Un retour aux sources pour un come-back soigné: on a rencontré Kyo (et on a adoré)
InterviewRetour aux sources pour Kyo. Le groupe français, qui compte déjà plus de 21 ans de carrière, fait son come-back avec un album aux sonorités rock et aux textes actuels qui parleront autant à la nouvelle génération qu’à l’ancienne, qui a grandi avec eux.
Kyo, c’est toute notre adolescence. C’est “Le Chemin” à fond dans les écouteurs de notre lecteur MP3 en allant à l’école. C’est “Dernière danse” chanté à plein poumons en fin de soirée. Alors quand on nous a proposé de rencontrer les membres du groupe à l’occasion de la sortie de leur nouvel album, “La Part des lions", on était plutôt excité, on le reconnaît.
Rêve de gosse réalisé, donc. C’est un vendredi soir de décembre qu’on a retrouvé Benoît, Florian, Nicolas et Jocelyn, le nouveau batteur qui les a rejoints en 2018, pour discuter de leurs inspirations, leur processus créatif et leurs meilleurs souvenirs. Une rencontre qui souligne ce que l’album disait déjà: Kyo évolue, tout en conservant le cœur de son identité. Et si c'était ça, le secret de la longévité?
Ce nouvel album a comme fil rouge trois personnages, Margaux, Omar et Marlow, à partir desquels vous avez créé un genre de mini-série. Comment est né le concept?
Ben: Quand tu prends trois personnages qui ont trois personnalités différentes, avec toute l’ambiguïté qu’il y a dans leur relation - avec de l’amitié, mais aussi un désir qui génère de la jalousie - tu te retrouves avec un thème assez riche. Kyo est un groupe qui a déjà abordé pas mal de fois la relation amoureuse un peu complexe ou la rupture à différents stades de la vie. Là, c’était quelque chose de nouveau pour nous.
Nico: C’est aussi une situation qui est plus courante qu’on ne le croit. Des trios amoureux, il y en a peu, j’imagine. Par contre, des relations entre amis qui bifurquent vers une relation amoureuse, où on est un peu perdu comme ça, c’est un truc qu’on voit assez souvent.
Ben: Mais dans quels quartiers tu traines, toi? (rires)
Nico: J’ai souvent vu ça, des gens un peu laissés sur le côté une fois qu’il y en a deux qui se mettent ensemble. C’est un chouette sujet. Il en découle pas mal de sentiments que Ben arrive à exprimer dans ses textes.
On vous sent également plus engagés dans cet album. On pense notamment à des morceaux comme “Stand Up”, qui évoque les violences faites aux femmes, ou “Enfants de la patrie", qui contient notamment une référence aux violences policières. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’aborder ces thèmes, et pourquoi maintenant?
Ben: C’est pas faute d’avoir attendu ce moment. Notre manager nous disait souvent que c'était dommage, parce qu'on a des trucs à dire sur tout. C’est vrai qu'on discute beaucoup de tout ce qui peut se passer dans notre société, mais on reste très discrets là-dessus depuis toujours - que ce soit dans la musique ou dans les interviews. Aujourd'hui, on est un peu plus vieux, on a tous passé 40 ans, et instinctivement, on se sentait plus à l’aise et plus légitimes dans ce domaine. À titre personnel aussi, je me suis dit qu’il était temps que j’arrive à m’exprimer sur des choses qui me tiennent à cœur. Enfin, pour une raison très pragmatique, je ne voulais pas être redondant par rapport à tout ce qu’on a déjà fait sur nos albums précédents.
Est-ce qu’il n’y a pas également la peur de créer la polémique, d’être attendus au tournant sur certains sujets parfois délicats?
Ben: Tout à fait. Surtout qu’on est nous-mêmes assez tranchants quand quelqu’un est trop consensuel ou enfonce des portes ouvertes. On est les premiers à se dire: “Oh vas-y, tu nous saoules avec ton discours”. Donc on n'a pas envie d’être ces gens-là. On préfère aborder ces sujets avec des pincettes et une bonne dose de poésie.
Florian: Il faut aussi réussir à trouver l’angle pour parler de ces sujets-là. À un moment, ça finit par se présenter. Ce n’est pas parce qu’on l’a fait sur cet album qu’on le fera davantage après. Mais en l’occurrence, il y a deux-trois thèmes qu’on a réussis à aborder comme on le souhaitait.
