Prôné en Allemagne, le masque FFP2 peut-il nous sauver des nouveaux variants?

Il y a différentes sortes de masques buccaux pour nous protéger des agents pathogènes qui se répandent dans l’air, et chacun a son propre degré de protection. Le plus élémentaire de tous est qualifié de masque de confort, il est en tissu lavable parfois “fait main” comme durant la première vague et il n’est pas pourvu de filtre supplémentaire. Certains experts estiment que ces masques devraient être interdits car ils sont trop peu lavés et trop peu efficaces. Il doit en effet être nettoyé à 60 degrés pour être débarrassé des éventuels virus, et séché à l’air libre.

Celui qu'on voit le plus régulièrement au supermarché ou dans les transports en commun, c’est le masque léger bleu ciel ou vert, jetable: on l’appelle le masque médical ou chirurgical. Il y a également le FFP1, le masque anti-poussière typique.

Mais en Bavière, c’est désormais le fameux FFP2 qui est de rigueur: celui qu’on appelle appareil de protection respiratoire jetable filtrant contre les particules. Il présente une sorte de bec caractéristique.

À côté de ces modèles les plus standards, il reste le FFP3. C’est celui qui fournit la plus haute protection et qui est particulièrement utilisé dans l’industrie chimique. Le porteur est alors optimalement préservé des particules les plus fines et dangereuses (amiante, silice...)

Le masque en tissu et le FFP1 filtrent environ 80% des particules flottant dans l’air. C’est pour cela qu’ils protègent d’abord les autres, et pas celui qui porte le masque. 

“LE FFP2 est par contre bel et bien un moyen de se protéger personnellement”, explique Marco Van Haafte de Medimundi, la firme de Saint-Trond qui fabrique en temps normal des cartes à jouer Cartamundi mais s’est reconvertie dans la production de FFP2. “De tels masques filtrent au moins 94% des aérosols inspirés mais aussi les particules et autres éléments flottant dans l’air”. Les masques produits par Medimundi filtrent même jusqu’à 98% des virus, à condition de les porter correctement. “Cela les rend presque aussi efficaces que les FFP3, dont la norme de protection est de 99%. 

Autre avantage: alors que les masques chirurgicaux perdent leur capacité de filtration électrostatique lorsqu’ils sont mouillés, ce problème ne se pose pas avec le FFP2 grâce à son filtre doté de micro-orifices. 

Les masques sont généralement relativement désagréables à porter. Mais les élastiques du FFP2 serrent particulièrement fort. “Donc si vous êtes déjà d’avis que le masque classique est gênant, essayez donc un FFP2 durant 8 heures”, ironise Steven Van Gucht, qui en a déjà fait l’expérience. “De plus, ces masques n’offrent une protection optimale que lorsqu’ils sont parfaitement portés, quand ils sont fermement placés sur le visage pour éviter toute ‘fuite’”. Or ce confort moindre augmente le risque que le masque ne soit pas utilisé correctement, ce qui entrave évidemment son efficacité. 

Le FFP2 est surtout connu comme masque à particules dans le secteur du bâtiment. Mais il est aussi monnaie courante dans les laboratoires, dans les services de secours ou dans le secteur métallurgique. “Ils sont donc intéressants dans le secteur des soins, par exemple lorsqu’un patient tousse. Mais aussi pour les dentistes qui sont constamment exposés aux aérosols”, juge le virologue de Sciensano. “On peut d’ailleurs envisager que le secteur des métiers de contact les utilise à leur réouverture”. 

“Mais d'un point de vue purement épidémiologique, l’intérêt de les faire remplacer les masques actuels? Je ne vois pas de plus-value. Où et quand sommes-nous contaminés? En famille, entre amis, entre collègues: au moment où on tombe le masque”, résume-t-il.

Dans les pharmacies belges en ligne, vous pouvez vous procurer un paquet de 20 masques jetables FFP2 pour la somme de 63,71 euros ou 3,2 euros pièce. Cela revient donc, sur le même magasin en ligne, à dix fois plus cher que le masque jetable disponible au prix de 0,31 euros. Vous pouvez évidemment trouver des fournisseurs moins chers sur internet, à environ 2,7 euros pièce. Dans les magasins de bricolage, où ils sont évidemment aussi dans l’assortiment, ils coûtent environ 3 euros pièce. Pour les achats en ligne, gare aux sites frauduleux et aux masques non homologués. 

“Sur base des besoins actuels, il n’y a pas de pénurie”, affirme Georges Verpraet de l’association de pharmaciens APB. “Les quantités disponibles sont monitorées”. Même son de cloche du côté de la fédération des négociants pharmaceutiques, qui ne voient pas leurs stocks s’écouler trop vite et en ont encore en réserve. 

Steven Van Gucht est sceptique: “Que celui qui a envie d’en porter le fasse. Personnellement, j’y vois surtout un coût important pour une durée d’utilisation de 8 heures seulement, après quoi il faut remplacer le masque. Donc selon moi, ils ne forment pas une réelle plus-value. Ce n’est pas avec ça qu'on fera la différence pour contrôler l’épidémie”, résume-t-il avant de conclure: “En ce qui me concerne, c’est non”. 

Des propos également exprimés hier par Yves Van Laethem lors de la séance de questions de la conférence de presse du Centre de crise:

Le masque obligatoire dès l’âge de 10 ans?

Le masque en tissu bientôt interdit dans certains endroits à cause des nouveaux variants?