Devenez votre propre psy: deux experts vous donnent les clés pour aller mieux

Anne-Hélène: Non. C’est un livre qui est bien quand on envisage d’aller chez le psy pour régler des petits problèmes, des choses qui nous gênent un peu et qui ne nous handicapent pas dans notre quotidien. C’est pour les gens qui, par exemple, ne sont pas vraiment déprimés mais qui ont régulièrement des petits coups de mou. On n’est pas ici dans quelque chose de très gênant mais plutôt dans quelque chose qu’on aimerait corriger. Si on a mal au dos, le kiné peut nous prescrire des massages. Mais on peut aussi aller se faire masser, comme ça, pour le plaisir. Si on est vraiment dans la maladie, on consulte un thérapeute.

Vincent Trybou: Dans notre livre, on est entre le normal et le très handicapant. Nous, on est sur tous les phénomènes négatifs un peu handicapants, la grosse partie au milieu.

Anne-Hélène: Je trouve ça hyper encourageant. Je le véhicule à mes patients comme ça. Il n’est jamais trop tard pour changer les choses mais il faut répéter et répéter encore. À force de répéter les nouveaux comportements qu’on essaie de mettre en place, notre cerveau va les favoriser plutôt que de favoriser les autres. C’est un peu comme un algorithme qui nous présente les choses sur lesquelles on a tendance à cliquer en premier. Il faut changer l’algorithme de notre cerveau. Quand on veut par exemple avoir de beaux abdos, il ne faut pas se contenter de n’aller qu’une seule fois à la salle de sport. Il faut y retourner régulièrement.

Vincent Trybou: En écrivant une lettre. Quand vous parlez avec votre psy et que vous lui dites: ma mère m’a dit ça et elle m’a vraiment énervé, vous parlez au psy, pas à votre maman. Et vous ne changez pas votre comportement. Il faut écrire une lettre aux gens, même aux gens décédés. Quand vous vous adressez à la personne directement en lui écrivant, vous activez une zone du cerveau qui est émotionnelle. Alors que quand vous parlez au psy en disant par exemple “mon grand-père” au sujet de votre grand-père décédé il y a 20 ans, vous activez une zone du cerveau qui est intellectuelle. Et en faisant ça, vous ne faites pas votre vidange émotionnelle.

Vincent Trybou: Si vous voulez changer mais que vous n’êtes pas d'accord pour ressentir de l’anxiété, vous n’arriverez pas à mettre en place le changement. 

Anne-Hélène: On peut refaire un parallèle avec la muscu. Si vous voulez être musclé, il faut accepter d'avoir un peu mal quand vous allez à la salle de sport. Il faut accepter de transpirer et d’en avoir marre, il faut accepter de se dire qu'on n’y arrivera jamais. 

Vincent Trybou: L'acceptation, c’est une clé mais je dirais que le fil conducteur du livre, c’est: qu’est-ce que vous voulez faire de votre vie? On est là pour quelques décennies, on ne va pas souffrir tout le temps, est-ce qu'on a envie de se remonter les manches et de mettre en place un changement?