Vers une pénurie de pâtes en Italie? “J'ai un stock pour approvisionner pendant un mois, après...”

Par manque de matières premières, la marque italienne de pâtes Rummo a stoppé sa production, vendredi soir. Une décision identique à celle prise par La Molisana, quelques jours plus tôt. Les deux producteurs, relativement modestes, souffrent de problèmes d’approvisionnement en céréales.

La grève menée par les chauffeurs routiers depuis plusieurs jours n’y est évidemment pas étrangère. Ils protestent contre les prix élevés du carburant et bloquent les routes provinciales, notamment dans le sud du pays. “Prendre la route nous coûte de l’argent (...) Le gouvernement devrait baisser les droits d’accises, sinon il n’y a aucun intérêt pour nous d’aller travailler”, clament certains grévistes rassemblés dans une station-service de Foggia. 

En raison de la hausse des prix du pétrole et du gaz, l’entretien de leurs camions s’avère également plus onéreux. “Un pneu Michelin coûte désormais 100 euros de plus qu’avant, ce n’est pas tenable.”

La plupart des pâtes italiennes sont fabriquées avec des céréales provenant de Russie et d’Ukraine. Vincenzo Divella, directeur général de l’un des plus grands fabricants italiens de pâtes et de biscuits, s’inquiète des 3.000 tonnes de céréales qui se trouvent actuellement dans le port de la ville russe de Rostov. 

“Je ne sais pas si, et si oui quand, la cargaison sera expédiée”, confie-t-il au journal italien La Repubblica. Divella produit chaque jour 1.000 tonnes de pâtes sèches, 35 tonnes de pâtes fraîches et 90 tonnes de biscuits. “Nous pouvons aller chercher des céréales au Canada ou aux États-Unis, mais c’est plus loin et, par conséquent, plus cher.”

En 2021, l’Italie a importé 120. 000 tonnes de céréales d’Ukraine et 100.000 tonnes de Russie. Les deux pays représentent un tiers de la production mondiale de céréales. La guerre et le boycott des produits russes pourraient entraîner une pénurie mondiale de céréales.

Pour l’instant, la pénurie de céréales ne conduit pas (encore) à une pénurie de pâtes et de pain, mais elle entraîne une hausse des prix. Le conflit en Ukraine a fait exploser le prix des céréales. Le 24 février, le jour de l’invasion, elles coûtaient 5,7 % de plus que le jour précédent. Une tonne de céréales coûte désormais en moyenne 320 euros, avec des pics à 381, soit entre 4 et 8 euros de plus qu’avant la crise. 

En moyenne, un kilo de pâtes coûte 30 % de plus qu’il y a un an. Les organisations de consommateurs italiennes sont très inquiètes. Si la guerre en Ukraine se prolonge, les rayons des supermarchés pourraient se vider, y compris dans d’autres régions d’Europe. La plupart des fabricants de pâtes ont un délai d’exécution assez serré et disposent d’ un stock relativement faible. “J'ai un stock pour approvisionner pendant un mois”, déclare le marchand de farine Caputo à Naples au journal local Il Mattino. “Après, il sera parti.”

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