Les parents de Grégory Lemarchal se souviennent: “Si on avait écouté les médecins, il n’aurait jamais chanté”

Laurence Lemarchal: “Depuis 2009, il s’est passé beaucoup de choses, notamment au niveau de la prise en charge des malades atteints de la mucoviscidose. Nous aussi, nous avons changé, évolué, nous sommes plus apaisés d’une certaine manière. Après la diffusion du biopic sur l’histoire de Grégory sur TF1 en septembre dernier, nous avons reçu énormément de messages et de témoignages. Certains regrettaient que mon livre, paru en 2009, ne soit plus disponible en librairie. Je me suis dit qu’il fallait que je le réédite. Je l’ai donc complété avec cinq chapitres qui, à mon sens, manquaient. J’avais vraiment envie d’écrire la suite de notre histoire, douze ans plus tard.”

“Quand j’y pense, j’en ai des frissons. Ce film a touché des jeunes nés en 2005, 2006, même plus tard, certains étaient petits ou n’étaient même pas nés à l’époque de la Star Academy. D’ailleurs, parfois, je croise ces adolescents lors d’événements. On a fait un cross un jour au profit de l’Association Grégory Lemarchal avec des gamins qui ne l’avaient même pas connu. Ils venaient me dire qu’ils écoutaient ses chansons, ou ils me posaient des questions pleines d’innocence comme ‘il est mort de quoi Greg?’ ou ‘c’est quoi la mucoviscidose?’ Mon fils serait tellement heureux de voir que son combat touche autant de monde. Avant tout, c’est l’artiste qui continue à vivre dans le cœur des gens. Les parents, les grands-parents écoutent encore Grégory et donc les enfants s’y mettent également. Sa voix ne s’éteindra jamais. Il est toujours présent. On reçoit des messages avec des mots tellement forts. C’est à la fois fort, troublant et émouvant. Pour certains, Grégory est un héros. Pourtant, il disait toujours qu’il était un être humain comme les autres." 

“La maladie ne vous définit pas. (...) Greg disait toujours: ‘Ce n’est pas parce qu’on est malade qu’on doit mettre ses pieds dans ses pantoufles et rester dans son fauteuil.’ Non, lui, il disait: ‘Bougez-vous. Si vous voulez décrocher votre étoile, il faut vous bouger.’ C’est aussi comme ça qu’on l’a élevé. (...) Si on veut vraiment quelque chose, il faut aller le chercher. Si on avait écouté les médecins à l’époque, Grégory n’aurait jamais chanté. Il n’aurait jamais vécu ce qu’il a vécu. Et pour lui, la période de la Star Ac’ a été extraordinaire. Il chantait avec ses tripes. Il me disait: ‘Maman, le seul moment où je ne suis pas malade, c’est quand je chante’. Il n’a pas toussé une seule fois sur scène lors de ses prestations. Moi, je retenais toujours mon souffle, notamment quand il a chanté ‘SOS d’un terrien en détresse’. J’étais en apnée devant ma télé.”

“Il a tout donné. Après le premier mois au château, quand il a vu qu’au niveau de sa santé, il pouvait gérer, il est revenu nous voir et il s’est écroulé dans les bras de son père. Il lui a dit: ‘Papa, je vais la gagner cette Star Academy.’ C’était un gagnant, il chantait avec ses tripes. À l’époque, je pense que le public ne s’est pas trompé. Il était là pour les bonnes raisons. Par contre, il n’était pas en compétition avec les autres, jamais, il était seulement en compétition avec lui-même.”

“Greg disait toujours que Sofiane était son grand frère. Et Sofiane disait la même chose de Grégory, car il avait une maturité de quelqu’un de beaucoup plus vieux que 21 ans. Les épreuves de la vie lui ont permis de gagner en maturité. Et d’un autre côté, c’était un vrai gamin. Il aimait rire, faire des blagues et toutes les bêtises possibles. Il avait juste envie de s’éclater.”