Ben: Finalement, on a pu raconter pas mal de choses à travers les personnages de Margaux, Omar et Marlow. T’es pas obligé de donner des leçons aux gens ou de tenir des grands discours. C’est à travers des petites histoires que tu peux raconter le plus de choses. Les personnages deviennent des messagers et des témoins de leur époque.
Justement, tout au long de votre carrière, vous êtes parvenus à évoquer des thèmes et des sentiments en lien avec votre époque et le stade de votre vie. Et par la même occasion réussir à toucher vos auditeurs qui traversaient les mêmes étapes...
Ben: Je pense que quand tu as une forme de pureté et d’honnêteté par rapport à tes sentiments, ce que tu racontes finit par devenir universel. J’aime bien cette phrase que disent souvent les gens qui écrivent: plus tu vas à l’intérieur de toi, plus tu parles à tout le monde. C’est paradoxal, mais c’est tellement vrai. Tant que tu gardes cette ligne de conduite et que tu essaies de retranscrire au maximum tes émotions et ce que tu observes, et que tu arrives à mettre des mots dessus de façon sincère, forcément, tu parles à beaucoup de personnes.
L’album contient un joli duo avec Alice on the Roof sur “Comète”. Comment est née cette collaboration?
Ben: On cherchait une voix féminine avec un grain particulier et une émotion particulière. Quand on a composé le morceau “Comète”, on savait dès le départ que ça serait un duo, et on avait une idée précise en tête. On a écouté toutes les chanteuses du moment, puis on est tombés sur un clip d’Alice On The Roof et sa voix collait à ce qu’on recherchait. Elle a accepté de participer au projet, et quand elle est venue poser sa voix, on s’est regardé avec un air de satisfaction intense, parce que c’était exactement ce qu’on imaginait, voire mieux.
Nico: Ce n’est pas qu’une question de technique ou de jolie voix. Parfois, ce sont des choses invisibles qui passent à travers la voix, et avec elle, c’est le cas. Quand elle chante cette chanson, non seulement t’y crois, mais en plus ça te colle des petits frissons parce qu’elle fait en sorte que les mots soient habités. C’était dingue, parce qu’on a tous ressentis cette même émotion.
L’album contient également le premier duo “inter-Kyo”, “Quand j’étais jeune", qui mêle les voix de Ben et Florian. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de tenter le coup?
Ben: C’est vraiment un hasard. Beaucoup de fans attendaient ça depuis longtemps. Moi, j'étais persuadé qu'on l’avait déjà fait en studio, parce que c’est arrivé tellement souvent sur scène. Finalement, on l’a surtout fait parce qu'on a eu beaucoup de mal à le terminer. C’était le morceau le plus difficile à faire de toute la carrière de Kyo, à tel point qu’on pensait l’abandonner. En se partageant les couplets, on a réussi à le faire évoluer dans le bon sens. Encore une fois, le thème est tout à fait universel et le fait d’avoir deux voix est assez logique.
Florian: On a quand même continué à galérer après. C’était un morceau avec dix couplets. Il ne fallait pas que ce soit redondant, donc on s’est dit qu’on allait quand même essayer d’avoir un refrain. C'était vraiment la chanson du premier confinement, on a travaillé des mois dessus.
Jocelyn: C’était un enfer. Il faut appeler un chat un chat (rires).
Florian: Mais quand on l’a enregistrée et qu’on l’a écoutée pour la première fois, on était hyper contents du résultat. Parfois, c’est une satisfaction en soi de réussir le titre. Mais ici, qui plus est, ça dégageait vraiment ce qu’on voulait.
À l’inverse, est-ce que parfois vous renoncez à des morceaux? Qu’est-ce qui fait qu'on s’accroche tant à un titre au point de vouloir le finir à tout prix?
Jocelyn: L’orgueil!
Nicolas: Et la peur de l’échec.
Ben: Le tout saupoudré d'une forme de bêtise (rires). En réalité, j’avais une affection particulière pour ce texte. Je trouvais que c'était ce que j’avais écrit de mieux depuis un bon moment. Ça, plus l’entourage qui te dit: “Là vous avez un truc fort, il faut pas le lâcher", ça donne envie de s’accrocher.
(la suite ci-dessous)
Cet album revient à vos fondamentaux avec des morceaux accessibles au grand public, mais qui conservent des sonorités assez rock. C’est quelque chose dont vous avez souffert: vous étiez considérés comme rock pour la radio, mais pas assez rock pour les amateurs du genre...
