La Belgique contrôle-t-elle vraiment le virus? Ou est-ce le calme avant la tempête?
La Belgique se la joue un peu village d’Astérix et Obélix ces temps-ci. Après un triste hit-parade mondial du taux de contaminations par 100.000 habitants, notre pays se maintient nettement plus bas dans les tableaux des infections et décès actuellement. Est-ce vraiment parce que nous avons une meilleure approche que nos voisins? Ou est-ce une fois de plus le calme avant la tempête?
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Et avec la Toussaint 2020 vint le lockdown. “Le confinement de la dernière chance”, pour éviter le pire. Les Belges, écœurés et dépités, voyaient à nouveau les volets se baisser, à part des commerces au cruel nom d’“essentiels”. Ils étaient à nouveau priés de réduire, plus que jamais, leurs contacts, même aux fêtes. Une situation d’autant plus désolante que chez nos voisins, la vie battait encore son plein avec une insouciance qu'on leur jalousait plus qu’un peu. Pourtant, il semble que l’effort fourni paie aujourd'hui: nos voisins sont en proie à une vague alarmante et on a dû y resserrer la vis brutalement tandis que les Belges peuvent toujours envoyer leurs enfants à l’école et même faire les boutiques pour les soldes. Une position confortable, du moins si on la compare avec ce qu’il se passe ailleurs.
Au Royaume-Uni, la situation est actuellement plus grave qu’en avril. Chaque jour, 80.000 tests y reviennent positifs, 27.000 patients Covid sont actuellement hospitalisés - 40% de plus qu’au printemps - et chaque jour, mille morts s’ajoutent au bilan national. Les Pays-Bas sont confinés pour 5 semaines en principe, mais les admissions à l’hôpital continuent d’augmenter.
La France s’inquiète de plus en plus devant des courbes peu réjouissantes. Les chiffres sont inconstants, mais en moyenne, on dénombre 11.780 cas positifs par jour, soit bien plus que le seuil de 5.000 que visait le gouvernement Macron. Et faut-il parler de l’Allemagne, ce premier de classe dans la gestion du coronavirus qui a dû recourir à un lockdown strict et à la hâte pour contrer la hausse exponentielle des courbes. Les mesures sont d’ailleurs prolongées et durcies jusqu’au 31 janvier. Au moins.
L'un des meilleurs élèves d’Europe, mais...
Et nous, petits Belges, anciens bonnets d’âne? Nous sommes parmi ceux qui se portent le mieux en Europe avec quelques autres pays ou îles comme l’Islande. Pourquoi? Sans doute parce que nous avons encaissé des mesures plus strictes et suffisamment précoces, cette fois, lorsque le gouvernement a suivi les experts et entériné une série de mesures conséquentes dès le 19 octobre. Avoir sonné la fin de la récré plus tôt, aussi difficile et pénible cela soit-il pour certains secteurs, nous aura permis de vivre un peu moins mal ce début janvier. Et d’éviter de se retrouver, comme certains pays qui ont tenté l’effet yoyo, dans une situation désastreuse. On pensera à l’Irlande qui se réjouissait encore de ses quelque 522 petits cas quotidiens avant les fêtes, mais qui enregistre désormais 6.110 cas confirmés par jour. Une bûche de Noël dure à digérer.
La Belgique, elle, compte actuellement 1.500 cas confirmés par jour. C’est encore environ le double du seuil prévu par le gouvernement pour envisager d’assouplir les mesures. On le sait désormais, les contaminations ne constituent pas la courbe la plus fiable pour évaluer le virus. Les nouvelles admissions et les hospitalisations, elles, sont une variable déterminante pour notre baromètre. Elles sont aux alentours de 150 par jour, là aussi le double du seuil considéré “sûr” par les experts et les autorités. Enfin, autre courbe très parlante: le taux de positivité, soit le pourcentage de tests revenus positifs. Il tourne autour des 7% actuellement, tandis que l’on souhaite descendre à 3% en Belgique. Ne vendons donc pas encore la peau de l’ours, l’assouplissement tant espéré n’est pas encore à portée de main. D’autant que les mesures ne seront assouplies que si les chiffres tombent sous les seuils fixés durant deux à trois semaines.
La troisième vague est en fait déjà là. Elle n’a juste pas encore émergé
Calme avant la tempête?