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“Nikos est un des parrains de l’Association. Il est très fidèle. (...) C’est quelqu’un de foncièrement bienveillant et honnête. Quand Pierre l’appelle, il répond toujours présent, et ce, malgré son emploi du temps hyper chargé. Pendant la pause d’un enregistrement d’une émission, il répond aux messages de mon mari. C’est quand même incroyable.” 

Pierre: “Il répond même quand il est en direct, pendant les pauses publicitaires. C’est vraiment une belle personne." 

Pierre: “Les médias cherchent l’actu. Imaginez-vous si un jour, on dit que plus rien ne va entre nous. Les médias se régaleraient. Mais pas de bol, ça n’arrivera pas.”

Laurence: “Nous sommes très proches. Elle nous appelle encore belle-maman et beau-papa. De son côté, elle a de la chance d’avoir un mari comme Yoann Gourcuff. Il est très gentil et très intelligent. Ça ne doit pas être évident pour lui de voir le nom de sa femme sans cesse associé à celui de son ex-compagnon.”

Pierre: “Mais il est très intelligent, et il nous adore.”

Laurence: “Nous, nous étions vraiment heureux pour elle lorsqu’elle l’a rencontré. Karine n’avait que 25 ans à l’époque du décès de Grégory. D’ailleurs, il y a une phrase qu’elle déteste entendre, c’est ‘vous avez refait votre vie’. Elle dit toujours: ‘Non, je n’ai pas refait ma vie. Je la continue, mais toujours avec Greg dans mon cœur.’ Elle a horreur de cette expression. Dans son esprit, ça veut dire qu’elle aurait oublié le passé. Elle ne l’oublie pas. Et pour revenir sur les rumeurs, oui, à cause de son emploi du temps chargé, elle ne pouvait plus être membre du Conseil d’Administration de l’Association. Donc elle a proposé de laisser sa place à quelqu’un qui avait plus de temps. Mais elle est toujours marraine. C’est une preuve d’intelligence. Elle a passé le relais à quelqu’un qui avait la possibilité d’être davantage présent. Mais nos relations n’ont pas changé.” 

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Laurence: “Non. Je n’aurais jamais pu l’imaginer. En 2009, on ne pouvait pas prédire combien de temps allait durer cet engouement autour de la lutte contre la mucoviscidose. Ni cette attache envers Greg. C’était aussi à nous à faire en sorte que sa voix ne s’éteigne pas. À l’époque, je ne pensais pas à l’avenir, c’était trop dur. Aujourd’hui, j’arrive à me projeter. Ce qu’on peut dire, c’est qu’on a toujours été dans l’anticipation avec notre Association. On a toujours été très à l’écoute des malades. On a su anticiper les améliorations de la prise en charge des patients atteints de la mucoviscidose. Mais on a aussi compris que les besoins allaient au-delà de l’hôpital, et notre organisation est là pour ça, pour les aider à améliorer la qualité de vie des malades après les soins. Gagner des années de vie grâce à une greffe, c’est merveilleux. Mais ces années doivent être vécues dans les meilleures conditions. La greffe, c’est un second combat.”

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Pierre: “En France, nous sommes tellement lamentables en termes de chiffres. Ça fait des décennies qu’on est à plus de 30% de refus au niveau du don d’organes. Je me bats beaucoup là-dessus avec plusieurs associations. Notre objectif est surtout de toucher les jeunes. On a beau faire ce qu’on veut en France, mettre des affiches, des publicités, si on ne touche pas les jeunes sur un sujet comme celui-là, ça n’ira pas. Ce sont eux les messagers, pas les personnes de 50 ans (...). On doit les éduquer et les responsabiliser sur les bancs de l’école.”

Laurence: “Oui, cela voudrait dire que les malades n’ont plus besoin de nous. Quand on a créé l’Association en 2007, avec Pierre, on s’est toujours dit: ‘On la fermera avant de quitter ce monde.’ On y croit.”

Pierre: “C’est une belle mission.”

Le livre de Laurence Lemarchal “Sous ton regard - Ce que le combat de Grégory a changé” est disponible en libraire ou en ligne ici.