Un jeune migrant syrien victime d’un tir à balle réelle à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie

L’incident a été rapporté de manière conjointe par plusieurs médias européens, dont le radiodiffuseur britannique Sky News, le site d’investigation néerlandais Lighthouse Reports, le journal français Le Monde et le quotidien britannique The Times. Les images remontent au 3 octobre dernier et ont été filmées à la frontière turco-bulgare, du côté turque de la frontière. On y voit un jeune homme tomber au sol après qu’une balle lui a transpercé la main et s’est logée dans sa poitrine.

Dans une autre vidéo enregistrée quelques jours plus tard, l’homme s’identifie comme étant Abdoullah El Rustum, 19 ans, originaire de Syrie. Il affirme avoir été la cible d’un tir d’arme à feu par les gardes-frontières bulgares alors qu’il tentait de franchir illégalement la frontière avec un groupe de migrants, qui a finalement été repoussé vers la Turquie.

Les journalistes qui ont enquêté sur cette affaire ont pu confirmer le lieu de la fusillade à partir des images captées avec le smartphone. D’après leur analyse, le coup a été tiré depuis une zone où étaient alors postées des forces de sécurité bulgares. Ils ont également pu identifier un véhicule, dont le modèle est utilisé par les gardes-frontières bulgares. Un expert scientifique a également pu déterminer, d’après le son du coup de feu, qu’il s’agissait d’une arme de petit calibre, qui a été utilisée en direction de la personne qui filmait.

Le gouvernement bulgare a démenti ces accusations, affirmant que les gardes-frontières respectent strictement les lois internationales et nationales. “Il n’y a aucun cas de violence à l’encontre de migrants”, a déclaré le ministre de l’Intérieur Ivan Demerdzhiev, qui confirme que l’incident fait l’objet d’une enquête avec les autorités turques. “Les deux parties ont clairement conclu qu’il n’y a aucune preuve qu’un coup de feu a été tiré par la police bulgare des frontières et qu’il n’y avait aucune violation des droits de l’homme”.

Demerdzhiev ajoute que les gardes-frontières bulgares sont de plus en plus souvent confrontés à des agressions de la part de clandestins, dont certains utilisent des pierres et des couteaux. “Si quelqu’un s’attend à ce que la police bulgare ne réponde pas à de telles actions, il se trompe”, a-t-il martelé, précisant que le groupe de migrants auquel appartenait le jeune Syrien s’était rendu coupable de plusieurs agressions de ce type.

Entre le début de cette année et le 27 novembre, 153.460 personnes ont tenté de franchir la frontière turco-bulgare, selon les chiffres officiels. C’est quatre fois plus que durant la même période de l’année dernière. La garde-frontière bulgare se plaint également de la hausse des agressions commises par des résidents de pays non-membres de l’UE.

L’affaire du jeune migrant syrien embarrasse quelque peu la Bulgarie, qui souhaite entrer dans l’espace Schengen. Ce jeudi, l’adhésion de la Bulgarie est à l’ordre du jour des dirigeants européens, avec un vote prévu en Conseil Justice et Affaires intérieures. Pour la Commission européenne, la Bulgarie, au même titre que la Croatie et la Roumanie, remplit toutes les conditions nécessaires pour y adhérer.

Au sein du Conseil européen, où siègent les chefs de gouvernement ou les chefs d’État élus, les Pays-Bas sont toujours fermement opposés à l’entrée de la Bulgarie dans la zone de libre circulation des biens et des personnes. Dans une interview accordée vendredi dernier au média public néerlandais NOS, le Premier Ministre néerlandais Mark Rutte a provoqué la colère des autorités bulgares en déclarant qu’il voulait “exclure la possibilité de franchir illégalement la frontière entre la Turquie et l’espace Schengen en Bulgarie avec un billet de 50 euros”. La Commission ne voit “aucune indication” de telles pratiques, a réagi Ylva Johansson, commissaire européenne à la Migration.

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