Obama renvoie Biden en Europe

Le président Barack Obama dépêche à nouveau son vice-président Joe Biden en Europe pour continuer d'intenses consultations avec les alliés des Etats-Unis et rapprocher encore le moment de la décision très attendue sur une nouvelle stratégie en Afghanistan.

M. Biden part lundi pour l'Europe pour la deuxième fois en un mois. Il marchera sur les pas de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, qui y était cette semaine. Elle et lui y ont beaucoup parlé d'Afghanistan, et c'est ce que M. Biden a l'intention de faire à nouveau mardi à Bruxelles.

M. Biden rencontrera mardi le Conseil de l'Atlantique nord, l'organe de décision politique de l'OTAN, composé des ambassadeurs des 26 des Etats membres. Il aura aussi des entretiens avec le secrétaire général de l'Alliance, Jaap de Hoop Scheffer, des hauts responsables de l'Union européenne.

Dans l'après-midi, il rencontrera le Premier ministre belge Herman Van Rompuy et son ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht. M. Biden va recueillir à nouveau la contribution des alliés des Etats-Unis au grand réexamen de la stratégie que Barack Obama a ordonnée sitôt installé à la Maison Blanche, pour l'Afghanistan mais aussi le Pakistan voisin, et qui a accaparé une grande part de l'activité diplomatique de la toute jeune administration.

M. Obama, adversaire de la première heure de la guerre engagée par son prédécesseur George W. Bush en Irak, estime que les Etats-Unis se sont détournés pendant des années de l'essentiel. Il a annoncé coup sur coup en février l'envoi de 17.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan d'ici à août 2009 et le retrait du gros des troupes d'Irak d'ici à août 2010.

Il doit à présent dire s'il envoie davantage de renforts en Afghanistan, comme le lui a demandé son commandement sur le terrain. L'annonce d'une nouvelle stratégie peut lui donner l'occasion de le faire. M. Obama a indiqué mardi qu'il trancherait avant le sommet de l'OTAN prévu les 3 et 4 avril à Strasbourg (France) et Kehl (Allemagne), de part et d'autre du Rhin.

Il recevait ce jour-là le Premier ministre britannique Gordon Brown après avoir rendu visite au Premier ministre canadien Stephen Harper et il s'est personnellement engagé avec eux dans l'effort diplomatique en cours. Ni M. Obama ni Mme Clinton n'ont officiellement poussé aucun de ses interlocuteurs à dépêcher davantage de soldats en Afghanistan malgré la recrudescence de violences redoutée avec le printemps et avec l'élection présidentielle qui doit avoir lieu cette année.

"Je suis absolument convaincu que vous ne pouvez pas régler le problème de l'Afghanistan, des talibans, de la propagation de l'extrémisme dans cette région seulement par des moyens militaires", a dit M. Obama.

Ainsi, les Etats-Unis attendent plus de leurs partenaires en contrepartie du redoublement de l'effort militaire, selon le secrétaire (ministre) à la Défense, Robert Gates, mais pas seulement en termes de troupes supplémentaires. "Les Etats-Unis voient bien que tous nos alliés ne peuvent pas envoyer plus de soldats, mais nous apprécions d'autres formes d'assistance", a expliqué un haut responsable de l'administration.

M. Biden se rend à Bruxelles pour répéter ce qu'il a dit à Munich (sud de l'Allemagne) en février, à savoir qu'il "ne suffit pas de critiquer l'approche américaine; si vous n'aimez la politique américaine (...) nous voulons entendre vos idées sur ce que nous devrions faire en Afghanistan, et pas seulement des critiques".

Si M. Biden se rend en Europe dans la foulée de Mme Clinton, c'est pour montrer "que cette idée de consultation n'est pas que paroles en l'air, que c'est vraiment ce que nous voulons, mais qu'en retour nous attendons des idées et une assistance concrètes", a-t-il dit. (afp/chds)