“Papa est mort!”: une famille disloquée raconte sa douleur au procès des attentats de Paris
Nicolas est mort assassiné au Bataclan. Il avait 43 ans. Jeudi, au procès des attentats du 13-Novembre, sa famille recomposée est venue témoigner, unie dans la douleur par la perte d’un fils, d’un père et d’un compagnon.
Caroline, sa dernière compagne, Delphine, la mère de deux de ses enfants, ses fils Nino et Marius, Jocelyne sa mère, Daniel, son père, et Corinne, mère de son fils cadet, ont dit comment une vie volée fracasse la vie de tant d’autres.
En quelques minutes, entre deux sanglots, la cour d’assises spéciale a eu la sensation de retrouver “Nico”, de partager sa joie de vivre, son amour pour la musique.
Mais Nicolas est mort. “Je n’ai revu Nicolas que derrière une vitre de l’Institut médico-légal” (IML), raconte Caroline qui elle-même fut blessée au bras par une balle de kalachnikov et porte comme un fardeau d’avoir “dû laisser Nicolas seul dans cette horreur”.
“Fossiles d’une vie heureuse”
Il y aura le retour à la maison... seule. “Le traumatisme, c’est de retrouver sur la table les restes d’une soirée passée ensemble, le 12 novembre, les verres et les assiettes que nous avions eu la flemme de ranger”, dit-elle sans flancher. “Comme les fossiles d’une vie simple et heureuse”.
Caroline, âgée aujourd’hui de 37 ans, a appris la mort de son compagnon alors qu’elle était conduite au bloc opératoire. C’est un coup de téléphone qui a averti Jocelyne de la mort de son fils. “J’ai appris le décès de Nicolas dans le tramway. J’avais envie de crier, de me rouler par terre, mais il y avait plein de monde”, s’excuse-t-elle presque.
Jocelyne restera longtemps dans le “déni”. “Il était tellement vivant que je ne voulais pas le voir mort. Je n’ai pas voulu voir le corps de mon fils, ni à l’IML, ni avant la mise en bière”. Elle s’interrompt, soutenue par ses deux petits-fils, avant de lâcher dans un sanglot: “maintenant, il repose dans 2m2 au Père Lachaise”.
Nino et Marius se souviennent du cri affreux de leur mère Delphine. “Papa est mort! Papa est mort!”.
Nino, qui avait 15 ans à l’époque, se souvient du dernier SMS envoyé à son père le soir du 13-Novembre: “Coucou papa, tu as vu ce qu’il se passe”. Un silence et Nino d’une voix blanche précise: “Il ne m’a jamais répondu”.
“Une vie broyée”
Corinne, journaliste, a elle aussi envoyé un SMS resté sans réponse à Nicolas le soir du 13-Novembre. Vu l’actualité, elle lui demandait s’il pouvait garder leur fils alors âgé de six ans.
Ensuite, et encore aujourd’hui, ce seront pour tous les interminables crises d’angoisse, les cauchemars, les hospitalisations en psychiatrie, les antidépresseurs...
Delphine, la mère de Nino et Marius, résume: “Depuis nous sommes contraints de réparer les vivants et d’apaiser les douleurs”.
Caroline raconte l’impossibilité “de sortir ou faire ses courses seule, de prendre le métro, de reprendre le travail”.
“J’ai été broyée pendant plusieurs mois”, dit Corinne.
“Un attentat est une onde de choc dont les vagues viennent vous heurter, longtemps après”, analyse Caroline qui reconnait que seules “la colère et la haine” lui ont permis “de tenir debout”.
“Elles ont été ma boussole, elles ont été des étapes nécessaires dans ma reconstruction”.
Même si elle se dit aujourd’hui “apaisée”, on sent cette colère poindre quand elle décrit l’attaque au Bataclan.
“Les terroristes visent, tirent. Ils visent, ils tirent méthodiquement sur les gens dans la fosse. Jamais je n’oublierai cette désinvolture, cette posture. Leur visage est calme, détendu et satisfait. C’est le visage de la banalisation du mal. Ces hommes ressemblent à des chasseurs et nous sommes le gibier”, raconte-t-elle.
