Pourquoi le bras de fer entre les syndicats et le gouvernement français sur les retraites pourrait durer
Au lendemain d’une mobilisation record dans la rue contre la réforme des retraites, projet phare du président français Emmanuel Macron, les syndicats préparent deux nouvelles journées d’action, face à un exécutif qui dit “comprendre” la colère des Français sans pour autant céder sur le cœur du projet. Ce bras de fer entre les deux parties pourrait durer. Explications.
Entre 1,2 et 2,5 millions de personnes, selon les estimations, ont manifesté mardi en France, davantage que lors de la première journée de mobilisation le 19 janvier, et que le record historique de 2010, pour protester contre cette réforme des retraites.
Et même si le nombre de grévistes dans les secteurs public et privé était en baisse par rapport au 19 janvier, les huit principaux syndicats se sont félicités de la mobilisation.
Les syndicats à l’unisson
Au cœur de la contestation, le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, une mesure sur laquelle le gouvernement n’entend absolument pas revenir.
“Je ne veux pas partir à 64 ans!”, pouvait-on entendre mardi dans les cortèges, où nombre de manifestants faisaient valoir leur “fatigue” et protestaient contre une réforme “injuste”, notamment pour les femmes.
“On décide et se mobilise ensemble, on a un mot d’ordre commun qui est ‘non aux 64 ans’ et on s’y tiendra. J’entends bien la petite musique ‘ils vont se séparer, ils vont se diviser’ (....) On dit simplement ‘ensemble, on est contre les 64 ans’ et là-dessus il y a une unité”, a lancé le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, cité par BFMTV. “J’appelle le gouvernement à arrêter d’être droits dans vos bottes, discutons et entendez que cette mesure d’âge, elle n’est pas du tout acceptée, elle est rejetée”, a exhorté le leader syndical.
Le patron de l’autre grand syndicat CGT, Philippe Martinez, a de son côté mis en garde contre un durcissement du mouvement et des grèves reconductibles, accusant l’exécutif français de “jouer le bras de fer”.
Malgré quelques désaccords sur la façon de se mobiliser parmi les syndicats (certains plaidaient pour des journées d’actions rapprochées et d’autres voulaient une mobilisation le week-end), un compromis a été trouvé et de nouvelles dates de manifestations ont été annoncées les 7 et 11 février. “On accentue cette mobilisation” et “on donne la possibilité (...) à des gens qui ne peuvent pas toujours manifester en semaine de venir exprimer leur mécontentement”, a expliqué M. Berger.
Ces journées de grève et de manifestation coïncideront avec un mouvement social chez les raffineurs, appelés à faire grève pour 72 heures à partir du 6 février. Deux syndicats ont également proposé une grève les 7 et 8 février dans le secteur ferroviaire.
“Respect”
Interviewé sur France Inter mercredi, le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal a adopté une posture d’ouverture, faisant part de son “respect” pour “les Français qui prennent de leur temps, une journée pour faire valoir leurs convictions” - une manière de corriger le tir, après avoir appelé la veille les syndicats à se mobiliser “en respectant les Français qui travaillent”.
“Évidemment il faut non seulement entendre mais comprendre le message qui est passé à l’occasion de ces mobilisations (...) il y a des inquiétudes, il y a des doutes, évidemment qu’on les écoute”, a-t-il dit, comme en écho à la Première ministre, qui avait affirmé mardi soir entendre les “interrogations” et les “doutes” suscités par la réforme.
Pour autant, Mme Borne a assuré ne pas vouloir dévier de son “cap”, quelques jours après avoir affirmé que les 64 ans n’étaient “pas négociables”. “L’alternative à ce que nous proposons, qui est proposé par les oppositions, c’est une augmentation massive des impôts pour payer les retraites”, a fustigé M. Attal.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a lui aussi adopté un ton conciliant mais ferme, sur France 2: “la mobilisation est très importante, ça doit nous amener à toujours essayer de discuter, à convaincre, à le faire avec humilité”, a-t-il affirmé, tout en défendant une réforme “nécessaire, parce que le système ne tient pas aujourd’hui”.
Les yeux rivés sur le Parlement
Du côté des syndicats comme du gouvernement, l’attention est désormais tournée vers le Parlement, où le projet a commencé d’être examiné lundi en commission à l’Assemblée nationale.
Des milliers d’amendements ont été déposés, principalement par l’opposition de gauche Nupes, mais n’ont aucune chance d’être tous examinés d’ici mercredi soir, date butoir avant l’examen en séance plénière à partir de lundi et pour deux semaines. Les sénateurs débâteront ensuite du texte à partir du lundi 27 février et jusqu’au 12 mars.
Une fois la réforme adoptée par la chambre haute, députés et sénateurs tenteront de s’accorder en commission mixte paritaire. Sénat et Assemblée nationale devront donc valider par un ultime vote le texte qui en sortira, avant le 26 mars dernier délai.
Scepticisme de commentateurs
La stratégie du gouvernement de passer sa réforme au pas de charge suscite le scepticisme de commentateurs.
“À moins de tout arrêter pour se mettre vraiment à négocier tous les aspects de la réforme, Emmanuel Macron est tout simplement en train de rater son second mandat”, estime dans un éditorial le quotidien de gauche Libération.
À droite, le journal Le Figaro, tout en commentant le caractère “réfractaire” des Français et “l’étrangeté française” vis-à-vis du travail et de la retraite, pointe aussi “les paradoxes politiques” et les contradictions du discours présidentiel et de l’opposition de droite, qui semblait jusqu’ici alliée de la majorité présidentielle, mais qui paraît désormais traversée de doutes.
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