Pourquoi les chiens de Tchernobyl intéressent les scientifiques: “Ils sont génétiquement distincts”

REGARDEZ: Pourquoi les chiens de Tchernobyl intéressent les scientifiques

Les scientifiques ont publié dans la revue “Science Advances” une étude portant sur 302 chiens errants qui vivent dans une “zone d’exclusion” autour de Tchernobyl. Ces animaux sont exposés, depuis plusieurs décennies, à des niveaux bas, mais constants, et plus élevés que la moyenne, de radiations. “Nous avions cette occasion en or de jeter les bases pour répondre à une question cruciale: comment survivre dans un environnement aussi hostile?”, a déclaré la généticienne Elaine Ostrander à l’agence de presse AP.

Les chercheurs affirment que la plupart des chiens qu’ils étudient descendent des animaux de compagnie que les habitants ont dû laisser derrière eux lorsqu’ils ont évacué la région. L’auteur Tim Mousseau, professeur à l’université de Caroline du Sud, travaille dans la région de Tchernobyl depuis la fin des années 1990 et a commencé à collecter des informations sur les chiens en 2017. Certains de ces chiens vivent dans la centrale, d’autres vivent à 15 kilomètres ou à 45 kilomètres plus loin.

Au début, ils pensaient que les chiens s’étaient tellement mélangés au fil du temps qu’ils se ressemblaient beaucoup. Mais grâce à l’ADN, les auteurs ont comparé leurs génomes à ceux d’autres chiens sauvages dans le monde entier ainsi qu’à des chiens de race domestiqués. Conclusion? “Les chiens de la centrale et de la ville de Tchernobyl sont génétiquement distincts”, peut-on lire. Il est donc facile d’identifier les chiens qui vivent dans des zones à forte, faible et moyenne exposition aux radiations. “C’était une étape importante pour nous”, a déclaré Ostrander. “Et ce qui est surprenant, c’est que nous avons même pu identifier des familles, environ 15 différentes”.

Désormais, les prochaines études se pencheront sur l’évolution afin de caractériser l’impact précis des radiations sur les génomes. Elle permettra d’identifier des “variants génétiques critiques” qui se sont formés pendant près de 40 ans d’exposition à cet environnement contaminé. Un aperçu sera aussi donné de la façon dont les animaux et les humains peuvent vivre aujourd’hui et à l’avenir dans des régions du monde qui sont “constamment soumises à des attaques environnementales ou humaines”.

“La population de chiens de Tchernobyl a un grand potentiel pour documenter les études de gestion des ressources environnementales dans une population résurgente”, écrivent les auteurs en conclusion de l'étude. “Son plus grand potentiel, cependant, réside dans la compréhension des fondements biologiques de la survie des animaux et, en fin de compte, de l’être humain, dans des régions soumises à des agressions environnementales importantes et continues.”

Les chercheurs ont déjà entamé des recherches de suivi, ce qui signifie qu’ils passeront plus de temps avec les chiens sur le site situé à une centaine de kilomètres de Kiev. L’équipe a développé un lien étroit avec certains chiens. “Même s’ils sont sauvages, ils apprécient vraiment l’interaction humaine, surtout lorsqu’il s’agit de nourriture”, a déclaré Tim Mousseau.