Fatiguée des gueules de bois, elle a décidé d'arrêter l'alcool: “Ne pas boire, ça donne des super pouvoirs”
Interview“L’alcool est un pansement miraculeux, il balaie les chagrins, il dissout la sensation de n’être à sa place nulle part.” Stéphanie Braquehais a longtemps utilisé l’alcool comme béquille dans sa vie pour être plus drôle, plus sociable, plus détendue. Elle n’était pas alcoolique mais elle abusait régulièrement du breuvage qui désinhibe. Comme vous, peut-être. Comme moi, probablement. Dans Jour Zéro, journal intime qui pousse à la réflexion sans plomber le moral, elle raconte pourquoi mais surtout comment elle a tiré un trait sur l’alcool. En la lisant, on s’interroge sur notre propre consommation d’alcool, sur les raisons qui nous poussent à décapsuler cette bière un mercredi soir et à avancer l’heure de l’apéro le samedi.
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Il y a mille raisons de boire: on boit quand ça ne va pas pour noyer son chagrin, quand on est mal à l’aise pour inverser la tendance, quand on a un événement à fêter. “Les raisons de boire évoluent avec l’âge, du contexte, des gens avec qui on est”, confie Stéphanie depuis Nairobi, où elle vit. “Quand j’étais jeune, j’ai bu pour être bravache, pour dire: Moi aussi, je peux la vider cette bouteille. En vieillissant, j’ai continué à boire parce que ça me permettait un rapport aux autres plus facile.”
Vous avez écrit ce livre parce que vous lisiez beaucoup de témoignages et que vous ne trouviez rien qui correspondait à votre histoire. Tout était tragique. Ce livre, c’est celui d’une “abstinence choisie et non imposée”. Le sujet, “ce n’est pas ma descente aux enfers avec l’alcool mais c’est pourquoi l’alcool a pris autant de place dans ma vie.”
Ce label alcoolique, il y a plein de gens qui ont envie de me le mettre parce que ça les rassure. J’arrête de me battre contre ça, c’est contreproductif. Mais je sais que je ne buvais pas plus que plein de gens. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le diagnostic. Je m’en fiche. Ce qui m’intéresse, c’est le processus interne qui nous pousse tous à plonger, à un moment donné, plus ou moins à l’extrême, dans une sorte d’addiction. Que ce soit à l’alcool ou à un autre produit. C’est ça qui m’a aidée à arrêter. Je ne trouvais pas de livre qui démystifiait la consommation d’alcool. Soit c’était hyper grave, soit c’était rien. C’était binaire. Mais il y a plein de gens qui boivent trop mais qui ne se l’avouent pas parce que c’est tabou. Pourtant, on sait que l’alcool est un produit addictif à la base. Si on a envie de boire un deuxième verre, un troisième, ce n’est pas parce qu’on est anormaux, c’est notre cerveau qui répond comme ça à une substance addictive. Je voulais déculpabiliser, arrêter de mettre de la honte sur tout ça.
Vous n’étiez pas alcoolique, vous étiez dans une zone grise. Votre arrêt n’a pas déclenché de symptômes physiques. C’était juste la tête qu’il fallait convaincre.
Oui, on ne parle pas souvent de ce système de la récompense qui veut que quand on mange un carré de chocolat, on a envie de manger la tablette parce qu’on a ressenti du plaisir. C’est la dopamine qui fait ça: elle est lâchée dans notre cerveau et elle nous pousse à aller chercher ce qui nous fait plaisir. C’est un processus qui est humain. Quand on comprend ça, on reprend le pouvoir, on reprend sa liberté. Avec ce livre, j’avais envie de poser les choses.
En fait, on peut juste arrêter de boire juste parce qu’on en a marre des gueules de bois….
Oui. On a le droit. On a le droit d’arrêter de boire sans qu’on nous dise t’es enceinte, t’es malade ou tu es une alcoolique dans le déni. Ou alors tout le monde est alcoolique à partir du premier verre. J’en rigole d’ailleurs dans le livre: est-ce que ça serait ça, le secret le plus mal gardé de l’humanité?
Ce que vous regrettez, c’est qu’il n’y a rien entre alcoolique et abstinente. Parce que vous n’étiez ni l’une ni l’autre.
Les gens veulent absolument me mettre un diagnostic. En fait, il y a plein de choses différentes et c’est aussi pour ça que personne n’est d’accord. Je suis tombée sur le dessin d’une pyramide: tout en bas, il y avait abstinence et on passait direct à consommation excessive, consommation à risque et alcoolo dépendance. Je pense que j’étais dans l’excessive ou à risque. Je ne sais pas. Dans l’opinion publique, selon ce qu’on connait, tu es alcoolique ou tu n’as pas de problème avec l’alcool, même si tu bois quatre verres au lieu de deux, c’est pas grave, on ne va pas en parler. Ça empêche plein de gens de se poser les bonnes questions sur leur rapport à l’alcool.
Vous posez une question intéressante: “Doit-on s’interroger sur son rapport à l’alcool seulement quand on touche le fond?” Évidemment, non. Mais quand alors?