Quand elle évoque “les gémissements” de Nicolas, mortellement blessé, un cri résonne dans la salle d’audience. C’est le cri déchirant de Marius, 17 ans aujourd’hui, qui doit quitter la salle en larmes accompagné par une psychologue.
Quand arrivera son tour de témoigner, Marius évoquera “sa solitude, sa colère et sa haine”.
Un accusé, Farid Kharkhach, à qui il est reproché d’avoir fourni de faux papiers aux assaillants, demande la parole. “Ces témoignages sont bouleversants. Ils me font saigner le coeur. Voir des enfants aujourd’hui... Je veux préciser qu’on est contre cette idéologie, je ne suis pas un terroriste”, dit-il. Les autres accusés se taisent.
LIRE AUSSI
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.Aussi dans l'actualité
-
Livios
Travaux de jardinage: « En mars, c’est le moment de semer mais gare aux risques de gel »
En mars, c’est le retour du printemps: le top départ pour de nombreux jardiniers amateurs. Mais le risque de gel est encore possible et peut causer beaucoup de dégâts. Le site de la construction Livios a demandé à Bart Verelst, expert jardinier, les choses à faire et celles à éviter dans le jardin en mars. -
Independer
La mini omnium est un tiers moins chère que la full omnium : mais quelle formule choisir pour une voiture d'occasion ?
L’assurance omnium est un must, et pas que pour une voiture flambant neuve. Même si vous achetez une voiture d’occasion, l’assurance omnium vous assurera une certaine tranquillité d’esprit. Mais faut-il opter pour une full omnium ou pour la « petite » variante ? Independer.be passe en revue les différentes options et vous conseille. -
L’effroyable culpabilité des rescapés du Bataclan: “Je fais des cauchemars de ça tous les soirs”
Il ne faut pas raconter à Tom, venu témoigner lundi au procès du 13-Novembre, qu'il est un héros même s'il a sauvé quatre personnes au Bataclan. Six ans après les attentats, il demeure hanté par un cauchemar: son face-à-face avec la personne qu'il n'a pas sauvée. -
“Lève-toi, sinon je te tire une balle dans la tête”: le récit poignant d'un rescapé du Bataclan qui a été mis en joue par un terroriste
Debout sur la scène, les mains en l'air, il était tenu en joue par un assaillant quand deux policiers sont entrés au Bataclan. Au procès des attentats du 13-Novembre, Guillaume a raconté mardi le "regard" qu'il a échangé avec un djihadiste. "J'ai été sauvé in extremis par ces deux hommes. Sans eux, je ne serais probablement pas ici". -
Mise à jour
Les victimes des attentats du 13 novembre à la barre: “Je garde en moi l’explosion, le bruit et l’odeur”
“Un choc” énorme: les premières victimes des attentats du 13 novembre 2015 en France ont commencé à témoigner mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris, racontant leurs traumatismes six ans après cette nuit d'horreur.
-
Au procès du 13-Novembre: se battre “pour garder de l’amour et de la joie”
Mesurer la “chance d’être là”: au procès des attentats du 13-Novembre, des rescapés de la fusillade au restaurant Petit Cambodge, gravement blessés par des armes de guerre, ont raconté jeudi leur combat du “côté de la vie”. -
Independer
Voici les cinq réparations mécaniques les plus coûteuses et comment vous prémunir contre elles
Faire réparer sa voiture après un accident, cela peut engendrer des frais qui pèsent lourd sur votre portefeuille. Quelles sont les réparations les plus onéreuses ? Et pourquoi/quand est-ce que l’assurance full omnium peut s’avérer utile ? Independer.be vous l’explique. -
“Est-ce que tu es mort?”: le témoignage bouleversant des rescapés des attentats du 13 novembre
"Est-ce que tu es mort?"... La voix de Juliette s'étrangle dans un sanglot. Au procès des attentats du 13 novembre 2015 en France, les témoignages de proches des victimes et de rescapés de l'attaque d'un des bars visés ont bouleversé vendredi la cour d'assises.