Certains commencent à fantasmer sur leur voisin: ce que le confinement fait à notre libido et comment y remédier
Et vous, votre vie sexuelle, ça va? La question paraît indiscrète, mais en ces temps solitaires (ou justement pas assez), elle mériterait d’être posée plus souvent, estime la psychologue Marieke Dewitte. Il faut dire qu’avec l’isolement qui découle du confinement, les nouvelles rencontres sont quasi au point mort. Et cela se fait sentir sur le moral des célibataires... et leur libido. Certains commencent à fantasmer sur les gens qu’ils croisent, quand ce n’est pas un voisin ou un collègue. D’autres, notamment les couples, ont au contraire une libido totalement en berne. “On parle pudiquement de besoin de contact physique. Mais qui ose dire ouvertement: ‘Le sexe me manque?’”, résume la thérapeute. Au menu: trois solutions, des œufs vibrants, des quickies durant les heures de télétravail et surtout: un peu d’indulgence pour soi et son partenaire.
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Un pays confiné. Voilà de quoi pousser, peut-être, des couples à tuer le temps sous la couette, pensait-on au printemps. Après tout, l’excuses de la fatigue due aux embouteillages, le temps gagné à deux: bingo pour les câlins! Vraiment? Cette assertion semblait un peu trop optimiste, estime aujourd’hui Marieke Dewitte, professeur à l’université de Maastricht. La psychologue et sexologue, qui parle sans ciller de vibromasseurs et d’érections, réalise que cela n’est qu’un aspect de la question. Car elle le sait, le sexe est avant tout une affaire d’émotions. Son université et celle de Louvain collaborent actuellement, via une app, pour faire un état des lieux de la vie intime des couples. Et ce n’est pas toujours joyeux.
Il y en a qui font l’amour pour chasser le stress, mais chez d’autres, les tensions et la négativité ambiantes ont un impact sur la libido
Cinq défis
“Ce qui est sûr, c’est que le confinement n’induit pas nécessairement une augmentation des rapports sexuels”, balaie-t-elle. De quoi rassurer ceux qui ne se reconnaissent pas dans le baby-boom qu'on nous promet. “Il y a une série de facteurs qui ne jouent pas en faveur du désir sexuel. (Elle prend sa liste). Pensez aux enfants. Ils sont plus souvent à la maison qu’avant, parce qu’on ne peut plus les envoyer à l’école, dans la famille ou chez des amis. C’est le défi numéro un: on a moins d’intimité. Deux: à force de rester chez soi, certains attachent moins d’importance à prendre soin d’eux. Les gens s’habillent moins, prennent peut-être quelques kilos superflus, se sentent moins désirables”, décrit-elle, lucide.
“Trois: l’énergie sexuelle que vous recevez habituellement des tiers est en nette diminution. Vous sortez à peine, vous rendez moins sur votre lieu de travail. Il y a donc moins de chances que quelqu’un vous dise: ‘Tu es en beauté aujourd’hui’ ou ‘Cette chemise te va bien’. Même lorsque ces échanges ont lieu sans arrière-pensée, ce sont des remarques qui mènent à une valorisation sexuelle saine, et qui ont donc une influence positive sur votre relation”, expose Marieke Dewitte.
“Quatre: il y a parfois trop peu d’espace entre les partenaires pour que le désir soit stimulé. Vous êtes physiquement proches, mais c’est surtout la distance mentale qui est affectée. Votre partenaire était peut-être un manager qui réussissait bien ou un chef-cuisinier plein de talent, mais désormais, c’est devenu un être en jogging sur le canapé. Le mystère dans la relation, entretenu parfois par le fait qu’on ne sait pas bien ce que l’autre fait de sa journée, a disparu”, analyse-t-elle.
Rien de très réjouissant pour l'instant, mais les bonnes nouvelles et conseils sont pour un peu plus tard. “Cinq: le coronavirus engendre de l’angoisse, et chacun y réagit très différemment. Il y a ceux qui font l’amour pour se débarrasser de leur stress, mais la tension et la négativité ambiantes peuvent aussi avoir un effet inverse sur la libido. Et si on se met aux somnifères et aux antidépresseurs - dont on sait qu’ils sont préjudiciables pour les pulsions sexuelles et pour l’orgasme - vous tombez facilement dans un cercle vicieux. Et cela, on évite soigneusement d’en parler parce qu’il semble plus ‘sûr’ de dire qu’on se sent un peu ‘down’ pour l'instant plutôt que de dire: ‘Ma vie sexuelle me rend triste’”.
J’entends sans cesse parler de “l’importance du bien-être mental” dans les campagnes d’information du gouvernement, et je me dis “Nommez simplement le terme sexe, pour une fois!”
“Bien sûr, on ne peut pas lier tout ce qui a trait aux troubles psychiques à un manque de contact charnel, d’affection ou de sexe. Mais cela se manifeste de plus en plus”, rapporte la psychologue. “Ce que je comprends parfaitement, parce que cela demande une sacrée dose de confiance en soi que de confier à un ami: ‘Ma femme ne semble plus attirée par moi, et je me sens mal dans ma peau...’ Les gens campent parfois avec une vraie tristesse, cachée, qui les pèse”.
Combien de fois par semaine?
