“On est dans une escalade qu'il faut arrêter de toute urgence avant que cela ne dégénère”, affirme l’expert Faroek Özgünes

Ces dernières années, la France a été prise pour cible par la violence djihadiste à plusieurs reprises. À Nice, en 2016, 86 personnes ont été tuées lors d'une attaque terroriste au camion-bélier sur la promenade des Anglais. 

Plus récemment, le meurtre du professeur de français Samuel Paty au début de ce mois a provoqué l’émoi en France. Le professeur avait montré des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression et a ensuite été décapité par un extrémiste musulman. Après ce meurtre, le président français Emmanuel Macron s’est prononcé avec véhémence contre l’extrémisme islamique. Il a également défendu la publication des caricatures de Mahomet.

Ses déclarations ont provoqué la colère de certains pays islamiques. Par exemple, le Premier ministre du Pakistan a accusé Macron d’encourager l’islamophobie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé au boycott des produits français et le président iranien Hassan Rohani a averti que l’insulte du prophète Mahomet pouvait “susciter la violence”. Au Bangladesh, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester contre les déclarations de Macron.

Et puis aujourd’hui, un horrible massacre a eu lieu dans une église du centre de Nice. 

“Il y a eu le meurtre du professeur Samuel Paty et la réaction du président Macron, qui a été très dure envers les extrémistes musulmans”, explique Faruk Özgünes, journaliste de VTM, dans une interview accordée à HLN. “La Turquie s’est offusquée de cette situation et se place en défenseur de l’Islam. Cette semaine, Charlie Hebdo a publié une caricature insultante d’Erdogan en couverture...”

“Maintenant, il y a des individus qui se sentent appelés à commettre des actes terroristes et à attaquer des gens, comme ce matin à Nice”, explique l’expert en terrorisme. Il y a également eu un incident à Avignon, environ deux heures plus tard, au cours duquel la police a tiré sur un homme qui menaçait les passants. 

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“On a le sentiment qu’il y a une escalade”, ajoute Özgünes. “D’un côté, vous avez la France, qui insiste très fortement sur sa liberté d’expression - même si c’est par le biais de caricatures. D’autre part, vous avez le monde musulman qui se sent insulté.”

“Il est clair que Macron ne fait pas grand-chose pour apaiser l’ambiance, au contraire. Il prend des positions très fortes, ce qui provoque encore plus de réactions de la part des autres pays. On est donc dans une escalade qu’il faut arrêter de toute urgence avant que cela ne dégénère.”

Özgünes ne pense pas que nous ayons affaire ici à une organisation terroriste du genre État islamique (Daesh) ou Al-Qaïda. “Il s’agit de ce qu’on appelle les ‘loups solitaires’, c’est-à-dire des personnes qui ne sont pas du tout dirigées par une organisation, mais qui ont certaines convictions et commettent un attentat terroriste à partir de là. Ils se présentent comme des défenseurs de leurs croyances.”

“Le seul lien qu’on peut faire ici, c’est le comportement d’imitateur. Après le meurtre de Samuel Paty, qui a fait beaucoup de bruit, vous voyez que certains se sentent appelés à faire de même.”