Pourquoi les femmes pratiquent de moins en moins le monokini? “Je n'ai pas envie de sentir les regards sur mes seins”
TémoignagesDepuis plusieurs années, des voix s’élèvent dans le monde entier pour défendre le droit de femmes à disposer de leur corps et de leur tenue vestimentaire. Un droit pas toujours acquis, parfois volé par un régime politique autoritaire ou par des normes imposées par la société. Cela se reflète également sur nos plages. Cet été, on a enregistré un niveau historiquement bas de la pratique des seins nus sur les plages de France. Comment expliquer cette baisse? Quelles sont les raisons pour lesquelles les femmes pratiquent de moins en moins le topless? Analyse.
À l’occasion de la journée mondiale du topless, le pôle “Genre, sexualités et santé sexuelle” de l’Ifop a publié une enquête sur l’évolution de la pratique du monokini, l’ampleur des freins au topless dans les lieux dédiés aux bains de mer ou de soleil et, plus largement, les formes de “body shaming”, de harcèlement et de “pression sexuelle” que les Françaises subissent lorsqu’elles exposent tout ou partie de leur corps en été. L’étude Ifop pour Xcams Media a été réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 7 au 8 juillet 2021 auprès d’un échantillon de 1.500 femmes, représentatif de la population féminine française âgée de 18 ans et plus.
Une pratique en baisse
Les résultats de cette enquête sont sans appel. La pratique des seins nus atteint cette année un niveau historiquement bas: à peine 19% des Françaises enlèvent le haut sur les plages, contre 34% il y a douze ans. Cette baisse est surtout observée sur les plages très fréquentées, signe que le regard d’autrui joue un rôle majeur dans le choix de ne pas pratiquer le monokini.
Et pour beaucoup de femmes, le topless sur une plage ne se traduit que par un dévoilement limité de leurs seins: 37% l’ont fait en étant allongées sur le ventre, contre 28% sur le dos. À peine 17% ont osé se promener seins nus. L’étude révèle que les femmes qui pratiquent le topless sont surtout des femmes qui ont une grande confiance en leur capital physique et qui ont notamment des poitrines correspondant aux canons de beauté dominants.
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Les raisons
La raison principale pour laquelle les Françaises ne pratiquent pas les seins nus? Parce qu’elles craignent le cancer de la peau. Cela dit, les jeunes de moins de 25 ans l’expliquent avant tout par des motifs d’ordre sécuritaire, à savoir la crainte d’être l’objet d’agression physique ou sexuelle (à 50%), de subir le regard concupiscent des hommes (à 48%) ou qu’une photo d’elles soit prise et publiée sur les réseaux sociaux (à 46%).
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Sur la plage, une femme sur deux craint de faire l’objet de remarques au sujet de son ventre (35%), de ses fesses (26%) et de sa poitrine (25%), soit les parties du corps qui se correspondent le plus à ce qu'on appelle le “summer body”. Plus sidérant encore: une femme sur deux explique avoir été victime d’une forme de harcèlement ou d’atteinte sexuelle sur la plage ou dans un lieu dédié aux bains. Enfin, sur la plage, nombreuses sont les Françaises qui mettent place des “techniques” pour éviter les risques de harcèlement: couvrir son corps (23% des femmes l’ont déjà fait), s’entourer d’autres personnes (21%) ou encore renoncer à aller dans l’eau en bikini (22%).
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Témoignages
Face à ces chiffres peu encourageants pour la liberté de la femme, nous avons tenu à interroger des jeunes femmes belges sur leur rapport au monokini. Première constatation, quatre des cinq femmes interrogées n’ont jamais pratiqué le monokini sur la plage. Ces dernières avancent différentes raisons pour expliquer ce choix, mais le regard de l’autre sur son corps fait à chaque fois partie de leur justification. “Faire du topless, c’est dévoiler une partie de son intimité”, affirme Lola, 25 ans. “J’avoue que le regard des autres ne me donne pas envie de le faire. Franchement, qui n’a jamais posé son regard sur une femme qui fait du monokini?”, s’interroge-t-elle.
Leïla, elle, a déjà pratiqué les seins nus, mais seulement dans son jardin. “À la plage, je n’oserais pas”, avoue-t-elle. “Si je ne le fais pas, c’est surtout pour le regard des autres. Je n’ai pas envie qu’on observe ma poitrine dès que je me balade sur la plage. En plus de ça, je sais que mon compagnon n’aurait pas une bonne réaction si je le faisais. Je n’ai pas envie de me lancer dans des disputes inutiles”, affirme la femme. Cette dernière explique également craindre que la pratique du monokini ne dérange les autres occupants de la plage, ce qui la pousse à le pratiquer uniquement chez elle.
Jade a également osé les seins nus dans un lieu privé, mais jamais sur une plage. Une fois de plus, elle l’explique par le fait qu’elle ne veut pas “sentir le regard des hommes sur sa poitrine”. “C’est peut-être aussi lié à un manque de confiance en moi, la peur d’être jugée”, reconnaît-elle. “Je fais également très attention, car l’exposition de sa poitrine au soleil augmente les risques de cancer du sein.” Selon elle, les magazines, les réseaux sociaux et autres renvoient des images trop parfaites du corps de la femme. Face à cela, certaines femmes complexent et n’osent plus montrer des parties de leur corps.” Jade a déjà ressenti le regard insistant d’autres personnes sur sa poitrine, même habillée d’un bikini. “Quand ça arrive, je me couvre avec ma serviette”, explique-t-elle.
“Une notion de liberté”
Sophie, 24 ans, n’a jamais pratiqué le topless à la plage, ce qu’elle regrette d'une certaine manière. “De base, les seins ne sont pas des choses sexuelles. Il s’agit d'une partie du corps qui sert à nourrir les nourrissons. C’est la société qui en a fait quelque chose de lié au sexe”, explique-t-elle. “Le topless est un acte fort, selon moi. Même s’il faut aussi respecter le choix de celles qui ne veulent pas le pratiquer.” La jeune femme affirme qu’elle sautera le pas un jour, même si elle ne se sent pas encore tout à fait prête à affronter les regards.
Leïla prend sa mère comme exemple pour illustrer les différences entre les générations. “Dans les années 80, en Allemagne (sa mère est Allemande, n.d.l.r.), les femmes pratiquaient énormément le monokini. Là-bas, les gens s’en fichaient complètement. Pour elle, les seins nus étaient comme une notion de liberté, une manière de rendre hommage à son corps, tel qu’il est”, raconte-t-elle. Lola, elle, admire les femmes qui ont le courage d’assumer leur poitrine sur la plage. “C’est aussi une manière de montrer que notre corps n’appartient pas à notre conjoint ou à notre mari. Nous sommes libres de faire ce que nous voulons, il ne faut pas l’oublier”, rappelle-t-elle.
Un accord avec soi-même
Camille, 25 ans, est la seule à avoir pratiqué le topless... quand elle avait 17 ans. Une seule fois. “C’était en Espagne, lors de vacances entre copines. On avait testé pour le fun, et à l’époque, j’avais apprécié l’expérience. Mais j’étais adolescente, insouciante et surtout très sûre de moi. Aujourd’hui, j’ai moins confiance en moi, je me compare beaucoup plus et le regard des autres m’atteint plus facilement”, confie-t-elle. “Oui, les femmes devraient se sentir libres de faire du monokini sur la plage, mais c’est d’abord un accord qu’elles doivent passer avec elles-mêmes. Si une femme ne se sent pas prête, ou si elle n’en ressent pas l’envie, elle ne doit pas le faire absolument ‘au nom de la liberté’.”
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