Les premiers Européens avaient la peau foncée et les yeux bleus

Les paléontologues ont analysé les génomes de 356 fossiles datés d’il y a entre 5.000 et 45.000 ans. Une étude génétique qui, appuyée par l’archéologie, permet aujourd’hui d’esquisser un portrait de nos ancêtres européens.

Si les premières traces d’incursion d’Homo sapiens sur le continent européens remontent à plusieurs centaines de milliers d’années, celles du premier groupe ancestral, découvert à Goyet, en Belgique, remontent à 35.000 ans. “Ces individus originaires d’Afrique ont remplacé l’ensemble des populations européennes les précédant”, explique au Figaro Évelyne Heyer, paléogénéticienne au Muséum national d’histoire naturelle à Paris. “On connaissait déjà ce schéma, mais dans ces travaux, nous apprenons deux choses nouvelles: ces populations avaient la peau noire et les yeux bleus.”

Arrivés sur le continent européen, ces populations se dispersent, notamment à L’Ouest, en Espagne et dans le sud de la France, pour trouver un climat plus clément au plus fort de la dernière période glaciaire. Elles remonteront ensuite vers le nord lorsque le climat se réchauffera. En Italie, les scientifiques observent un autre phénomène. “On constate sur la botte italienne un métissage des populations que l’on n’a pas du tout en France et en Espagne. L’hypothèse des auteurs est que l’Italie devait se trouver sur un couloir de migration façonné par l’ère glaciaire”, indique Évelyne Heyer.

En effet, contrairement à ce qu’il s’était produit précédemment, les populations existantes ne sont plus remplacées par les nouvelles venues, mais on observe un métissage. Ces populations métissées, à la peau plus claire et aux yeux plus foncés, s’étendront ensuite à l’ensemble de l’Europe, sans pour autant se mélanger aux populations de l’ouest.

La dernière grande vague migratoire débute il y a un peu plus de 8.000 ans, avec l’arrivée en Europe des premiers agriculteurs. Une fois encore, une hybridation se met en marche. “Ces individus sont plus clairs de peau. On pense aussi qu’un changement dans le régime alimentaire a conduit à un appauvrissement des apports en vitamine D”, explique Évelyne Heyer. “Avec un ensoleillement plus faible, la couleur blanche compense cette perte, car elle permet de mieux absorber les rayonnements UV et de synthétiser la vitamine D.”

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