Vandenbroucke ignorait que le matériel de test périmé valait des millions: “Une erreur fâcheuse”
Dans quelques semaines, le gouvernement fédéral devra détruire pour 10,7 millions d’euros de matériel de test Covid-19 périmé et donc inutilisable. Fait remarquable: une enquête du journal Het Laatste Nieuws révèle ce jeudi que le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke ignorait qu’une telle somme d’argent était en jeu. Et pour cause, certains produits ont été estimés... 390 fois moins cher que leur valeur réelle. “Une erreur fâcheuse”, regrette le vice-Premier ministre. Comment a-t-il pu se tromper à ce point?
Peu avant les vacances de Toussaint, nos collègues du journal Het Laatste Nieuws ont posé une question relativement simple au ministre de la Santé publique. Après avoir mené l’enquête, ils ont découvert qu'il y avait pour plus de 10 millions d’euros de matériel de test Covid-19 périmé stocké dans les entrepôts du gouvernement. Des équipements achetés aux alentours de Noël l'année dernière et qui n’auront donc servi à rien. Dix millions d'euros jetés à la poubelle, ça fait mauvais genre en période de crise. Nos collègues flamands ont donc demandé au ministre compétent ce qu'il en pensait. Sa réponse fut pour le moins étonnante.
Frank Vandenbroucke a d’abord nié que de tels montants étaient en jeu. Selon le SPF Santé publique, la perte ne s’élèverait qu’à un demi-million d’euros, tout au plus. Soit vingt fois moins que la somme calculée par HLN. Le ministre a de nouveau confirmé ces chiffres après vérification. “Cela représente environ 498.000 euros de matériel”, a-t-il affirmé.
Or, un document interne du SPF Santé publique, que nos collègues ont pu consulter, montrent que ces montants sont bien différents de ceux avancés par le ministre. “Nous allons vérifier à nouveau”, a répondu le ministre, confronté à ce document. Dix jours plus tard, Frank Vandenbroucke a bien dû admettre son erreur.
Calculs erronés
“Nos calculs ne sont pas corrects”, a finalement avoué le vice-Premier ministre Vooruit. Très loin d’être corrects, même. Ainsi, pour un produit, le SPF avait noté qu'il valait 4,9 euros pièce. Or, son prix réel était de 1.905 euros l’unité. C’est presque... 390 fois plus. Par conséquent, Vandenbroucke s'est complètement trompé sur la valeur du matériel périmé dans son entrepôt. Des produits qui, selon lui, avaient coûté un demi-million d’euros se sont révélés valoir 2,3 millions d’euros en réalité. Dès lors, le montant total du matériel de test qui sera inutilisable d’ici la fin de l’année s’élève donc à 10,7 millions d’euros.
Le ministre s'est excusé pour cette fâcheuse erreur. Mais il n’a pas réalisé qu’il en avait commis une autre. En effet, du matériel de test est également stocké dans les laboratoires fédéraux qu'il a lui-même mis en place en octobre 2020. Ces laboratoires ont récemment fermé leurs portes, mais disposent toujours de stocks financés par le gouvernement. Et que valent-ils? Là aussi, les chiffres donnés par Vandenbroucke sont tout à fait erronés.
Par exemple, Frank Vandenbroucke a affirmé que le laboratoire de la KU Leuven dispose encore de matériel d’une valeur de 86.000 euros. Or, en connaissant la valeur exacte, cela représente au moins un demi-million d’euros. Six fois plus. À l’université de Mons, il a même sous-estimé de dix fois la valeur des équipements. Ainsi, le matériel pour lequel le gouvernement a déboursé plus de 500.000 euros ne vaudrait plus que 54.000 euros aujourd’hui, selon ce même gouvernement.
“Erreur ponctuelle”
“Je trouve pour le moins fâcheux d’avoir livré des chiffres à ce point erronés”, souffle le ministre de la Santé. “Ces mauvaises estimations sont dues à l’utilisation d’un prix unitaire erroné pour une certaine partie du matériel”, explique-t-il.
Le ministre regrette “une erreur ponctuelle” et assure que la Cour des comptes avait déjà reçu les bons chiffres. Vandenbroucke d’ajouter que le gouvernement avait également reçu des informations correctes sur le matériel périmé dans les entrepôts fédéraux en avril. Dans une note, le ministre écrivait à l’époque qu’il y avait en stock pour 98,5 millions d’euros de médicaments inutilisables, de masques et de matériel de test. Ce montant a été ouvertement remis en question l’été dernier par Medista, la société de logistique qui a géré le stock pendant deux ans. “C’est plus, mais le SPF Santé publique ne veut pas l’admettre”, affirme-t-on chez Medista. Vandenbroucke l’a toujours nié.
Le fait que des montants totalement hors-sujet ont été transmis à Vandenbroucke donne du poids à la contestation de Medista. Pourtant, le ministre n'a pas l’intention d’enquêter à ce sujet. Le socialiste promet seulement qu’un nouvel inventaire des stocks dans les labos fédéraux sera effectué. “Cette fois avec des prix corrects”, dit-il.
La N-VA réclame un audit
À la question de savoir si un audit du SPF Santé publique ne serait-il pas nécessaire, Vandenbroucke botte en touche. Il constate seulement que le service qui a commis les erreurs de calcul n’est techniquement pas le même que celui qui gère le stock stratégique depuis deux ans.
Mais l'affaire risque de ne pas s'arrêter là. En effet, la N-VA, dans l’opposition au fédéral, exige qu’un audit soit réalisé. “Nous le demandons déjà depuis un an”, rappelle à HLN la députée Kathleen Depoorter. “De trop nombreux manquements de ce type sont apparus ces derniers mois. Le ministre doit se rendre compte qu’il est confronté à un problème. Seul un audit peut apporter de la clarté”, a affirmé la nationaliste flamande.
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