Feel, le réseau social anti-harcèlement et bienveillant à l’intention des adolescents

L’actualité de ces derniers jours a malheureusement été marquée par le suicide de deux élèves. Lucas, 13 ans, s’est donné la mort le 7 janvier dernier, en France. Il était victime de harcèlement scolaire et d’homophobie de la part de ses camarades. Daan, un élève de 15 ans originaire de Waregem, en Flandre-Occidentale, s’est suicidé la semaine passée. Une enquête a été ouverte pour identifier les raisons qui ont poussé l’adolescent à commettre l’irréparable. Pour son avocat, il est clair que Daan était harcelé, notamment sur les réseaux sociaux et à l’école, “tout le monde le savait”.

Ce sont là deux cas extrêmes, mais malheureusement pas rares. Ce qui l’est encore moins, c’est le nombre de personnes victimes de harcèlement en ligne ou en milieu scolaire. En Belgique, on estime qu’un jeune sur trois est, ou a déjà été, victime de harcèlement. Malheureusement, nombre d’adolescents n’osent pas en parler, de peur, par exemple, d’être jugés ou que les brimades s’intensifient. C’est justement pour permettre aux jeunes de prendre la parole que Guillaume Vilain lance Feel, une application sociale de santé mentale destinée aux adolescents.

“Avant de me lancer en tant qu’entrepreneur, j’étais enseignant. J’ai personnellement dû faire face au suicide de deux amis. Cela m’a mené à m’intéresser au taux de suicide chez les jeunes, qui est encore beaucoup trop élevé”, explique Guillaume Vilain. “Ce qui m’intéresse vraiment avec mon application, c’est de permettre aux adolescents de s’exprimer et réduire les gestes suicidaires chez les enfants.”

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L’application est basée sur l’entraide entre pairs, “une mécanique qui s’est bien développée chez les Québécois, mais pas encore assez en Belgique ou en France”, commente l’ancien instituteur.

Sous forme d’un réseau social, Feel permet aux jeunes de s’exprimer librement, anonymement ou non, dans un cadre sécurisé et bienveillant, de partager leurs émotions (positives ou négatives), leurs victoires (petites ou grandes), ainsi que leurs échecs, et de répondre aux autres pour les conseiller, les aider et les rassurer. L’idée de l’application est aussi d’encourager les adolescents à développer leur intelligence émotionnelle.

Il est également possible pour les utilisateurs qui font face à une situation problématique de la signaler. En fonction des cas, Feel réoriente alors le jeune vers un psychologue, le PMS ou un centre de planning familial, et encourage, dans les cas les plus graves, à entreprendre une procédure judiciaire. “On demande toujours à l’utilisateur ce qu’il veut ou ne veut pas faire, si l’on peut en parler à la direction de son école ou à ses parents. Notre but est vraiment d’accélérer les démarches et aider le jeune à avoir à nouveau confiance en lui”, précise l’ancien enseignant.

Après plusieurs mois de tests auprès des jeunes, Guillaume Vilain s’attaque désormais au milieu scolaire. À l’heure actuelle, trois écoles belges et une école française ont déjà signé un contrat avec Feel. L’entrepreneur tournaisien espère travailler avec au moins six écoles supplémentaires d’ici la rentrée scolaire 2023-2024.

Lors de la phase de test, l’application a été téléchargée plus de 20.000 fois. “Les élèves sont réceptifs. C’est important pour eux d’avoir un lieu où se confier en toute sécurité”, commente l’ancien enseignant. La communauté actuelle rassemble des jeunes de 12 à 25 ans, dont 70% de filles.

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