Les vaccins contre le Covid-19 ont-ils un impact sur la fertilité?

Tout démarre en décembre 2020. Le Dr Mike Yeadon, l’un des responsables de Pfizer jusqu’en 2011, et le Dr Wolfgang Wodarg, épidémiologiste allemand, lancent une pétition pour interpeller l’Agence européenne du médicament concernant de potentiels risques d’infertilité chez les femmes qui seraient causés par le vaccin contre le Covid-19.

Dans celle-ci, ils assurent que “les anticorps produits par le vaccin Covid pourraient rendre les femmes infertiles en attaquant une protéine nécessaire à la formation d’un placenta”. Une déclaration qui sera à la base d'une rumeur largement répandue sur les réseaux sociaux et selon laquelle, le vaccin anti-covid pourrait provoquer des fausses couches. 

“C’est une des premières ‘fake news’ qui a circulé sur la vaccination et la grossesse”, explique le Pr. Frédéric Debiève, au service obstétrique aux Cliniques universitaires de Saint-Luc. “Elle est basée sur une petite vérité scientifique qui est qu’il y a une certaine ressemblance en termes d’acides aminés entre la protéine Spike et un composant de la cellule placentaire. De cette petite vérité scientifique est partie une ‘fake news’ qui dit que le fait d’avoir un vaccin anti-protéine Spike va donner aussi une certaine immunité contre les cellules placentaires, ce qui entrainerait des fausses couches, des retards de croissance...” 

Comme l’explique le spécialiste, cette information n’est basée sur aucune étude scientifique. “Il y a énormément de femmes qui ont eu le Covid, donc des anticorps naturels, et ensuite ont été enceintes. Et il n’y a pas eu plus de fausses couches qu’avant la période Covid.”

À ce jour, les femmes vaccinées ne semblent pas présenter plus de risque d’infertilité que les autres. Pourtant, nombreuses sont les Belges à questionner leur gynécologue sur le lien entre le vaccin anti-corona et la fertilité. “C’est une question que l’on a tous les jours”, nous confie le Dr. Jean-Louis De Keyser, chef de Service Gynécologie aux Cliniques de l’Europe à Bruxelles. “Ce vaccin n’a même pas un an. Donc dire aux gens, il faut ou il ne faut pas, c’est un peu s’avancer sur le futur.”

Comme l’expert le rappelle, il y a quelques mois seulement, on déconseillait aux femmes enceintes de se faire vacciner. Or aujourd’hui, c’est devenu une indication. “On dit qu’à partir de la fin du premier trimestre, donc de la 14e semaine de grossesse, de vacciner les femmes, car un Covid développé au troisième trimestre peut être dramatique. Eu égard au fait qu’une femme enceinte a déjà une capacité pulmonaire réduite”, précise le Dr. Jean-Louis De Keyser.

Les femmes désireuses de porter la vie dans un futur plus ou moins proche peuvent-elles se faire vacciner sans crainte? Pour le Pr. Frédéric Debiève, il n’y a aucune raison de penser que cette vaccination serait délétère, étant donné la technologie utilisée. Et ce, que l’on soit en projet de grossesse ou en début de grossesse. “Et si on est enceinte, on devient plus à risque”, rappelle lui aussi le Pr. Debiève. “Quel que soit le moment de la grossesse, il faut se faire vacciner parce qu’on est en période de fragilité.” 

“A priori, il n’y a aucune raison de s’en inquiéter, car il s’agit d’un vaccin ARN, donc qui n’influence pas le potentiel génétique ni le corps en tant que tel”, estime de son côté le Dr. Jean-Louis De Keyser. “Ça stimule l’immunité, mais ça n’a rien à voir avec la fertilité. Donc dans l’absolu, il n’y a pas de raison d’avoir peur. Maintenant, est-ce que dans l’avenir il y aura des études qui prouveront que ce n’est pas vrai, je ne peux pas m’avancer non plus, car on n’a pas le recul”, nuance-t-il. 

“Si on se base intuitivement sur l’action du vaccin, il n’y a aucune raison de le redouter. Et si on me demande mon avis aujourd’hui? Je conseille de le faire.”

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