“Tout ce que j’ai vu, c’est la mort": William Shatner traumatisé par son voyage dans l’espace
Depuis des décennies, les astronautes décrivent leurs voyages dans l’espace comme des expériences “à couper le souffle” leur rappelant à quel point la Terre est fragile. L’acteur William Shatner, qui a participé à un vol de tourisme spatial l’année dernière, a connu le même phénomène. En détournant son regard de notre planète bleue vers l’étendue noire du cosmos, il a toutefois fait une autre observation, plus macabre. “Tout ce que j’ai vu, c’est la mort”, écrit-il dans son nouveau livre.
RédactionDernière mise à jour:11-10-22, 11:05
La biographie de William Shatner, intitulée “Boldly Go”, est remplie d’anecdotes tout aussi sinistres sur sa courte expérience dans l’espace. Le vrai, qu'il a brièvement visité en octobre 2021 lors d'un vol Blue Origin, après avoir longtemps joué le rôle du capitaine Kirk dans l’univers “Star Trek”.
“J’ai vu un vide froid, sombre et noir. C’était différent de tout le noir que l’on peut voir ou ressentir sur Terre. Il était profond, enveloppant et englobant. Je me suis retourné vers la lumière de la maison. Je pouvais voir la courbure de la Terre, le beige du désert, le blanc des nuages et le bleu du ciel. C’était la vie. Nourrissante, qui nous soutient. La Terre Mère. Gaia. Et je la quittais”, peut-on lire dans un extrait du bouquin publié sur le site de Variety.
“Tout ce que j’avais pu penser était faux”, écrit encore le comédien de 91 ans. “Tout ce que j’avais prévu de voir était faux.”
Il m’a fallu des heures pour comprendre pourquoi je pleurais. J’ai réalisé que j’étais en deuil pour la Terre.
William Shatner
Alors qu’il s’attendait à être émerveillé par la vision du cosmos, il a plutôt été bouleversé par l’idée que les humains détruisent lentement leur lieu de vie. Une expérience qui lui a fait ressentir le chagrin le plus profond qu'il ait jamais connu. “Ce fut l’un des sentiments de deuil les plus forts que j’aie jamais rencontrés. Le contraste entre le froid dangereux de l’espace et le cocon chaleureux de la Terre m’a rempli d’une tristesse écrasante”, se souvient l’acteur. “Cela m’a rempli d’effroi. Mon voyage dans l’espace était censé être une célébration ; au lieu de cela, il ressemblait à un enterrement.”
“J’ai ressenti cette tristesse écrasante pour la Terre”, confie-t-il encore dans les colonnes de CNN. “Quand je suis sorti du vaisseau spatial, j’ai commencé à pleurer. Je ne savais pas pourquoi. Il m’a fallu des heures pour comprendre pourquoi je pleurais. J’ai réalisé que j’étais en deuil pour la Terre.”
Ce qu’a vécu William Shatner est souvent décrit par les astronautes et porte même un nom: l’effet de surplomb, ou “overview effect" en anglais. Il s’agit d’un changement cognitif rapporté par certains lorsqu'ils observent la Terre depuis l’espace. Comme l’explique l’auteur Frank White, à qui on doit le terme, ils ressentent alors une “obligation” et une “responsabilité de prendre soin de ce fragile point bleu”.
Mais cet “effet de surplomb” est également accompagné d’espoir: la prise de conscience que nous sommes tous les mêmes, et que notre planète est incroyablement résistante.
Dans une interview accordée au Irish Times en 2020, l’ancien astronaute Chris Hadfield a déclaré que ses 4.000 heures passées dans l’espace lui avaient donné une perspective inégalée sur la planète et “l’éternité du temps”. “La principale menace actuelle n’est pas les astéroïdes ou les éruptions solaires. C’est nous”, avait-il tranché.
Edgar Mitchell, la sixième personne à avoir marché sur la Lune, s’était fait l’écho d’un sentiment similaire après son séjour dans l’espace. “De là-haut sur la Lune, la politique internationale semble tellement insignifiante. On a envie d’attraper un politicien par la peau du cou, de le traîner à un quart de million de kilomètres et de lui dire: ‘Regarde ça, espèce de fils de p***’”.