Le souffle court? “Il y a des gens qui ont de l'asthme sans s'en rendre compte”

Selon la dernière enquête quinquennale Sciensano sur la santé (2019), 4,4% des hommes et 4,2% des femmes de notre pays souffrent d’asthme. Il s’agit toutefois d’une estimation, car il y a à la fois sous et surdiagnostics. “Parfois, la respiration sifflante est causée par un rhume, mais elle est toujours étiquetée comme de l’asthme. Surtout chez les enfants, car il n’est pas facile de poser le bon diagnostic à un jeune âge. Mais il y a aussi des personnes asthmatiques qui ne réalisent pas que cette maladie peut être à l’origine de leurs plaintes”, explique le professeur Lieven Dupont, pneumologue, qui traite les maladies pulmonaires telles que l’asthme à l’UZ Leuven depuis plus de 20 ans et qui donne des cours à ce sujet à la faculté de médecine de la KU Leuven.

“Parfois, les patients expectorent également des glaires assez consistantes. Cependant, tous les symptômes ne sont pas toujours présents, et certains sont plus graves que d’autres. De plus, les symptômes sont variables. Vous pouvez donc avoir beaucoup de problèmes une semaine et presque aucun la suivante.” Ce dernier point en particulier est, selon le médecin, une indication typique qu’il pourrait s’agir d’asthme.

“Souvent, les symptômes asthmatiques sont causés par une réaction exagérée du système immunitaire au contact d’allergènes. Pensez aux acariens, aux animaux domestiques ou au pollen”, poursuit le professeur. 

La principale différence avec le rhume des foins est que la réaction allergique se produit à un endroit différent du corps. Chez les personnes souffrant du rhume des foins, les voies respiratoires supérieures s’enflamment, ce qui provoque une obstruction ou un écoulement nasal. 

Dans l’asthme allergique, les voies respiratoires inférieures - la paroi de la trachée, les branches des voies respiratoires et le tissu pulmonaire - s’enflamment. Ils produisent davantage de mucus et les muscles de la paroi des voies respiratoires se contractent, ce qui rétrécit les voies respiratoires et rend la respiration plus difficile. La gravité et la fréquence des symptômes varient de légers à très graves. 

Outre l’asthme allergique, il existe également un asthme non allergique. Dans ce cas, l’inflammation est causée par d’autres facteurs tels que des infections virales ou la pollution atmosphérique. Dans les deux cas, les symptômes de l’asthme peuvent également être déclenchés par des stimuli non spécifiques, tels que la fumée, le brouillard, l’air froid, l’effort, certaines odeurs ou lorsque vous riez beaucoup.

L’asthme allergique est plus souvent diagnostiqué à un jeune âge. Si vous êtes diagnostiqué à l’âge adulte, vous avez plus de chances d’avoir un asthme non allergique. “Nous ne pouvons pas dire avec certitude pourquoi une personne développe l’asthme et l’autre pas. Ce qui est certain, c’est qu’il existe des gènes de prédisposition à l’asthme. En d’autres termes, vous y êtes peut-être prédisposé. Si les deux parents sont allergiques, il y a 50% de chances que leur enfant le soit aussi. Si l’un des parents est atteint de la maladie, le risque est de 25%.” 

De plus, les hormones joueraient un rôle. “Les chiffres montrent que les femmes en période de ménopause sont plus souvent touchées. Cependant, on ne sait toujours pas quels sont les mécanismes qui en sont exactement responsables.”

Outre la prédisposition génétique, l’influence de l’environnement est indéniable. “Nous observons davantage d’asthme dans les zones où la pollution atmosphérique est élevée. La maladie peut également apparaître soudainement à la suite d’une exposition à certaines substances, que ce soit au travail ou non. En outre, le tabagisme et l’obésité, à la fois tôt et plus tard dans la vie, sont des facteurs de risque.”

L’asthme est une maladie chronique. Une fois que vous avez été diagnostiqué, vous ne pouvez pas vous en débarrasser. “Toutefois, nous constatons que les enfants asthmatiques présentent souvent un certain degré d’amélioration lorsqu’ils deviennent adultes. Dans 1 cas sur 5, les symptômes disparaissent même complètement, bien que la maladie reste détectable dans les tests de la fonction pulmonaire. Chez les adultes, ce chiffre est de 1 sur 7. Pourtant, il vaut mieux prévenir que guérir. “Un mode de vie sain - ne pas fumer, faire suffisamment d’exercice - joue certainement un rôle. Nous savons également que le tabagisme et l’obésité pendant la grossesse augmentent le risque d’asthme chez l’enfant. En revanche, l’allaitement maternel offre une plus grande protection contre l’asthme et les allergies.”

