“Rendez-nous notre liberté": les manifestations en Chine en 5 questions
La colère monte en Chine. Des manifestants sont descendus dans les rues pour dénoncer la politique draconienne de “zéro Covid" pratiquée par le gouvernement depuis près de trois ans. Feuilles blanches en guise de symbole, censure et rassemblements inédits: voici ce qu’il faut savoir sur ce mouvement historique de désobéissance civile.
Des dizaines de manifestations ont éclaté dans les villes chinoises au cours du week-end; les frustrations suscitées par les politiques strictes du gouvernement en matière de lutte contre le Covid-19 ayant atteint leur paroxysme.
Des groupes de personnes - dont le nombre varie de quelques chiffres à environ 1.000 - se sont rassemblés pour des veillées à la bougie et des manifestations pacifiques dans les rues. Dans certains endroits, comme à Wuhan, ils ont franchi les barrières anti-pandémie, tandis qu'à Shanghai, certains affrontements avec la police ont eu lieu. Bougies, lampes torches ou encore feuilles de papier vierges à la main, les manifestants ont réclamé la fin des confinements à répétition et des tests PCR quasi-quotidiens de la population.
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Les frustrations liées à la politique du “zéro-Covid” grondent depuis un moment. Alors que le reste du monde retrouve un semblant de vie normale, la population chinoise est toujours soumise à des confinements sévères, souvent pour quelques cas seulement.
En septembre, un bus transportant de nuit des personnes vers un centre de quarantaine du Guizhou s’est écrasé, faisant 27 morts - un bilan bien plus lourd que les deux décès liés au Covid signalés par la province depuis le début de la pandémie. Dans toutes les villes placées en confinement, des rumeurs faisant état de suicides et d’autres décès liés à l’application du principe de zéro Covid circulent.
Plus la liste des incidents s’allongeait, plus l’impatience et le scepticisme des gens grandissaient, malgré les tentatives des autorités de censurer l’information et la dissidence.
Puis, la semaine dernière, au moins 10 personnes ont été tuées dans l’incendie d’un immeuble à Urumqi, dans le Xinjiang, qui était sous confinement depuis une centaine de jours. Les auteurs de nombreux messages circulant sur les réseaux sociaux ont affirmé que les mesures prises contre le Covid avaient aggravé ce drame - des voitures garées depuis des semaines pour cause de confinement dans l’étroite ruelle menant à l’immeuble en flammes ayant entravé l’arrivée des secours.
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Les feuilles de papier A4 blanches font référence au manque de liberté d’expression et à la censure en Chine. “Le papier blanc représente tout ce que nous voulons dire, mais ne pouvons pas dire”, a déclaré à Reuters un jeune manifestant à Pékin.
Certains internautes ont également publié des carrés blancs sur leur profil WeChat. Ils se sont aussi tournés vers des jeux de mots subtils pour évoquer les manifestations sur les réseaux sociaux avec des termes comme “peau de banane” qui a les mêmes initiales en chinois que le nom du président, ou “mousse de crevette” à la sonorité proche du mot “démission”.
Des étudiants de l’université prestigieuse Tsinghua se sont pris en photo en montrant des “équations de Friedmann”, du nom d’un physicien qui évoque “freed man” (homme libre) ou “freedom” (liberté) en anglais. Après le blocage de certains mots-clés et lieux sur les moteurs de recherche, des publications absurdes avec une tonalité “positive” se sont multipliées sur la messagerie WeChat et le réseau social Weibo, comme “bien bien bien bien bien” ou “bon bon bon”.
Lundi matin, beaucoup de ces publications et celles qui faisaient référence au “papier A4" avaient disparu, mais des copies continuaient à se répandre.
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Pour certains observateurs, ces manifestations ne ressemblent en rien à ce qu’ils voient depuis des décennies. “Parce qu’elles sont si synchronisées en termes de portée et de taille des foules, c’est vraiment un développement remarquable”, explique le professeur Dali Yang, politologue à l’université de Chicago, dans les colonnes du Gardian. “Toutes ces personnes ont partagé les mêmes situations - les confinements, les angoisses liés à l’emploi et aux entreprises, et diverses formes de frustrations concernant les soins médicaux et les décès.”
La censure semble par ailleurs avoir atteint les limites de la patience des gens. Les citoyens jouent au chat et à la souris avec les censeurs, trouvant des moyens créatifs de partager des vidéos et des messages sur les manifestations, d’exprimer leur solidarité ou de se plaindre des autorités. À Pékin, les manifestants ont même appelé à un retour de la liberté d’expression. “Rendez les films, nous voulons la liberté du cinéma. Nous voulons la liberté d’expression. Rendez les médias, rendez-nous le journalisme.”
Les protestations en Chine ne sont pas rares, mais l’ampleur et la propagation de celles-ci le sont. Et la demande - la fin du strict zéro-covid - n’est pas quelque chose que le gouvernement est prêt à donner pour le moment. Les regards se tournent maintenant vers la poursuite, voire l’intensification, des manifestations au cours de la semaine, et vers la réponse des autorités. Il y aura probablement de lourdes conséquences pour les personnes identifiées comme des manifestants.
Les médias d’État sont restés silencieux sur les protestations, mais ont publié des appels fermes à “adhérer indéfectiblement” à l’initiative “zéro Covid”.
Dans le même temps, la police a arrêté un nombre indéterminé de manifestants, dont au moins un journaliste étranger. La deuxième nuit de manifestations à Shanghai a donné lieu à une réponse policière musclée, et la BBC a déclaré que son caméraman basé à Shanghai, Edward Lawrence, avait été détenu et battu avant d’être relâché. De son côté, le ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé lundi que le journaliste de la BBC ne s’était pas identifié en tant que tel.
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