérienne, Aegis, ont été placés il y a quelques années dans le sud-est de l’Europe, y compris en Roumanie”, explique M. Housen. “Mais comme on l’a dit, ce n’est plus une ceinture ininterrompue, il y a pas mal de trous dans celle-ci. D’autres pays qui ne sont pas membres de l’OTAN, comme la Suède, disposent de leurs propres défenses anti-aériennes contre les avions ennemis et les missiles entrants. Mais les systèmes sont inutiles pour les missiles balistiques intercontinentaux entrants, des missiles qui traversent l’atmosphère. À l’avenir, le système ABM devrait permettre de se défendre contre cela aussi, mais cela prendra quelques années.
Nous n'avons qu'une protection très limitée contre les tirs d'armes nucléaires. Lorsqu'ils sont largués par avion, nous disposons de certains moyens de protection, mais ils ne sont pas non plus infaillibles
Roger Housen
“De plus, nous sommes déjà à l’étape suivante avec les armes hypersoniques. Ce sont des armes qui volent cinq à six fois - et certaines même plus - plus vite que le son. Vous pouvez accrocher des armes conventionnelles et des bombes nucléaires sur ces missiles. La question est de savoir si ce futur système ABM sera également capable de neutraliser les armes hypersoniques. En fait, nous n’avons qu’une protection très limitée contre les tirs d’armes nucléaires. Lorsqu’ils sont largués par avion, nous disposons de certains moyens de protection, mais ils ne sont pas non plus infaillibles.”
La technologie n'est absolument pas encore prête, une bombe nucléaire vole beaucoup trop vite, environ 7 kilomètres par seconde.
Tom Sauer
Tom Sauer, professeur de sécurité internationale (Université d’Anvers), estime qu’il est totalement illusoire de penser qu’un tel bouclier antimissile pourrait arrêter une bombe nucléaire. “La technologie n’est absolument pas encore prête pour cela”, dit-il. “Une bombe nucléaire vole beaucoup trop vite : 7 kilomètres par seconde. De plus, une telle bombe est accompagnée de plusieurs leurres, des matériaux qui volent à la même vitesse devant et à côté de la bombe. La technologie est loin d’être assez rapide pour retirer ces leurres de l’air et déterminer exactement la nature de la bombe. Conclusion : un tel système intercontinental ne fonctionne pas. Seul un système à plus petite échelle comme celui d’Israël, le fameux Dôme, fonctionne.”
Mais quelles sont les chances que la Russie tire un missile nucléaire sur le siège de l’OTAN à Bruxelles? Selon Tom Sauer, ce n’est pas totalement impensable, mais Housen tempère. “L’OTAN comme cible? Cette hypothèse suppose la première utilisation d’armes nucléaires par les Russes, mais elle est en totale contradiction avec la doctrine russe de désarmement stratégique”, dit-il. Les Russes n’ont pas du tout l’intention de recourir à une “première utilisation”, à moins que la survie de l’État russe ne soit menacée. En d’autres termes, ce n’est que lorsqu’il y aura une attaque sur Moscou, sur le Kremlin, que la Russie utilisera des armes nucléaires. C’est ce que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répété il y a deux jours. Dans toutes les conversations informelles que j’ai eues avec des responsables politiques russes, le même message revient toujours : notre stratégie consiste à n’utiliser les armes nucléaires que lorsque l’avenir de la Russie est en jeu.”
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