Dans quel hôpital a-t-on le plus de chances de survivre de la Covid-19? Le gouvernement le sait, et le tait

Tout a commencé le 3 juillet, lorsque le médecin intensiviste Geert Meyfroidt de l’hôpital universitaire de Louvain a fait le point sur les bons résultats de sa clinique lors de la commission coronavirus au parlement flamand. Il était fier de glisser que l’UZ, sur 493 “patients Covid” soignés, n’en avait perdu “que” 61. De chiffres très bas à l’échelle mondiale, avait-il signalé en ajoutant que bien d’autres hôpitaux belges devaient faire aussi bien. 

Ce qui devait être une remarque emprunte d’espoir sur le système de santé belge a finalement réveillé une question: combien de décès liés au coronavirus ont-ils eu lieu dans chaque hôpital belge cette année? Le fédéral le sait, car la loi les oblige à communiquer leurs données d’admissions et décès Covid à Sciensano, mais tient l’information secrète.

En effet, l’une des fameuses courbes de l’Institut indique un rapport quotidien du total de décès à l’hôpital, mais seules les données compilées sont disponibles: impossible donc de déduire le taux de survie dans les hôpitaux les plus proches de chez vous, encore moins de les comparer. À dessein, car quand la députée Frieda Gijbels (N-VA) a voulu, en septembre dernier, que ces chiffres par hôpital soient communiqués, la réponse n’a pas tardé: “Non, c’est impossible. Cela serait excessivement dangereux”.

La première raison de ce refus serait qu'il est impossible de donner des chiffres 100% exacts au niveau des admissions Covid, ce qui fausserait nécessairement le “taux de survie”. “Les gens tireraient des conclusions sur base de chiffres incomplets”, balaie Sciensano. Et évidemment, on assisterait à un “shopping sanitaire”: les Belges se feraient plus volontiers admettre à l’hôpital qui engrange les meilleurs résultats. Les “bons” hôpitaux seraient saturés, les “mauvais” seraient vides, ce qui mettrait à terme plus de vies en danger. 

Malgré ses efforts, la nationaliste n’a pas obtenu gain de cause. La Commission d’accès aux documents administratifs a pourtant statué que l’État belge ne peut pas garder l’information confidentielle, arguant que le risque de mise en danger de la santé publique reste fictif.  “Nous constatons qu’il y a dans la publication de ces données un intérêt public essentiel”, conclut la Commission qui fait le lien entre transparence et adhérence de la population aux mesures. Pourtant, à ce jour, Sciensano n’a pas cédé. Frieda Gijbels se défend de vouloir pointer l’un ou l’autre hôpital du doigt, mais estime que de tels chiffres permettraient aux médecins d’améliorer la prise en charge Covid.