Ben: Ça a été une torture pour l’esprit. D’un côté, tu avais une partie du public qui aimait ces sonorités-là pour la première fois. Des gens disaient: "Moi j’aime bien le rock, j’écoute Kyo”. Quand on a débarqué avec “Le Chemin”, toute une génération s’est identifiée à ça en se disant: “Cool, on a un groupe de rock français”. Et de l’autre côté, t’as une partie du public du rock plus engagé ou plus dur qui disait “Mais c’est pas ça le vrai rock”. Ça m’a parfois poussé à adopter un style de vie un peu trash, comme pour prouver quelque chose. Mais rien de grave!
Aujourd'hui, vous vous contentez des sonorités.
Ben: Bon, je me suis cassé le bras... mais ça n’a rien à voir avec l’album!
Jocelyn: La volonté n’était pas d’être rock. On voulait essayer de recentrer le groupe, qu’on puisse l'identifier en écoutant ses morceaux - ce qui était peut-être moins clair sur l’album précédent, qui était beaucoup plus électro. Là on avait envie de retrouver ce qui fait la force de ce groupe, ce qui est simplement d’en être un. C’est assez rare après vingt ans. On avait envie que ça s’entende et qu'on s'imagine tout de suite un concert avec des musiciens.
Florian: Ça reste nos codes, c’est là-dedans qu'on a grandi et qu'on se sent le plus légitime. On voulait aller à l’essentiel de ce qu'on fait le mieux.
Le groupe a fêté ses vingt ans l’année dernière. Quel regard portez-vous sur votre parcours?
Ben: Notre parcours est assez atypique. Avant, ça nous dérangeait un peu quand on parlait de “phénomène Kyo”. J’y vois toujours une connotation éphémère. Quand on a fait la pause et qu’on est revenu, pas mal de gens étaient sceptiques, et c’est légitime, parce qu’on était tellement ancré dans une époque... Mais le fait d’arriver à revenir sur le devant de la scène avec “Le Graal” et à devenir pertinent pour une partie du public, c'était vachement important pour nous. Ca a fait basculer notre carrière du bon côté. Je pense que cette longévité nous apporte une certaine légitime. Parce que c’est ce qu’il y a de plus dur de rester, et c’est aussi ce qu’il y a de plus beau. Ce qu’il y a de plus beau c’est justement de pouvoir regarder en arrière et de se dire qu’on est là depuis vingt ans.
Jocelyn: T’as su encaisser les coups parce qu’il y en a eu et t’as su te re-motiver. C’est pas n'importe quel parcours.
Florian: On parlait tout à l’heure de réussir à rester pertinent à travers les époques, c’est finalement un peu ça. C’est se dire que t’as réussi, avec pas mal d’années d’écart, à ne pas juste être dans ton temps quand t'étais ado. T’as réussi à renouveler l’écriture des textes, tes sonorités, tout en cherchant toujours de la nouveauté.
Quand on dit Kyo, on pense souvent à vos tous premiers succès. Est-ce que cet aspect "nostalgie” d'une certaine partie du public vous lasse parfois?
Nico: Non, parce que j’ai l'impression qu’on nous parle autant de ça que des choses qu’on fait maintenant. En concert, on voit bien que c’est une chance d’avoir des titres que les gens attendent. Je pense qu’il y a beaucoup d’artistes qui commencent et qui revent d’avoir ce genre de titre.
Florian: On l’a eu très tôt, en plus.
Ben: C’est tellement difficile d’avoir un classique, quand t’en as un, il faut pas le bouder.
Florian: Je pense que les gens ont beaucoup d’affection pour ces anciens morceaux, on le voit dans leur regard quand on est sur scène. Et cette émotion se partage, parce qu'on a grandit ensemble. Mais le fait d’avoir eu d’autres morceaux comme “Le Graal” fait que c’est pas gênant que les gens aiment beaucoup “Dernière Danse”, par exemple. On a l’impression d’avoir fait nos preuves.
“La Part des lions”, le sixième album de Kyo.
Le groupe sera en concert le 25 février 2022 au Cirque Royal, à Bruxelles, et le 26 mars 22 à la Rockhal, au Luxembourg. Info et réservation sur le site de Ticketmaster ou de la Fnac.
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