Elle poursuit sur cette dimension taboue du problème. “Même chez les prestataires de soins de santé, qui sont pourtant tenus au secret professionnel, le thème est rarement abordé. Un gynécologue examine toute l’intimité d'une patiente mais lui demande rarement: ‘Et comment ça se passe, sexuellement, Madame?’ Un généraliste écoutera quelqu’un lui parler de tristesse, de problèmes, de violence intra-familiale... mais ne prendra que rarement le pouls de l’intimité entre les partenaires, ou de savoir si elle existe encore. En tant que sexologue, je trouve ça regrettable. Le sexe reste un peu considéré par le monde médical comme un problème secondaire, même si cela s’améliore un peu”.
Elle étend son raisonnement aux patients atteints d'un cancer. “On prête désormais attention à leur vie intime alors qu’avant on se disait: ‘Quoi? Ces gens ne sont tout de même occupés qu'à tenter de survivre? Alors que se sentir choyé et aimé, ça fait partie de rester vivant aussi! J’entends sans cesse parler de l'importance de la santé mentale, dans les campagnes du gouvernement. Très bien, mais souvent, je me dis: ‘Mais citez au moins une fois le mot sexe!’ (elle rit) Et sans faire pression ni véhiculer des normes sur le ‘nombre de fois par semaine’ où il faut faire l’amour. Les couples se posent souvent la question. Mais il ne faut pas se stresser à savoir si on fait comme il faut ou pas, et encore moins du côté des célibataires. Il faut aussi rassurer, justement: que vous le fassiez moins que d’habitude, ou plus, tout est possible et c’est tout bonnement normal”.
C’est un mythe, que le sexe doit être “spontané”: faites l’effort! Créez le désir et montrez-vous ouvert au sexe
Trois solutions
Place aux solutions. La sexologue a une liste également: “Un: je pense que les couples ont beaucoup à apprendre des couples qui s’aiment à distance, qui ne peuvent pas être ensemble en ce moment. La créativité dont ces gens font preuve est phénoménale. Ils utilisent leur ordinateur, des œufs vibrants commandés à distance, ils s’écrivent, s’envoient des mails, se titillent... Il ne faut pas oublier que tout ça est envisageable aussi pour celui ou celle qui partage votre chambre tous les jours. Pourquoi ne pas s’envoyer de petits messages durant le télétravail? Le fait qu’on n’est ‘pas censés faire ça maintenant’ peut rendre les choses encore plus excitantes”.
Deuxième conseil: quitte à voir ses enfants beaucoup plus, autant s’inspirer de leur créativité et de leur capacité à échapper au réel, à leurs quatre murs. “Un enfant peut s’occuper à la maison en s’imaginant dans un tout autre environnement, même dans une caserne de pompiers. Les adultes aussi: ils peuvent s’imaginer au restaurant en Italie à la maison, en mettant de la musique italienne, en faisant leurs pâtes eux-mêmes... Offrez-vous une soirée ensemble comme à vos débuts. ‘Oui mais à l’époque, le sexe était une évidence’, me disent les gens. Non! Non! Lorsque vous en étiez à vos premiers rendez-vous, vous les prépariez! Longue douche, belle lingerie... C’est un mythe de dire que le sexe ne doit jamais être un effort. Faites cet effort: créez le désir et l’envie et montrez-vous ouvert au sexe”, exhorte-t-elle.
Pour qu’il y ait désir, il faut un juste équilibre entre distance et proximité
Dernier truc: “Essayez de jouer de nouveaux rôles et essayez d’étonner l’autre. Ok, vous n’avez sans doute rien de croustillant à raconter sur le travail, mais ce n’est pas nécessaire. Peut-être que votre partenaire sera précisément excité par le fait de vous voir à la maison, dans ce rôle de la mère ou du père au foyer, parce que ce n’est pas dans vos habitudes. Lisez un nouveau livre, une nouvelle série et parlez-en à l’autre. C’est le genre de choses qui lui font ressentir que vous continuez d’entreprendre. Cela évite une trop grande fusion et trop de prédictibilité, lesquels sapent le désir. Car pour désirer, il faut un bon équilibre entre la distance et la proximité. On ne veut être ni négligé, ni étouffé”.
Résiste, prouve que tu existes
Voilà de quoi alimenter la réflexion. Et si à la lecture de cette interview, vous vous sentez surtout empli de l’envie de soupirer - “Quoi? Je dois penser à ça aussi maintenant, en plus de tout le reste, après mes heures de boulot?” - la psychologue a un dernier conseil. “Ce n’est pas une période facile et il est possible que, malgré vos efforts, la seule solution soit d’attendre la fin de ce lockdown. Parfois, il faut faire des compromis dans la vie. Un peu comme quand un enfant naît et que c’est un véritable séisme pour la vie sexuelle d'un couple. Cette phase ne peut pas durer trop longtemps, mais ne soyez pas non plus trop exigent avec vous-même ou votre partenaire. Une consolation: les couples qui traversent une phase difficile font déjà une belle performance en soi. Chaque fois que l’on traverse ce genre de mauvaise passe, on apprend énormément. La vie doit être remplie de plaisirs, j’en suis convaincue. Mais réaliser qu’on ne renonce pas à la moindre contrariété, cela doit aussi être source de bonheur”, conclut-elle.
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