"Pourquoi m'avoir laissée brûler?"

Une étudiante franco-sénégalaise, Mama Galledou, grièvement blessée dans l'incendie criminel d'un bus à Marseille il y a un an, a sobrement témoigné ce jeudi au procès des deux jeunes incendiaires présumés, leur demandant pourquoi ils l'avaient "laissée brûler".

Seul le visage de Mama Galledou était filmé et projeté par visioconférence dans la salle d'audience. Elle s'est refusée à tout contact visuel avec les prévenus, qui avaient 15 ans au moment des faits en octobre 2006. Mama Galledou "a témoigné sans mélo pendant une quarantaine de minutes, depuis la bibliothèque du tribunal, où elle était entourée notamment de membres de sa famille. Elle s'est maîtrisée, ne s'est pas effondrée" lors de ce procès à huis clos devant le tribunal des enfants, a déclaré son avocat Me Alain Molla. Elle avait fait le déplacement bien que souffrant toujours de ses blessures. Elle a été brûlée sur 62% du corps, au deuxième et troisième degrés.

Elle leur a réclamé des explications: "Pourquoi ont-ils mis le feu au bus alors qu'il n'était pas encore vide, pourquoi sont-ils partis, pourquoi l'ont-ils laissée brûler?", a résumé Me Molla. Cependant, selon lui, les réponses n'étaient pas à la hauteur des attentes de la jeune femme. "A ses questions, on ne répond pas, on baisse la tête, on dit qu'on a déjà tout dit", a dénoncé Me Molla. "Elle voulait la vérité, savoir comment les événements s'étaient déroulés. Mais les prévenus ont donné l'impression que c'était le fait du hasard".

Pour l'avocat de l'un des jeunes, qui risquent 15 ans de prison, Me Michel Lao, "c'était peut-être au-dessus de leurs forces d'apporter toutes les réponses. Ils ont répété leurs remords, leurs regrets. Ces mots deviennent creux mais peut-être n'ont-ils pas la capacité intellectuelle de s'exprimer autrement".

En mettant le feu à l'autobus, ces deux adolescents et six autres mineurs -qui seront jugés en décembre- voulaient faire parler d'eux dans les médias, qui consacraient alors de nombreux sujets à l'anniversaire des émeutes dans les banlieues françaises un an plus tôt. Ils ont affirmé ne vouloir blesser personne. (afp)