Pollution de l'air: l'État français condamné à payer 10 millions d'euros
L’État français a été condamné mercredi à payer 10 millions d’euros pour ne pas avoir renforcé suffisamment son dispositif contre la pollution de l’air, une somme record pour une décision qualifiée à l’avance d’”historique” par les ONG.
La somme, la plus élevée jamais imposée pour contraindre l’État à appliquer une décision de la justice administrative, reflète le manquement répété des gouvernements successifs à exécuter entièrement les injonctions de la plus haute juridiction administrative française.
La première décision dans cette affaire, emblématique d’un fléau qui fait 40.000 morts par an en France, remonte à juillet 2017.
Le Conseil d’État avait alors enjoint l’État de mettre en œuvre des plans de réduction des niveaux de particules PM10 (diamètre inférieur ou égal à 10 microns) et/ou de dioxyde d’azote (NO2, notamment associé au trafic routier) dans treize zones.
Mais trois ans plus tard, malgré les feuilles de route adoptées, la justice constatait des valeurs toujours dépassées pour 8 d’entre elles, et donnait six mois à l’État pour durcir ses mesures.
Une amélioration, mais pas suffisante
Fin janvier 2021, le Conseil d’État a lancé une analyse pour évaluer les nouvelles politiques, notamment la généralisation prévue des zones à faibles émissions limitant la circulation dans les grandes villes, mise en avant par l’État.
Mais si les juges constatent bien une amélioration dans plusieurs des zones concernées, ils pointent du doigt un dépassement des seuils limites de pollution ou un retour “non consolidé” sous ces seuils dans cinq agglomérations pour le NO2 (Paris, Lyon, Marseille-Aix, Toulouse et Grenoble) et à Paris pour les PM10.
“L’État ne peut être regardé comme ayant pris des mesures suffisantes propres à assurer l’exécution complète des décisions” de 2017 et 2020, estiment-ils.
“Si l’ensemble des mesures mises en avant par la ministre (de la Transition écologique) devraient avoir pour effet de poursuivre l’amélioration de la situation constatée à ce jour, les incertitudes entourant l’adoption ou les conditions de mise en œuvre de certaines d’entre elles ainsi que l’absence d’évaluation fiable de leurs effets dans les zones concernées ne permettent pas, en l’état de l’instruction, de considérer qu’elles seront de nature à mettre un terme aux dépassements encore constatés ou de consolider la situation de non-dépassement”, insiste la décision.
Renouvelable
Cette somme de 10 millions d’euros concerne le premier semestre 2021.
Le Conseil d’État réexaminera début 2022 les actions du gouvernement pour le second semestre et pourra “à nouveau ordonner le paiement d’une nouvelle astreinte de 10 millions d’euros, qui pourra éventuellement être majorée ou minorée”, a précisé dans un communiqué la plus haute juridiction administrative française, de plus en plus active en matière environnementale.
Dès les recommandations du rapporteur public mi-juillet, qui avait demandé la même somme, les ONG requérantes avaient parié sur une décision “historique”.
“Si le Conseil d’État suit les conclusions du rapporteur public, cette astreinte sera historique et renforcera le rôle clé joué par la justice administrative dans la lutte contre le changement climatique”, avaient alors déclaré les Amis de la Terre, à l’origine de cette action, et Greenpeace.
À qui ira l’argent?
En général les astreintes sont versées au budget de l’État, mais l’État étant lui-même le débiteur dans cette affaire, les juges ont innové en matière de bénéficiaires.
Le Conseil d’État a ainsi attribué 100.000 euros aux Amis de la Terre.
Le reste est divisé entre plusieurs organismes publics engagés dans la lutte contre la pollution de l’air (Ademe, Cerema, Anses, Ineris) et quatre associations régionales de surveillance de la qualité de l’air.
Alors que certains requérants réclamaient la mise en place d’un fonds spécifique pouvant financer des projets dédiés à la lutte contre la pollution de l’air, les ONG s’inquiètent que l’État réduise ensuite d’autant le budget de ces organismes.
Faire plus pour la planète
Cette condamnation fait suite à une autre décision “historique” du Conseil d’État, reflétant la multiplication des actions en justice à travers le monde pour demander aux États et aux entreprises à en faire plus pour protéger la planète.
Le 1er juillet, les juges ont ainsi donné à l’État neuf mois pour prendre des mesures supplémentaires contre le réchauffement. À l’issue de cette période, s’ils estimaient que les mesures sont toujours insuffisantes, ils pourraient là aussi imposer une astreinte financière.
LIRE AUSSI
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.Aussi dans l'actualité
-
Une vague de chaleur provoque une fonte "massive" des glaces au Groenland
Une vague de chaleur au Groenland, avec des températures plus de 10 degrés supérieures aux normales saisonnières, a provoqué cette semaine un épisode de fonte “massive” de la calotte glaciaire groenlandaise, ont averti des glaciologues. -
Le Parlement britannique interdit à son tour TikTok sur ses appareils
Le Parlement britannique a annoncé jeudi l’interdiction du réseau social TikTok de tous ses appareils et de son réseau, emboîtant le pas à une mesure prise par le gouvernement britannique sur fond d’inquiétudes pour la cybersécurité. -
Independer
La mini omnium est un tiers moins chère que la full omnium : mais quelle formule choisir pour une voiture d'occasion ?
L’assurance omnium est un must, et pas que pour une voiture flambant neuve. Même si vous achetez une voiture d’occasion, l’assurance omnium vous assurera une certaine tranquillité d’esprit. Mais faut-il opter pour une full omnium ou pour la « petite » variante ? Independer.be passe en revue les différentes options et vous conseille. -
Faut-il tenir compte du changement climatique dans la décision d'avoir ou non des enfants?
La décision d’avoir ou non des enfants nous oblige à faire le point sur nos finances, notre situation de vie, nos projets de carrière, etc. Et depuis quelques années, une autre question se pose, alimentée par la crise climatique qui se profile: quel est l’impact des enfants sur la planète? -
Zelenky demande aux Européens des missiles et des avions de combats
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié jeudi les Européens pour leur aide militaire mais averti que les préventions sur la fourniture de missiles à longue portée et d’avions de combat risquaient de prolonger la guerre.
-
Guide-epargne.be
Un prêt hypothécaire ou prêt rénovation coûte plus cher que vous ne le pensez: tenez compte des frais supplémentaires suivants
Emprunter coûte de l’argent. Vous avez probablement déjà rencontré cette phrase plusieurs fois. Elle doit être reprise dans toute publicité pour des prêts. Toutefois, emprunter coûte souvent plus cher que vous ne le pensez. De nombreux frais supplémentaires peuvent y être liés. Ci-dessous, Guide-epargne.be vous fournit un aperçu. -
Monenergie.be
Quel est l'endroit le plus avantageux pour recharger votre voiture électrique?
De plus en plus de véhicules électriques circulent dans nos rues. Ceux qui veulent recharger leur voiture disposent de plusieurs options. Monenergie.be a vérifié où vous devez payer le moins pour recharger entièrement votre batterie. -
L’effondrement de notre civilisation est en marche
En 1972, un rapport scientifique du MIT, la prestigieuse Massachusetts Institute of Technology, avait prédit un effondrement de notre civilisation vers 2040. Le constat de la situation actuelle semble malheureusement confirmer le scénario, relate le magazine Vice.