À quel point le coronavirus est-il mortel? Deux fois moins que l'insuffisance cardiaque, trois fois plus que le pire des cancers

Statbel, l’office statistique du gouvernement belge, collecte toutes les données sur les décès dans notre pays. La dernière année au cours de laquelle les données ont été entièrement traitées est l’année 2017. À cette époque, 109.629 personnes sont mortes en Belgique. Les trois premières causes de décès sont identiques à celles de toutes les années précédentes pour lesquelles des statistiques sont disponibles: en premier lieu, les maladies cardiovasculaires sont responsables de 27 % des décès, soit environ 29.000 décès. Le cancer occupe la deuxième place, avec une part de 25,8 %, soit 28.000 décès. Le troisième grand groupe de causes de décès est constitué par les maladies du système respiratoire, comme la grippe et la pneumonie. En 2017, 12.000 personnes sont mortes, ce qui représente 11,2 %.

Le Covid-19 a jusqu’à présent tué un peu moins de 10.000 personnes. Il est impossible de prédire combien de victimes supplémentaires le virus fera pendant les mois d’automne et d’hiver, où une nouvelle vague est possible, mais il est presque certain que le coronavirus arriverait en quatrième position des causes de décès dans notre pays en 2020, s’il devait être considéré comme une catégorie distincte. Dans le recensement général de Statbel, cependant, le Covid-19 sera inclus dans la catégorie “maladies respiratoires”. En conséquence, la part de ce groupe va presque doubler et deviendra responsable d’un décès sur cinq en Belgique.

Si on regarde chaque cancer individuellement, on s’aperçoit que le coronavirus a été plus mortel que n’importe quel type de cancer. Le cancer du poumon est la principale cause de mortalité dans ce groupe: il tue en moyenne 3.500 personnes par an dans notre pays. Chez les hommes, il figure même parmi les trois premières causes de décès spécifiques, avec l’infarctus et l’insuffisance cardiaque. Ainsi, en 2020, le coronavirus est déjà trois fois plus mortel. Le cancer colorectal tue également en moyenne 3.000 personnes chaque année. Les autres cancers courants sont le cancer du sein (2.215 décès en 2017) et le cancer de la prostate (1.572). Les maladies du foie, y compris le cancer, ont tué 1.518 personnes en 2017. 

Les maladies cardiovasculaires - malgré la tendance à la baisse de ces dernières années, elles restent la première cause de décès - constituent également un ensemble dans lequel se retrouvent diverses maladies. Les attaques cérébrales ont fait 6.624 morts dans ce groupe. Ce qui reste: environ 20.000 décès dus à diverses formes d’insuffisance cardiaque. En d’autres termes, jusqu’à présent, le Covid-19 n’est “que” moitié moins mortel que les maladies cardiaques.

Le coronavirus, en revanche, est plus mortel que la maladie d’Alzheimer. En 2017, 5.825 personnes sont mortes de différentes maladies du système nerveux, mais cette catégorie comprend également la sclérose en plaques et la maladie de Parkinson. Le diabète, autre cause de décès non négligeable, a tué 1.528 personnes en 2017. La même année, 6.757 personnes sont mortes d’une mort non naturelle. Cette catégorie comprend le suicide (1.723), le meurtre (294) et les accidents de toutes sortes. 

Les maladies du système respiratoire, troisième cause de mortalité dans notre pays, constituent également une catégorie. La pneumonie fait partie de ce groupe, tout comme la grippe. En moyenne, 1.000 personnes meurent chaque année de la grippe dans notre pays, mais ce chiffre n’est pas stable. Les recensements des décès dus à la grippe ont commencé en 2009. Depuis lors, certaines années, la grippe n’a causé aucun décès (2019), mais elle a également provoqué 4.000 décès (2015) ou plus de 3.000 (2017 et 2018). Le coronavirus est donc deux à trois fois plus meurtrière que les pires épidémies de grippe des onze dernières années.

Toutefois, il ne faut pas oublier qu’environ un Belge sur deux de plus de 65 ans - le groupe qui représente 90 % des décès dus à la grippe - est vacciné contre la grippe. Comme la grippe est en constante évolution, l’efficacité d’un tel vaccin fluctue autour de 50 %. Il est impossible de calculer le nombre de décès qui surviendraient sans un vaccin. Comme le coronavirus, la grippe est une maladie qui ne tue pas toute l’année, contrairement à presque toutes les autres causes de décès. Le pic pour la grippe se situe dans les mois d’hiver, le pic pour le Covid se situe en mars et avril. Entre le 10 mars et le 2 mai, 8.000 décès ont été recensés. Il est impossible de prédire si une deuxième vague se produira réellement et quelle en sera la force. À l’heure actuelle, le Covid-19 n’est plus une cause majeure de décès. Avec une moyenne d’environ 5 décès par jour la semaine dernière, le virus est responsable de 1,6 % de tous les décès.