Ce muscle (souvent oublié) que l'on devrait travailler pour plus de plaisir sexuel

Tout le monde possède un périnée. Aussi bien les femmes, que les hommes. Mais habituellement, la gent féminine prend connaissance de son existence au cours de la première grossesse. Un fait regrettable, tant ce groupe de muscles est essentiel au bien-être intime, mais aussi sexuel. 

Le périnée s’apparente à un hamac de muscles entrecroisés qui se trouvent au niveau de l’entrejambe. C’est lui qui va permettre les flux de sortie au niveau du rectum, du vagin et de la vessie. En gros, il gère les fermetures et ouvertures de ces voies. 

“Généralement, on ne s’intéresse pas vraiment au périnée avant d’avoir des problèmes. Or il serait intéressant de le faire”, constate Mariam Sidibé, kinésithérapeute à Bruxelles. Elle explique: “Au niveau de la cartographie cérébrale, le cortex moteur n’octroie que très peu de place au périnée.” À titre d’exemple, la main et la langue prennent a contrario énormément de place. “On a très peu de contrôle moteur (volontaire) au niveau du périnée. C’est la raison pour laquelle il faut le travailler.”

L’incontinence (fuite involontaire d’urine, de selles ou de flatulences) est un des soucis que connaissent les femmes qui ont un plancher pelvien peu tonique. Des problèmes qui ont un impact négatif sur leur qualité de vie... Celles qui souffrent de ces symptômes sont nombreuses à ressentir une certaine honte, mais aussi de l’anxiété et un manque de confiance en elles. Une situation qui les pousse à éviter des activités sportives, voire sociales. 

Bien qu'il se présente sous une autre structure, le périnée est aussi présent chez l’homme. “Certes, les hommes ne connaissent pas de problèmes de descente d’organes (sauf en cas de chirurgie tel que les cancers du rectum) ou encore d’incontinence après un accouchement, mais ils peuvent aussi avoir de gros problèmes. Même s'il est vrai que c’est moins courant que chez la femme.” 

“Les problèmes chez la femme viennent de la pression à l’intérieur de l’abdomen qui pousse vers le bas. La femme a trois orifices: le rectum, le vagin et l’urètre. Ils sont susceptibles de laisser passer la pression et donc, de faire descendre les organes”, détaille Mariam Sidibé, avant d’ajouter: “Chez l’homme, on aura aussi une descente d’organes, mais il y a une fermeture qui est le pénis et qui permet la sortie de l’urine et l’organe sexuel. Mais il n’y a pas de problème de descente d’organes palpables, sauf en cas de chirurgie rectale.” 

Plusieurs catégories de personnes sont susceptibles de faire face à ces problèmes liés au périnée. C’est le cas des femmes ménopausées. “Chez elles, le muscle est devenu de plus en plus fibreux avec le temps. Petit à petit, on voit une transformation du muscle qui sera moins élastique et une altération de la qualité du collagène. Si le collagène est un tissu de soutien, il est très peu élastique. On se retrouve avec des tissus qui ont du mal à bien se contracter et se relâcher. L’idée est donc de travailler le périnée au cours de la ménopause ou autour.”

Ces soucis peuvent également concerner les femmes qui ont eu un enfant, ou pensent à en avoir, ainsi que les personnes assises tout au long de la journée et qui ont une mauvaise posture. Ensuite, il y a ceux qui ont une maladie qui les font tousser et ceux qui souffrent de constipation. “C’est personnes passent leur temps à pousser pour évacuer les selles, mais en le faisant, ils augmentent la pression abdominale et poussent sur la porte de sortie qu’est le périnée.”

À cette liste s’ajoute tout un chacun puisque, comme le rappelle la kinésithérapeute, nous sommes tous victimes de la pesanteur. “Et ce, même si on n’a pas eu d’enfant, que l’on a une super hygiène de vie... On se retrouvera éventuellement avec une légère instabilité du périnée en fin de vie. Il faut donc rééduquer son périnée pour anticiper tous ces problèmes.”

Si la rééducation est essentielle pour une réadaptation fonctionnelle du périnée, elle est également intéressante au niveau sexuel. “Avoir un périnée qui se serre, c’est assez important pour le plaisir masculin, mais aussi pour le plaisir féminin”, précise Mariam Sidibé. De plus, ce muscle est impliqué tout au long du rapport sexuel et particulièrement au moment de l’orgasme. 

“C’est important de pouvoir le contracter au niveau du réflexe de l’orgasme. Si le périnée n’est pas assez tonique, c’est tout simplement compliqué d’avoir un orgasme. Cela va diminuer le plaisir pour la femme et l’homme. Mais au niveau du périnée, donc de la partie extérieure du vagin, il y a plusieurs terminaisons nerveuses. Or si elles sont étirées parce que le muscle est complètement relâché, cela va diminuer le plaisir.” Au-delà du plaisir sexuel, il faut savoir qu’un périnée relâché engendre le risque d’avoir des incontinences urinaires, voire rectales, pendant les rapports.

Tout d’abord, il est essentiel d’aborder le sujet avec votre gynécologue, qui vous redirigera vers un(e) kinésithérapeute. Ce professionnel travaille à l’aide d’une sonde (appelée biofeedback), qui est très semblable à celle que possède le gynécologue et qui lui permet de mesurer la pression exercée par le serrage du périnée (lorsqu’on contracte et exerce une force). “Le kiné va pouvoir déterminer s’il est possible de rééduquer ou non le périnée en fonction d’un certain seuil que le patient est capable d’atteindre ou non.” 

C’est alors la méthode Kegel qui est utilisée pour apprendre à serrer le périnée. Concrètement, ce sont des exercices de contraction et de relâchement de l’ensemble de muscles. L’objectif étant d’avoir une gestion du contrôle, une connaissance du périnée et une reconnexion avec son corps qui peut emmener vers plus de plaisir.

Dans le cas où le professionnel déterminerait qu'une rééducation n’est plus possible, une intervention chirurgicale sera nécessaire. “Ce qui veut dire qu’on est en grade 2, voire 3 (Classification de Baden et Walker). L'opération consiste à mettre des filets qui auront pour objectif de relever la vessie et l’utérus.”

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