Ça dépend de chacun. C’est un choix personnel d’introspection. Dans le livre, je donne des outils qui moi, m’ont aidée. Il faut décider personnellement s’il y a plus d’inconvénients ou plus d’avantages. À 20 ans, honnêtement, il y avait plus d’avantages que d’inconvénients pour moi. Je m’amusais beaucoup. Aujourd’hui, j’ai un enfant, les gueules de bois sont difficiles. On vieillit. Peu à peu, je me suis dit que ça me gênait physiquement et psychologiquement. Il y avait ce désir en moi d’être dans le contrôle de ce que je faisais pour mieux me connaître.
Vous écrivez: “Ne pas boire d’alcool ce n’est pas devenir sage, c’est devenir antisystème.” Et aussi: “L’alcool est une drogue qui rend malade quand on arrête d’en prendre.” Vous soulignez que si un drogué arrête de se piquer, on le félicite. Par contre, si quelqu’un annonce qu’il arrête de boire, les gens pensent tout de suite qu’il a un problème. L’abstinence de quelqu’un ne laisse jamais indifférent. Parce qu’elle renvoie les gens à leur propre rapport à l’alcool.
Oui, immédiatement, on cherche des raisons. On se dit que forcément, la personne qui arrête de boire a un problème. On se dit qu’elle doit forcément boire plus que nous et on enterre le sujet. Quand quelqu’un me disait qu’il avait arrêté de boire, je le prenais presque personnellement: comment oses-tu? C’est dans l’inconscient. Tous ces préjugés-là, c’est à cause des messages subliminaux qu’on nous envoie depuis l’enfance: dans le cadre familial, social, dans les séries télé ou les films. C’est difficile de prendre de la distance par rapport à ça. Mais pourquoi se pose-t-on des questions sur le sucre, parce que le sucre est addictif, mais qu’on ne s’en pose pas sur l’alcool? Il y a cette idée que ce sont les gens faibles et impuissants qui ne savent pas boire.
Pour arrêter, vous dites qu’il faut accepter la petite voix de l’addiction qui envahit votre cerveau. Celle qui vous pousse à rouvrir le frigo et à prendre cette bouteille de vin pour “seulement un verre”...
Oui et c’est vrai pour toutes les petites voix, comme celle de l’auto sabotage, très fréquente chez les femmes. Ces petites voix négatives qui traversent notre esprit, ça ne sert à rien de lutter contre elles. Elles vont devenir beaucoup plus grosses, faire beaucoup plus de bruit. Plus on lutte, plus elles prennent de l’importance. Plus on les accepte, plus on dit: ok je sais que t’es là, c’est normal que tu sois là, plus elles se font silencieuses. Le dessin animé de Pixar Vice Versa est très bien fait pour ça. Il y a toutes ces voix en nous qui s’expriment. Il faut les laisser s’exprimer sinon elles vont manifester et ça va être l’enfer. (Elle rigole)
Vous êtes en couple. Et votre partenaire n’a pas arrêté de boire. Comment arrêter de boire en vivant sous le même toit que quelqu’un qui continue de boire?
En traçant son propre chemin. Sans écriture, ça aurait été plus dur pour moi. Ça peut être une autre activité que l’écriture, évidemment. Mais écrire m’a permis de dissocier la personne avec laquelle je vivais. C’est mon histoire. Quand on arrive à écrire son histoire avec l’alcool et sans l’alcool, du coup on s’en fiche complètement. Quand je vois des amis trop boire, j’ai un petit pincement: je me reconnais en eux. Mais là, il y a de l’alcool à la maison et ce n’est pas un problème. L’alcool est dangereux dans une relation. Il rend très égocentrique. C’était une découverte. Quand on arrête l’alcool, on est plus tolérant avec soi-même et du coup, avec les autres. Ça rend les relations plus calmes.
Vous vous interrogez dans le livre, après avoir arrêté de boire: Que va-t-il rester de moi?. Parce que l’alcool a été un habit de lumière pendant longtemps. À quoi on ressemble quand on l’enlève?
J’ai réalisé que je ne savais pas que j’étais capable d’être moi dans des contextes de fête. Avant, je me serais dit: il me faut un verre pour me détendre. Mais en fait, je n’en ai pas besoin. Je suis à l’aise avec qui je suis. Et si je me dis aujourd’hui: cette soirée, je n’ai pas envie d’y aller, eh bien, je n’y vais pas. Mon énergie disponible ne permet pas d’aller dans cet endroit. On apprend à se connaître et à connaître ses limites. C’est une découverte que j’ai faite. Avec l’alcool, on se pousse à avoir une conversation qui n’a aucun intérêt, on se pousse à aller dans ces endroits où on n’a pas forcément envie d’aller. Quand on ne boit pas, on n’a pas de béquille, c’est soi tout seul. Et ça, ça donne des super pouvoirs. Parce que quand on utilise toujours cette béquille, on perd confiance en soi. On a du mal à confronter les aléas de la vie tout nu, sans elle.
Ça fait combien de temps que vous avez arrêté de boire?
J’ai arrêté de compter après 365 jours. Ça doit faire 2 ans et demi.
Et vous en avez encore envie? La petite voix vous pousse encore à boire un coup?
Plus du tout. La voix a chopé une extinction de voix.
Vous envisagez un jour de reprendre un verre à l’apéro?
Oui. Je ne m’empêche pas du tout de me dire qu’un jour, peut-être... Je pense que rien n’est définitif. Là, je m’aime bien comme ça donc je continue. Mais je ne connais pas la personne que je serai dans dix ans. Je ne peux pas dire que dans dix ans, je ne boirai pas. Je ne m’empêche pas de le penser en tout cas.
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