Cette Bruxelloise n’a pas mangé pendant 10 jours: “Avec ce jeûne, j’avais envie de faire le vide”

Palmiers et vue sur la Méditerranée. “Le cadre est incroyable. Et puis, il faisait chaud. Cela aide à ne pas avoir trop faim”, se souvient Audrey Elsen qui revient pour nous sur son expérience de jeûne hydrique dans une clinique spécialisée Buchinger Wilhelmi en Espagne. 

La Bruxelloise de 36 ans est nutrithérapeute certifiée et coach en cuisine santé. Alors l’alimentation, ça lui parle. “Je n’avais jamais essayé de jeûne total auparavant. J’avais par contre très souvent envie de le faire, de tester l’expérience pour les bienfaits physiques et mentaux. Mais sans jamais oser sauter le pas. Puis, ça m’est venu un jour, un moment de ‘trop plein’. J’étais en pleine écriture de mon livre de cuisine. À tester toutes les recettes, j’avais besoin de m’alléger. C’était le bon moment. Je me suis renseignée et finalement lancée.” 

Octobre 2020. Direction Marbella pour un séjour de 14 jours dont 10 de jeûne total, où seules les tisanes, les bouillons et l’eau sont autorisés. “J’avais envie de faire le vide. Avant cela, j’étais dans une dynamique de remplissage. C’était important pour moi de faire ça après ma première grossesse et avant une seconde. Plus jeune, je n’aurais pas pu. C’est aussi une question d’énergie. Et à 20 ans, tu es moins dans cette envie de prendre le temps de te centrer sur toi-même.”

10 jours sans rien avaler, n’est-ce pas trop risqué pour la santé? “Trop manger fatigue et empêche l’auto-guérison du corps, il est donc bien plus dangereux de trop manger que de s’offrir des périodes de repos digestif”, répond la nutrithérapeute. 

Audrey considère le jeûne intermittent comme une porte d’entrée à une expérience plus longue. “N’allez surtout pas faire un jeûne total si vous n’avez pas testé un jeûne par épisode. Je le vois bien dans ma pratique. Ça va régénérer certains de mes patients et en affaiblir d’autres.” Et d’ajouter: “Je serais incapable de prendre part au mois du Ramadan, par exemple. Le jeûne sec, c’est impossible pour moi.”

Son expérience au sein de la clinique spécialisée a débuté par ce qu'on appelle “une descente alimentaire”, période de deux jours durant laquelle Audrey a uniquement pu manger du riz, des fruits ou des légumes. Commence ensuite le jeûne thérapeutique. La question que l’on se pose inévitablement est: a-t-elle eu faim? “Je n’ai pas ressenti la faim. Ce qui était dur, une ou deux fois au cours du séjour, c’était le sommeil plus léger. Du coup, tu chipotes, tu sens le vide, mais ce n’est pas de la faim”, assure Audrey, qui a trouvé l’astuce d’ajouter des toppings sur ses bouillons pour avoir la sensation de mâcher des aliments. 

La Bruxelloise confie qu’elle n’avait pas d’appréhension quant à la sensation de faim avant son départ, mais craignait toutefois de ne pas avoir suffisamment d’énergie. “Et pourtant, tu es constamment en mouvement. Je n’imaginais pas avoir autant de vitalité. J’avais entre quatre et cinq séances de sport par jour: de la natation, deux  trois cours de yoga et des balades.” 

Si la faim ne s’est pas réellement manifestée, impossible de ne pas fantasmer sur l’un ou l’autre mets. “À partir du milieu du séjour, j’avais envie de savourer un poisson grillé avec des légumes et des crevettes à l’ail. C’est là toute l’idée, jeûner allume l’envie de manger sainement. On remet le circuit à zéro.” 

Comment s’est alors déroulée la reprise d'une alimentation solide? Toujours selon un protocole strict. Une pomme cuite a été servie à Audrey et ensuite, des légumes, des céréales sans gluten et du poisson au cours des deux jours de reprise. “C’était super gai! Tu n’es plus dans le même rapport à la nourriture. Ici, on bouffe, on mange trop, trop vite, sans conscience. Là, tu savoures”, se remémore-t-elle. 

Outre ce cercle vertueux pour une bonne alimentation, la coach a remarqué d’autres bienfaits sur son physique et son mental. “Cette cure a largement dépassé mes attentes. Mes objectifs de faire le vide, de créer de l’espace en moi ont clairement été atteints.” Audrey est revenue de son séjour, délestée de 4,5 kilos et a constaté une perte de 2 cm de tour de taille et 4 cm de tour de hanches. “Mais surtout, mon mental est apaisé et plus clair. J’ai la sensation d’avoir fait le tri. Et ce sentiment perdure encore aujourd’hui, moins fort, mais il est toujours présent.” 

À ceux qui seraient tentés par une telle expérience, Audrey conseille de vérifier dans un premier temps s’ils sont aptes à jeûner ou non. “Je suis pour ce type de cure, mais pas pour tout le monde.” 

Il faut éviter les périodes de jeûne en période pré-conceptionnelle ainsi que chez les femmes enceintes ou allaitantes qui ont besoin de leurs ressources pour leur bébé à naître ou à nourrir. “Je déconseille également cette pratique que chez les enfants, les adolescents, les personnes épuisées ou souffrant de burn-out, d’anorexie ou encore d’insuffisance rénale ou hépatique.”

D’autres groupes cibles souffrant de pathologies nécessitent un encadrement médical et un suivi particulier. C’est le cas des personnes atteintes d’une pathologie cardiaque, vasculaire, de diabète de type 1, de cancer ou souffrant de TOC, de dépendances, de dépression ou de troubles du comportement alimentaires qui doivent absolument être encadrées médicalement par des professionnels de la santé et de l’alimentation.

“Ensuite, il est important de rappeler que ces cures doivent s’inscrire dans une hygiène de vie, dans une démarche de santé globale, et non pas pour compenser des excès.” 

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