Poussée de la gauche et du FN, déroute pour l'UMP aux cantonales

Le Front national, crédité de près de 15% des voix dimanche au premier tour des élections cantonales, a confirmé la forte poussée dont était gratifiée sa présidente Marine Le Pen dans les derniers sondages pour la présidentielle, avec un maintien face au PS dans une cinquantaine de cantons à 22H30 où il élimine l'UMP.

A 22H00, le FN enregistrait un score de près de 15%, soit près de trois points de plus qu'en 2004, alors que ce type d'élections, dites de "notables", ne lui était a priori pas favorable. Marine Le Pen s'est félicitée d'"une forte poussée" de son parti, doublée d'un "recul assez lourd de l'UMP", et a appelé à "renforcer la vague bleue Marine" au second tour. "Ce n'est plus exclusivement un vote de protestation mais un vote d'adhésion", a-t-elle fit. Le parti frontiste, qui n'a aucun conseiller général sortant, se présentait dans 1.440 circonscriptions sur 2.026 renouvelables, soit 75% des cantons représentant 82% de la population électorale.

En 2004, le FN, présent dans 1.850 cantons sur 2.035 renouvelables, avait obtenu 12,13% des suffrages au premier tour, 4,84% au second. Pour Jérôme Fourquet (Ifop), le "FN est revenu au premier plan de la vie politique française". Près de 15%, "c'est deux points de plus qu'en 2004 alors qu'il est présent dans 400 cantons de moins. La poussée doit donc être très forte dans les cantons où il est présent", a ajouté l'analyste, interrogé par l'AFP. "C'est une performance alors que les élections cantonales sont traditionnellement difficiles pour le FN", a ajouté M. Fourquet pour qui une bonne partie de l'électorat qui s'était tourné vers Nicolas Sarkozy est "revenu au FN". "La grande ambition pour le FN est d'être dans de nombreux endroits la seule alternative à la gauche", a-t-il dit. Avec une abstention à 55% et le "score historiquement bas" (16%) de l'UMP, "on a un nombre important de duels FN-gauche, d'où la question stratégique des consignes de l'UMP", a-t-il ajouté.

Le patron de l'UMP Jean-François Copé a laissé dimanche les électeurs du parti présidentiel "libres de leur choix", refusant le vote FN et le "front républicain". Comme attendu, ce parti réalise ses meilleurs scores dans le Nord, le Sud-Est ou le midi, où dans de nombreux endroits il va jusqu'à doubler ses scores de 2004. Dans le Pas-de-Calais, selon des résultats provisoires, 22 candidats FN peuvent se maintenir (sur 26 cantons). Sur le canton de Montigny-en-Gohelle où votait Marine Le Pen, Steeve Briois, secrétaire général du FN, est en tête avec 35,88% des voix, contre le PS Jean-Marie Picque 31,20%. Dans le Nord (canton de Cysoing), la candidate FN Annie Lemahieu, privée par FO de son mandat de déléguée syndicale, affrontera avec 19,19% des voix le candidat UMP (43,62%).

Dans les Pyrénées-Orientales, à Perpignan-9, Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon de Mme Le Pen, arrive en tête avec quelque 30% des voix. Dans le Gard, selon des résultats provisoires, le FN était en situation de se maintenir dans 10 cantons, devançant par exemple d'un peu moins d'un point l'UMP à Nîmes-4. A Pont-Saint-Esprit, avec quelque 37%, il double ses voix et affrontera le PS au second tour. A Fréjus (Var), le candidat FN enregistre 39% contre l'UMP (34%). Seule défaite pour le FN: à Nice, Dominique Estrosi-Sassone (UMP) -ex-épouse et adjointe au maire de Nice- a infligé une gifle (34,5%) à l'ancien maire de la ville Jacques Peyrat (21%), soutenu par le FN, éliminé dès le 1er tour. Il faisait face à un dissident du FN. (afp)