Sophie Wilmès: “L’Europe a tout intérêt à s'émanciper des États-Unis”
Enthousiaste sans être naïve à l'égard du nouveau président américain Joe Biden, responsable et volontaire au sein de l'Otan, ferme mais ouverte au dialogue avec la Russie: la cheffe de la diplomatie belge Sophie Wilmès défend une Europe "émancipée" dans un entretien avec l'AFP.
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USA: tourner la page Trump
"Un changement de leadership aux Etats-Unis va avoir un impact sur les relations qu'entretiennent les USA avec le reste du monde, avec l'UE et ses Etats membres. Il y a une attente, un espoir de pouvoir travailler avec une personnalité peut-être plus prévisible dans son action. Mais elle est sans naïveté", soutient l'ex-Première ministre belge au lendemain de la prestation de serment de Joe Biden.
"On sait que les Etats-Unis vont conserver leur agenda. Ce qui va changer, c'est l'approche par rapport au multilatéralisme. La Belgique croit au multilatéralisme, car elle pense qu'on est plus forts quand on travaille ensemble".
"Il est normal que nous nous réjouissions de cette approche retrouvée (...), que le président Biden décide de rejoindre l'accord de Paris (sur le climat) et le retour des Etats-Unis à l'OMS" (bien OMS, Organisation mondiale de la santé).
"Mais pas d'enthousiasme béat et naïf. L'Europe devra continuer à tracer sa route et ne pas attendre que les Etats-Unis disent quelle voie suivre", affirme Mme Wilmès. "L'Europe a appris avec l'administration de Donald Trump à quel point elle avait intérêt à s'émanciper, à suivre sa propre trajectoire, pas contre quelqu'un, mais pour se mettre en situation d'être un partenaire crédible".
Otan: travailler collectivement
"Nous regrettons l'unilatéralisme de certaines décisions, un peu brutales, qui mettent le dispositif en difficulté", déplore Mme Wilmès en référence à la décision de l'ancien président Donald Trump de réduire à 2.500 militaires l'engagement des Etats-Unis dans l'opération +Resolute Support+ de l'Otan en Afghanistan.
Les alliés doivent décider en février s'ils restent engagés ou s'ils retirent leurs contingents. "La Belgique considère qu'il y a intérêt pour le moment de garder une présence sur place, si cela est de nature à permettre de conserver une situation suffisamment sereine", soutient la ministre. Une centaine de militaires belges participent à cette mission de formation en Afghanistan.
La Belgique a été "secouée par Donald Trump parce que sa contribution aux dépenses pour la Défense est inférieure à 2% de son PIB, ce qu'il considérait comme un défaut d'engagement. Mais voir l'engagement d'un pays uniquement sur sa contribution financière c'est manquer de vision stratégique". C'est oublier les contributions en hommes et en matériel dans les missions de l'Otan, soutient-elle.
Russie: une approche duale
"La Belgique s'est toujours inscrite dans une relation duale, sans naiveté, vis-à-vis de la Russie avec une volonté de dissuasion tout en gardant ouvert un canal pour le dialogue", explique Mme Wilmès. "Mais quand il y a des difficultés, comme c'est le cas avec (l'opposant russe) Alexeï Navalvy, on doit pouvoir envisager de prendre des sanctions. Il faut voir comment envisager les choses ensemble au niveau européen".
Pandémie: solidarité en Europe
La Belgique souhaite interdire "la mobilité non essentielle" hors des frontières nationales jusqu'au moins la fin des vacances de février. "Il faut bien comprendre qu'on est dans une situation totalement exceptionnelle", justifie Mme Wilmès, sur fond de craintes sur la forte contagiosité des variants du coronavirus.
Restreindre le tourisme est un geste de solidarité dû aux secteurs d'activité à l'arrêt, selon elle. "C'est quand même particulier de dire à certains ‘Non, vous ne pouvez pas exercer votre métier, c'est trop dangereux’, et parallèlement d'autoriser des déplacements d'agrément qui ne sont pas essentiels ou indispensables". Sur ces restrictions, "avoir une approche (commune) européenne serait vraiment un atout".
Cheffe du gouvernement belge d'octobre 2019 à octobre 2020 avant d'être chargée des Affaires étrangères et du Commerce extérieur dans le gouvernement dirigé par Alexander de Croo, la responsable libérale a dû gérer le début de la pandémie et le premier confinement dans son pays en mars 2020. Mère de quatre enfants, elle a contracté le virus en octobre et a été hospitalisée en soins intensifs. Elle reconnaît à mots couverts avoir eu du mal à reprendre ses activités. "On sous-estime la difficulté pour les ex-patients Covid de se remettre en selle".
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