Il est également utile de vivre à quelques centaines de mètres au moins d’une route à grande circulation, mais ce n’est malheureusement pas forcément évident dans un pays comme la Belgique. “Ce que vous pouvez faire, c’est éviter un environnement de vie malsain, comme l’humidité et la moisissure sur les murs”, conseille M. Dupont.

Le fait de grandir dans une ferme réduit également le risque d’asthme et d’allergies. “Le contact précoce avec le microbiote, c’est-à-dire les bactéries et les champignons, qui y sont abondants, a un effet protecteur selon les recherches.” Ces résultats vont dans le sens de l’hypothèse dite de l’hygiène, selon laquelle l’augmentation des allergies et de l’asthme allergique est due au fait que nous vivons de plus en plus proprement, ce qui ne donne pas aux enfants suffisamment d’occasions de développer un système immunitaire sain.

Bien que l’on ne puisse pas guérir l’asthme, il est généralement possible d’obtenir un soulagement presque complet des désagréments qui y sont associés. “La majorité des patients reçoivent un traitement avec des corticostéroïdes inhalés anti-inflammatoires en association avec des bronchodilatateurs. Généralement, les deux sont présents dans la même préparation, qu’il faut ensuite respirer quotidiennement.” Il est important de le faire correctement et toujours au même moment. Même les jours où vous ne souffrez pas. Si vous ne le faites pas, les symptômes peuvent réapparaître soudainement et de façon importante. Pour de telles poussées, un traitement d’urgence est recommandé, composé de bronchodilatateurs à courte durée d’action, associés de préférence à des corticostéroïdes inhalés supplémentaires.

En cas d’asthme grave, les corticostéroïdes oraux, sous forme de comprimés, peuvent apporter un soulagement. “Mais ils ne sont prescrits qu’en cas de nécessité absolue, car ils peuvent avoir des effets secondaires désagréables à long terme. Pensez au développement du diabète, à l’hypertension artérielle et à la prise de poids, souvent au niveau du visage. Malgré tout, ces dernières années, un certain nombre de thérapies biologiques ont été développées pour les personnes souffrant d’asthme sévère et qui n’impliquent pas d’effets secondaires, comme le mepolizumab, le benralizumab, le dupilumab.” Lorsque des corticostéroïdes inhalés sont utilisés, il n’y a pas lieu de craindre des effets secondaires extrêmes. “Moins de 5% des patients en souffrent. Les plus courants sont un goût désagréable dans la bouche, qui peut s’accompagner ou non de la formation de moisissures, et un enrouement. Pour éviter cela, vous devez vous rincer soigneusement la bouche après avoir inhalé le médicament. Les dilatateurs des voies respiratoires peuvent également provoquer des palpitations. Ce n’est dangereux que si les doses sont trop élevées.”

Le pneumologue tient à souligner que vous ne devez absolument pas arrêter de prendre votre médicament par crainte d’effets secondaires, et que cela ne doit pas vous empêcher de faire traiter votre asthme. Malgré les nouvelles inquiétantes concernant les effets secondaires possibles du montelukast, un autre anti-inflammatoire qui est parfois prescrit aux personnes qui ne tolèrent pas bien les corticostéroïdes ou qui ne sont pas suffisamment aidées par ceux-ci. “Le faible risque d’effets secondaires graves ne compense pas les conséquences d’un asthme non traité. Parce que ça peut mettre la vie en danger.”

Existe-t-il des remèdes populaires qui n’aident pas à lutter contre l’asthme? “Les médecines alternatives comme l’acupuncture ou l’ostéopathie ne sont pas des méthodes de traitement qui ont fait leurs preuves. Les patients me demandent parfois si cela peut soulager leurs symptômes d’asthme. Si cela vous permet de vous sentir mieux, vous êtes bien sûr libre de l’essayer. Mais toujours en combinaison avec un traitement médical”, souligne le médecin.

Ce qui aide - également en combinaison avec un traitement médical - c’est la prise en charge personnelle. “Le stress peut déclencher les symptômes de l’asthme et les aggraver. Les exercices de respiration ont aussi souvent un effet positif pour cette raison. Pensez à la méthode Buteyko, où vous apprenez à inspirer et expirer de manière calme.”

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