La bourgmestre de Verviers refuse que le rappeur controversé Médine se produise au Festival Libertad

Le Festival Libertad est un événement initié par l’échevinat de l’Interculturalité de la Ville de Verviers. Sur le site de l’événement on peut lire ceci: “Plus qu’une mise en lumière de la diversité, notre objectif est de réaffirmer haut et fort les valeurs d’antiracisme, d’égalité, de solidarité et de citoyenneté.” Or, cette année, ces valeurs semblent être mises à mal.

Les organisateurs de l’événement musical ont invité le rappeur français Médine. L’artiste est même tête d’affiche du festival. Mais les paroles de certains de ses morceaux ne coïncident pas avec les valeurs défendues par les organisateurs et la Ville de Verviers. “Crucifions les laïcards comme à Golgotha”, peut-on entendre sur son titre “Don’t laïk”, ou encore “pérédastes et pétainistes” dans “Généric”. 

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Médine a déjà longuement défendu ses textes dans les médias et sur les plateaux de télévision, mais la pilule ne passe quand même pas à Verviers. Muriel Targnion, la bourgmestre locale, a indiqué que la Ville, qui finance l’événement, ne paiera pas pour un artiste comme Médine. “La Ville ne peut être porteuse d’un tel message”, souligne la bourgmestre.

Lors de la conférence de presse du Festival Libertad, l’échevin de l’Interculturalité, Antoine Lukoki, a défendu la venue de l’artiste. “On est un festival avec des valeurs de gauche qu’il partage. C’est une véritable chance de l’avoir”, a-t-il déclaré. Interrogé par la RTBF, l’échevin a ajouté qu’il avait toutefois contacté le manager de Médine pour lui demander que le rappeur n’interprète pas certaines de ses chansons sur la scène de la Cour Fisher, le 4 juin prochain. Mais le fera-t-il. Une chose est sûre, le cas Médine sera évoqué lors du collège communal, ce jeudi.

Cette polémique musicale a fait parler d’elle à Verviers et sur Internet. L’artiste verviétois TarOne, qui se produira également sur la scène du Festival Libertad, a tenu à réagir et à défendre son confrère français. “Je ne connais pas tout le répertoire de Médine, je n’ai pas écouté toutes ses interviews. J’ai suffisamment écouté pour savoir qu’il est très talentueux, intelligent, réfléchi, cultivé, ouvert, curieux, qu’il n’est pas un prêcheur de haine”, écrit-il. “Je le connais assez pour savoir qu’il aime la provocation, qu’il n’en joue généralement pas gratuitement, mais qu’il a déjà pu se louper, être au minimum maladroit dans l’utilisation de paroles et d’images chocs. Non, il n’est même pas contre les laïcs, mais contre ceux qui instrumentalisent la laïcité pour la détourner de son esprit et taper sur les musulmans.”

“Malgré mon profond respect pour l’artiste et l’homme, je ne suis pas d’accord avec tout ce que dit et écrit Médine. Je conçois qu’il puisse avoir dit des choses indéfendables, je conçois qu’on puisse ne pas l’aimer pour de bonnes ou mauvaises raisons”, poursuit-il. En revanche, “lui refuser notre scène, notre micro, notre public est la pire des choses à faire. Un festival qui s’appelle Libertad perdrait sa raison d’être si une parole, certes pas consensuelle, mais intelligente, articulée, ‘challengeante’ et poussant à la réflexion était bannie. La diversité ne doit pas être valorisée à condition d’être lisse, édulcorée. Les paroles alternatives doivent avoir droit de cité.” 

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