Quand les aurores boréales privaient de courant six millions de personnes

Tout d’abord, il est important d’expliquer ce qu’est une aurore boréale. Lorsqu’une éruption solaire se produit, des particules chargées en électrons sont projetées dans l’espace à très grande vitesse. À l’approche de la Terre, ces particules heurtent des atomes d’oxygène et viennent perturber le champ magnétique terrestre. “Ces atomes sont très excités. Ce n’est que lorsqu’ils reviennent à leur état normal qu’ils produisent de la lumière”, nous explique Hervé Lamy, de l’Institut royal d’aéronomie spatiale. “Lorsque cela se produit à 110 kilomètres d’altitude, la lumière perçue est verte, tandis qu’elle est plutôt rose-rouge quand cela se passe à 220 kilomètres du lieu d’observation (ce qui fut le cas hier et avant-hier soir, NDLR).”

Ce phénomène lumineux spectaculaire est plutôt rare sous nos latitudes. En effet, les aurores boréales sont généralement visibles dans ce que l’on appelle l’ovale auroral, situé au-dessus du pôle Nord, des pays scandinaves, de l’Islande ou du Canada. “Quand le soleil est extrêmement actif, cela produit des perturbations plus importantes. Dans quel cas, l’ovale auroral s’étend un peu vers le nord, mais surtout vers le sud, notamment aux Pays-Bas et en Belgique”, explique le scientifique. “Je me souviens qu’en 2000, des aurores étaient visibles jusque dans le sud de la France et même en Espagne.”

Hervé Lamy insiste: “Ce qu’il s’est produit dimanche est un phénomène dynamique proche de ce que l’on peut observer dans les pays du Nord. C’est un événement exceptionnel qui ne se déroule qu’une fois toutes les X années.” Et en l’occurrence, tout le monde n’a pas pu l’observer. Premièrement, car les aurores boréales n’étaient pas visibles partout, deuxièmement, car elles n’étaient pas forcément perceptibles à l’œil nu. “Les quelques chanceux qui ont pu observer ce phénomène lumineux sont les photographes et les astronomes amateurs qui étaient au courant et ont sorti leurs appareils photo pour immortaliser l’instant”, commente le scientifique.

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Les aurores boréales peuvent avoir des conséquences fâcheuses. En 1989, une éruption solaire a affecté notre planète, et plus particulièrement le Québec, où une trentaine de variations brusques du champ magnétique terrestre ont entraîné une panne de courant générale qui a privé six millions de personnes d’électricité durant neuf heures. Cet orage magnétique reste à ce jour celui qui a causé le plus de dégâts sur Terre.

Les éruptions solaires, qui provoquent les aurores boréales, peuvent aussi affecter nos satellites. “Nous avons mis des choses en place pour nous prémunir d’un incident tel que celui de 1989. Du moins, sur le sol. L’espace est beaucoup plus exposé, et dans l’espace, il y a de plus en plus de satellites dont nous dépendons notamment pour communiquer”, explique Hervé Lamy. “La météorologie spatiale, qui est une branche de l’aéronomie spatiale, étudie justement les phénomènes impliquant les champs magnétiques, les rayonnements ou encore les flux de particules dans l’espace, et leurs impacts possibles sur les systèmes fabriqués par l’homme.” À titre d’exemple, le spécialiste de l’Institut royal d’aéronomie spatiale se souvient que “vers 2015, on a perdu le contact avec un avion de ligne, justement à cause des aurores boréales”. L’engin était toujours visible sur les radars, mais toute communication était impossible.

Des aurores boréales spectaculaires immortalisées en Belgique: elles seront encore visibles ce soir

REGARDEZ: Des aurores boréales ont été observées en Belgique et aux Pays-Bas