Mochélan sort son nouvel album: “Première fois que mon fils tenait une arme”
InterviewSimon Delecosse, aka Mochélan, est un de ces artistes complets. Il peut tant évoluer sur les planches de théâtre, que derrière un micro, à l’écriture, à l’interprétation. Le poète, rappeur et acteur de Charleroi nous revient avec un nouvel album.
Rewind. C’est le nom du nouvel album de Mochélan. Il signifie rembobiner en français. Sur les vieux baladeurs ou les radio-cassettes que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, un bouton “REW” lui était dédié. Âgé de 38 ans et papa d’un petit garçon de neuf ans, Mochélan veut justement appuyer sur ce bouton... dans sa propre existence: “Avec cet album, je veux jeter un regard dans le rétroviseur de ma vie. Je reviens sur toutes les tranches d’âge auxquelles j’ai appartenu et ses particularités”.
Mais ce n’est pas pour autant qu’il cherche à se mettre sur le devant de la scène. Paradoxal tout de même pour un artiste! “Dans mes chansons, j’emploie le ‘je’ parce que c’est un peu inhérent au rap. Mais j’emploie aussi le ‘il’ parce que je ne veux pas raconter mon histoire personnelle. Mon but est que chacun puisse se reconnaître dans mes récits”.
Racines musicales
Autre spécificité de cette nouvelle production: Mochélan veut faire du neuf avec du vieux. “Ce sera un album 100 pourcents rap. C’est en quelque sorte un retour aux sources. Le rap a construit ma personnalité. J’ai toujours eu une acoustique hip-hop. Même quand je me suis mis à faire du théâtre! En ce sens, cet album sera inédit, car c’est la première fois que je me présenterai en tant que rappeur à mon public”. Jusqu’ici, l’interprète s’était surtout fait valoir dans le slam.
Mais s’il revient à ses racines musicales, il a aussi décidé de se détacher quelque peu de ses racines territoriales souvent très présentes: “Je ne fais pas énormément référence à Charleroi. Mon message se veut plus universel”.
En une phrase...
En une phrase, Rewind, c’est donc... “les confessions d’un ado de cette merde (sic)”.
Bon, une phrase, c’est quand même peu pour décrire une œuvre. Et Mochélan aime bien parler. Ne nous en privons pas! “C’est le sentiment qu’après l’enfance et la fin de l’enfance, nous en sommes arrivés à l’adolescence de l’humanité avec le développement du numérique. Il y a eu la révolution industrielle et maintenant, il y a la révolution numérique qui se sont succédé en quelques siècles”. Fait-il allusion à la situation écologique déplorable? Estime-t-il qu’après la pollution causée par le développement industriel, est venue l’heure d’une autre ère? Nous ne lui avons pas posé la question. Mais pour lui, l’époque actuelle est propice à la prise de conscience.
Premier clip
Le premier clip de Rewind est déjà sorti sur Youtube. Il met en images le titre “Récapitulatif”. “C’est un clip inspiré du film ‘Assassin(s)’ de Mathieu Kassovitz (NDLR. un film de 1997). Je l’ai revu pendant le confinement” explique notre interlocuteur.
Les scènes ont été tournées sur le terril Bayemont-Saint-Charles à Marchienne-au-Pont (Charleroi): “J’ai choisi cet endroit parce qu’il est assez désertique et qu’il se situe assez loin de la ville. Il comporte aussi toujours les traces de la société postindustrielle en décrépitude”.
Influence biblique?
Une autre lecture peut également en être faite: “On m’a fait remarquer qu’il y avait une sorte de référence biblique dans ce clip. Celle d’Abraham grimpant sur la colline. Mais ce n’était pas mon intention. C’est peut-être un reliquat de mes années scolaires passées dans l’environnement judéo-chrétien de l’Institut Notre-Dame de Charleroi (sourires)”
Comme Abraham dans la Bible, Mochélan emmène son fils au sommet d’une colline représentée dans le clip par le terril marchiennois. Il lui donne un revolver: “C’est la même arme que celle du film ‘Assassin(s)’”. Mais contrairement à Abraham, il ne l’assassine et il ne le laisse pas mettre fin à ses jours: “ Cela peut paraître noir comme atmosphère. Mais ma volonté est de transformer la noirceur en quelque chose de positif”.
“Susciter une réaction”
Il ne veut pas non plus faire croire qu’en agissant de la sorte, il initie son enfant à la violence: “C’est simple. À mon domicile, il n’y a ni télévision, ni écran. Avant le clip, mon fils n’avait jamais manipulé une arme. Même pas pour jouer aux cowboys et aux Indiens comme j’ai pu le faire dans mon enfance! Après le tournage, il m’a posé beaucoup de questions.
J’ai évidemment dû bien choisir mes mots pour qu’il comprenne. Je lui ai expliqué que dans notre monde, il fallait toujours être confronté à un drame pour ne pas prendre la violence à la légère et réagir. J’ai donc utilisé ce mode de fonctionnement pour ma vidéo. En impliquant mon fils, je veux susciter une réaction des internautes pour les amener à une prise de conscience”.
À venir
Son prochain clip concernera son autre morceau intitulé “Pas normal!”. Au total, Rewind regroupe dix titres pour dix années de vie artistique. Dans cette aventure, Mochélan est accompagné par le producteur originaire de Bruxelles et passionné de hip-hop, de samples et de la boucle depuis toujours, Oldjazz.
Son grand espoir est d’ailleurs de pouvoir décrocher une date sur une scène bruxelloise en février prochain. En attendant, il présentera son nouvel album au public ce vendredi à 20 heures au Centre Culturel de Charleroi, l’Eden.
Regard sur... Charleroi
Vous l’avez compris, Mochélan parle, entre autres, de violence dans son nouvel album. Ça tombe bien. Ces derniers temps, pas mal d’actes violents ont été perpétrés sur le territoire carolo et notamment, des règlements de compte.
Lui qui habite désormais à Ixelles (“Pas par volonté, mais pour rester auprès de mon fils”), comment juge-t-il le Charleroi qu’il a quitté? “J’ai grandi à Charleroi dans les années 90 et je trouve que les jeunes de mon époque étaient plus durs qu’aujourd’hui. C’est ce que je ressens quand je me balade en ville. Je donne toujours des ateliers d’écriture aux jeunes Carolos. Perso, je trouve que cette jeunesse est plus ouverte d’esprit, moins culpabilisante. Je dirais même qu’elle est plus édulcorée. Avant, il y avait les grunges d'un côté, les amateurs de rap de l’autre, etc. Ce n’est plus du tout le cas”.
L’artiste est donc résolument positif lorsqu’il s’agit d’évoquer sa cité de naissance: “Je suis très positif. Mais c’est vrai que lorsque je reviens à Charleroi, j’entends beaucoup de gens se plaindre. Quand j’avais 20 ans, je nourrissais certains rêves pour ma ville. Aujourd’hui, elle les a tous dépassés. Je n’aurais jamais cru qu’elle aurait évolué de la sorte. Il y a eu une ouverture à la culture aussi. Beaucoup d’opérateurs culturels comme l’Eden ou le Théâtre de l’Ancre se sont développés”.
Son prochain spectacle au Théâtre de l’Ancre se nomme “Tenir les murs”. Le spécialiste de la prose rendra visite à trois écoles carolorégiennes dans le cadre d’ateliers d’écriture. Il questionnera les jeunes sur leur vision de la ville de Charleroi, sur la vie et leurs envies… Tout un programme!
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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