À la recherche du médicament miracle contre la Covid

Il est préférable d’intervenir assez rapidement après une infection au coronavirus. C'est lors de cette première phase que le virus se multiplie dans l’organisme. L’idéal serait d’utiliser de puissants antiviraux pour stopper la production de nouvelles particules virales. C’est ainsi que les malades du sida sont traités, ce qui leur permet de mener une vie normale.

“Malheureusement, pour la Covid-19, il n'existe pas encore d’antiviraux à l’efficacité prouvée”, explique le professeur Bart Lambrecht, pneumologue à l’hôpital universitaire de Gand et directeur des maladies inflammatoires à l’Institut flamand de recherche en biotechnologie (VIB). “Nous avons désormais des doutes sur le Remdesivir, initialement utilisé contre le virus Ebola. Toutefois, en Belgique comme dans d’autres pays européens, des recherches sont menées pour savoir si l’interféron, une protéine antivirale, peut aider à contenir le virus”, expose le Pr Lambrecht.

Fièvre, fatigue, toux sèche: quatre fois sur cinq, la Covid-19 provoque des symptômes “bénins ou modérés”. Mais souvent s’ajoute une gêne respiratoire qui peut déboucher sur un syndrome respiratoire aigu sévère. C’est le cas pour environ une personne sur cinq ou sur six qui requiert une hospitalisation pour s’en sortir, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils sont victimes de ce que les scientifiques appellent un “orage de cytokine”, une réaction excessive du système immunitaire qui peut être mortelle. Les cytokines alertent le système immunitaire pour combattre les virus ou les bactéries. Parfois, elles réagissent de manière excessive, si bien que le système immunitaire déraille et attaque les cellules saines.

Un médicament semble efficace pour contrer ce phénomène: EXO-CD24, un médicament expérimental par inhalation développé depuis quelques mois au Centre médical Sourasky de Tel Aviv, en Israël. C’est ainsi que 30 cas modérés à sévères de la Covid ont été guéris en seulement quelques jours dans un essai clinique de phase I. Un médicament qui semble prometteur.

Le professeur Bart Lambrecht confirme. “Je pense que c’est un très bon médicament”, dit-il. “Il est administré par inhalation et va donc directement là où il doit agir, c’est-à-dire dans les poumons. Concrètement, EXO-CD24 veille à ce que les macrophages de nos poumons fonctionnent à nouveau correctement. On peut comparer les macrophages à des aspirateurs qui aspirent les cellules mortes et les virus. Mais chez ces patients atteints de formes graves, les macrophages sont en quelque sorte remplacés par de nouveaux aspirateurs, qui produisent l’effet inverse en soufflant de la ‘poussière’ dans les poumons. Le médicament israélien vise justement à empêcher cela”, souligne le professeur gantois.

L’hôpital universitaire de Gand et le VIB testent également un médicament actuellement en phase de développement, le Leukine, pour lutter contre l’orage de cytokine. Il s’agit de l’une des trois études menées dans notre pays auxquelles participe le professeur Lambrecht. Au total, cinq cents patients de seize hôpitaux différents y ont participé. “Nos études sont à présent terminées et nous analysons les résultats. Cela prend du temps car il faut encoder des centaines de paramètres pour chaque patient. La plus grande des trois études porte sur 340 patients et nous avons testé trois médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde”, précise le spécialiste.

“Nous devrions avoir les premiers résultats de cette étude dans une quinzaine de jours. Nous espérons que ces médicaments auront un effet favorable sur le taux de mortalité des patients Covid mais également sur la durée de leur séjour aux soins intensifs. Les médicaments sont censés stopper l’orage de cytokine. Ils devraient inhiber l’inflammation pulmonaire ainsi que la coagulation excessive chez les patients. Cette coagulation cause des problèmes principalement dans les capillaires pulmonaires, mais la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins peut également provoquer une embolie pulmonaire, par exemple.”

Par ailleurs, l’UZ Leuven cherche à savoir si le plasma provenant de personnes ayant guéri de la Covid peut être un traitement efficace pour les patients qui en sont atteints.