Gare d’ailleurs à ne pas nous reposer sur nos lauriers. On aurait presque envie, vu les chiffres plus inquiétants ailleurs, de relâcher la pression et de se croire en sécurité grâce aux efforts déjà fournis. Rien n’est plus faux. On ne sait même pas si on atteindra vraiment les seuils espérés bientôt, au contraire: des voix d’experts s’élèvent pour prévenir que le pire est peut-être à venir. Le microbiologiste et immunologue Hans-Willem Snoeck (de l’université de Columbia) analyse: “Suis-je sûr qu’une troisième vague va déferler? Non. Mais les signaux sont défavorables”. Dirk Devroey, professeur en médecine générale et doyen à la VUB confirme: “Une hausse exponentielle doit être freinée dès ses prémices. Je crains que nous nous y soyons une nouvelle fois pris trop tard”. Marc Noppen, CEO de l’UZ Brussel, est encore plus pessimiste: “La troisième vague est en fait déjà là, elle n’a simplement pas encore émergé”.
La courbe est en effet quelque peu incertaine. Oui, le total des hospitalisations est en baisse. Mais une baisse de plus en plus lente. Dans certaines provinces (Limbourg, Flandres orientale et occidentale), la courbe a même tendance à remonter. Ce n’est jamais un bon signal, car s’il y a un bien une courbe qui ne ment pas, c’est celle-là: elle n’est pas influencée par la capacité ou la volonté de (se faire) tester, elle n’est qu'une traduction des faits. Quelle en est la cause? Un léger “effet Noël”? On sait juste que la baisse ralentit malgré le confinement et les vacances de Noël censées limiter la circulation du virus (écoles fermées, plus de travailleurs à la maison). On constate aussi que partout où les gouvernements ont décidé de laisser les gens célébrer la fin d’année, les chiffres s’embrasent. Et pas (encore) chez nous.
Retours de vacances
Et les touristes alors? Ces gens qui ont choisi, malgré les recommandations, de profiter que les vacances ne soient pas illégales pour aller à l’étranger? Le biostatisticien Geert Molenberghs (KU Leuven et Hasselt) y voit forcément un lien. “Fin août, on a assisté à la même chose: le ralentissement de la baisse a commencé la dernière semaine des vacances et la hausse a été observée début septembre. C’était bel et bien les retours des vacanciers. Si cela était à imputer aux écoles, ce serait survenu un peu plus tard et ça ne se serait pas amélioré dès le 20 septembre. La forte hausse d’octobre, elle, était clairement due au début de l’année académique et aux allers-retours entre le kot et le maison”, résume-t-il. Ce n’est pas l’avis de Snoeck: “Les retours de vacances ont un impact linéaire, c’est l’effet des mesures qui est exponentiel”, affirme-t-il.
Pour ce dernier, les semaines à venir seront négatives, précisément à cause de la réouverture des écoles. Pour lui, la propagation due aux enfants est un problème sous-estimé. Molenberghs, lui, prédit que le retour à l’école produira sous peu une hausse probable des courbes, mais pas de pic extrême non plus. “L’Angleterre a vu les choses différemment. Avec les écoles ouvertes totalement et les jeunes qui n’étaient pas obligés de porter un masque buccal. Chez nous, pas. Et nous savons depuis lors que là-bas, le variant britannique circulait déjà”.
Nous voyons la troisième vague à l’horizon. Mais l’ouragan peut foncer vers vous et finalement changer de direction en dernière minute. On doit en tout cas être prêts à faire face
“Nous voyons les flammes, nous sentons le feu et nous ne l’éteignons pas”
Puis il y a bien ce “variant britannique”, cette nouvelle donne que l’on n’avait pas vue venir. Cette complication de trop qui mine notre début de compréhension du virus - effet saisonnier, contacts, foyers - et les espoirs que le vaccin réglera bientôt tous nos problèmes. Ce variant dont on sait qu'il est plus contagieux dans tous les groupes d’âge. La Belgique restera-t-elle sur son île encore quelque temps? Du temps, on en gagnera certainement en freinant les échanges avec le Royaume-Uni mais ne soyons pas dupes: le variant est déjà dans 40 pays, des USA à l’Est. Nos frontières ne sont pas imperméables et ne le seront jamais. Nous ne pouvons que nous préparer. Notre facteur de reproduction (le nombre de personnes contaminées par un patient Covid) environne les 0,91. Si le variant britannique circule chez nous, le taux de reproduction devrait encaisser un +0,7 et donc nous faire passer à nouveau bien au-delà du seuil de 1 qu’on cherche à ne surtout plus dépasser. Si tel devait être le cas, la seule réponse sera un nouveau renforcement des mesures.
“Nous voyons les flammes autour de la forêt, nous sentons l’odeur du feu, mais nous n’éteignons pas encore l’incendie”, déplore Hans-Willem Snoeck. Geert Molenberghs ne lui donne pas tort sur ce point: “Je suis d’accord sur une chose: la troisième vague se dessine à l’horizon. Nous verrons bien. Mais l’ouragan peut se diriger vers vous et puis changer de direction in extremis. On ne peut faire qu’une chose: se tenir prêts”.
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