Risque d'incontinence pour les femmes sportives ou en surpoids

L'incontinence n'est pas qu'un désagrément du vieillissement, mais menace aussi les personnes en surpoids et les jeunes femmes sportives, souligne l'Association française d'urologie (AFU) à l'occasion de la 7e Semaine nationale de l'incontinence, du 23 au 28 mars.

Avec le slogan "l'incontinence ne touche pas forcément les personnes que l'on croit", la campagne de prévention 2009 veut alerter sur les risques que courent des populations bien différentes. Le contrôle des urines repose sur des structures neurologiques et une mécanique locale impliquant la vessie et les muscles du sphincter et du périnée.

Une femme sur cinq
Si la pression vésicale est supérieure à la capacité de résistance du sphincter et du périnée, des fuites peuvent apparaître. Une femme sur cinq souffrirait d'incontinence urinaire d'effort. Elle peut être provoquée par les efforts sportifs, mais aussi le rire, la toux... Grossesse, accouchement et ménopause sont des moments critiques.

Mais il y a d'autres facteurs de risque, comme certains sports ou une activité physique trop intense, même chez des femmes jeunes. Chez les sportives, lorsque la paroi abdominale est très "tonique", la tension est une source de pression "vers le bas", en direction du plancher périnéal qui est lui insuffisamment musclé, expliquent les spécialistes.

Sport adapté
Parmi les sports à risque élevé: course à pied, sauts de haie, aérobic intensif, gymnastique acrobatique, trampoline, volley et hand-ball, arts martiaux... Les risques sont modérés pour le tennis et le ski, faibles pour la marche, la natation, le vélo ou le roller. Des risques qui ne remettent pas en cause les bénéfices d'une pratique sportive, mais qui doivent être pris en compte.

"Il faut que le sport et l'intensité de sa pratique soient adaptés", indique Jean-François Hermieu (hôpital Bichat - AP-HP). Cet urologue estime que le médecin qui établit un certificat de non contre-indication à la pratique du sport devrait évaluer l'état du périnée. Le gynécologue a lui aussi un rôle à jouer dans la prévention, ajoute-t-il.

Périnée
Aux femmes "un peu limite", on peut conseiller d'aller voir un kinésithérapeute pour apprendre à faire des exercices de musculation du périnée. Pour les femmes qui ont déjà d'autres facteurs de risque (antécédents familiaux, tabac, constipation, fuites urinaires pendant la grossesse ou après l'accouchement...), "ce n'est pas la peine d'en rajouter et de leur faire faire des sports à risque".

"Ou alors il faut les prévenir des dangers que cela représente", souligne-t-il. Chez les sportives de haut niveau, "c'est un réel problème sous-estimé à la fois par les entraîneurs et les médecins du sport", déclare le Dr Hermieu. Des études montrent qu' "entre une femme sur quatre et une femme sur deux qui fait du sport de haut niveau a des fuites urinaires pendant sa pratique sportive". "On sait aussi que ces jeunes filles ou jeunes femmes n'en parlent pas", ajoute-t-il.

Surpoids
Autre cas de figure, les personnes en surpoids. La surcharge pondérale contribue à la pression de l'abdomen sur la vessie et les muscles pelviens. Les personnes en surpoids ou obèses se plaignent souvent d'envies fréquentes d'uriner et/ou de fuites urinaires.

La perte de poids semble améliorer notablement les symptômes, souligne l'AFU, avec en outre d'autres bénéfices (sur le diabète, l'hypertension...). Au total, plus de trois millions de Français de tous âges -les femmes étant plus touchées que les hommes-, seraient concernés par l'incontinence urinaire. (belga)