Quand la résignation s’installe: les effets de la crise sanitaire sur la santé mentale
Crise sanitaireInvité au micro de France inter, le pédopsychiatre et psychanalyste Patrice Huerre a évoqué un phénomène sous-estimé de la crise sanitaire. Une forme de résignation face à l’insoluble, une perte d’envie, un repli sur soi: l’auto-confinement psychique.
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“A-t-on atteint nos limites en termes d’acceptabilité des contraintes?”, demande, à juste titre, Mathilde Munos à Pierre Huerre, spécialiste de la question. “Ces contraintes révèlent les particularités et les fragilités de chacun”, observe-t-il. En effet, si chez certains la situation conduit à la “révolte”, chez d’autres, sans doute beaucoup plus nombreux, elle engendre la “dépression”, le “repli sur soi” et “appauvrit la pensée”. Une réaction face à l’adversité que le psychanalyste nomme le “confinement psychique”.
Angoisse et dépression
Pierre Huerre constate une augmentation importante des cas de détresse psychologique en France, sous la forme d’angoisses chroniques ou d’état dépressif. Il y a désormais un grand besoin de soutien et d’écoute. Le phénomène le plus inquiétant se mure toutefois discrètement dans l’ombre, souvent entre les murs du domicile: “Tous ceux qui ne demandent plus, qui se sentent enfermés sur eux-mêmes, qui ont perdu toute perspective, qui n’ont plus du tout de sens de l’avenir”. Un mal moins visible mais sans doute plus préoccupant à long terme.
Communication à distance
Si elles ne sont pas négligeables, les méthodes de communication à distance ne répondent pas au “besoin de l’humain de rencontrer, de croiser, de toucher, d’échanger avec d’autres humains, un besoin sans doute minimisé”, note l’expert. “De plus en plus de personnes s’auto-confinent psychiquement. Ils restreignent leur intérêt pour l’extérieur (...) Ils ne souhaitent même plus rencontrer les autres, appeler leurs amis ou les voir. Ils se sont adaptés à une forme d’hibernation des esprits”, commente-t-il.
“Rouvrir les lieux culturels”
La crise sanitaire entraîne en effet un oubli progressif de la notion de plaisir. “L’espace du rêve s’amoindrit”, souligne Pierre Huerre qui évoque une “asphyxie psychique” et la nécessité d’opérer une “réanimation psychique”. Le spécialiste craint des conséquences à long terme qui “risquent de se payer très cher” et redoute un “état d’enfermement”, au sein de la population, bien difficile à quitter. “Il va y avoir des séquelles lourdes sur le plan psychique”. Selon lui, “rouvrir les lieux culturels sera essentiel” pour raviver la flamme. “Ce n’est pas du tout accessoire", insiste-t-il.
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