Nanoe et Lisette, deux professionnelles du sexe, parlent sans détours de leur travail
“Aimerions-nous faire le travail de l’autre? Pas question!” Une travailleuse du sexe n’est clairement pas l’autre, comme le prouve une double interview de Nanoe Vaesen et Lisette Mepschen. Les deux femmes se confient ouvertement sur les souhaits les plus étranges de leurs clients, sur ce qu’elles gagnent et sur le sexe à la maison.
RédactionSource:HLN
Dans la série produite par la VRT et diffusée sur la chaîne Canvas, “Sekswerkers” (“Travailleurs du sexe”, NDLR), huit femmes et hommes du secteur sont passés au crible toutes les semaines. Les plus marquants d’entre eux sont sans aucun doute Nanoe Vaesen et Lisette Mepschen, deux travailleuses du sexe qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Nanoe, originaire de Bree, dans le Limbourg, ressemble à une barbie voluptueuse: mince, blonde, le visage criblé de Botox. Et puis il y a Lisette, de Tilburg: voluptueuse, mais simple, pure et naturelle.
Leurs “services” ne pourraient pas être plus différents non plus. En trois ans, Nanoe est devenue la “Leading Lady” du pays sur la plateforme en ligne OnlyFans, sur laquelle elle propose des photos et des films érotiques d’elle-même - dans lesquels elle fait l’amour ou non avec un acteur porno - aux clients qui paient 14,95 dollars par mois pour les obtenir. Si les clients souhaitent regarder des vidéos “à la demande” ou assister à ses ébats en direct via Skype, alors ils paient un supplément. “Je suis mon propre patron”, souligne Nanoe. “Je décide de ce que je poste, jusqu’où je vais, avec qui j’enregistre mes films et comment. Une fois, j’ai enregistré une scène pornographique pour un film, parce que c’était un de mes rêves, mais je n’ai plus jamais fait ça. C’était tellement faux. Je me sentais comme une poupée. Fais ça, jouis maintenant, allonge-toi comme ça! Ce n’est pas pour moi.”
Lisette, de son côté, est entrée dans l’industrie du sexe à l’âge de 20 ans. Après une brève carrière de camgirl, elle a commencé à travailler comme escorte et, onze ans plus tard, elle l’est toujours. “Depuis un an, j’ai fait le choix d’avoir moins de rendez-vous et de passer plus de temps de qualité avec mes clients”, explique-t-elle. “Je décide des jours où je suis disponible. Je ne voulais pas attendre l’appel d’un client et sauter dans un lit immédiatement - quand les gens sont excités, ils veulent tout de suite - et travailler sur une liste parce que j’ai été payée pour ça. Je cherche plus de profondeur d’esprit, maintenant. Résultat? J’ai quelques clients sur liste d’attente.”
Quel est votre métier?
Lisette: “Je peux être réservée pour au moins deux heures, également par des personnes handicapées, et je demande 600 euros pour cela. Aujourd’hui, je me limite à cinq clients par mois et je gagne en moyenne de 4.000 à 5.000 euros bruts. Je pense que c’est correct. Ma richesse se trouve aussi dans mon temps libre.”
En Belgique, personne ne gagne autant que moi grâce à OnlyFans.
Nanoe Vaesen
Nanoe: “En Belgique, personne ne gagne autant que moi grâce à OnlyFans - en moyenne, 2.000 clients payants passent par mon compte chaque mois - mais je préfère ne pas dire combien exactement. Parce que je ne veux pas que les filles pensent qu’il suffit de s’exposer pour gagner de l’argent. Et ensuite qu’elles le regrettent parce que ce n’est pas de l’argent facile. Je travaille 14 heures par jour, c’est un travail difficile. Et quand c’est fini, je réfléchis encore et encore: que vais-je poster, comment, à quels endroits et avec qui. Et je ne parle même pas de la moyenne de 400 discussions en direct et e-mails que je reçois chaque jour. C’est ce qui me prend le plus de temps. Je gagne bien ma vie avec ça. Je suis en train de construire une villa, je conduis une voiture de luxe et je porte du Chanel. Le luxe est important pour moi, oui. Je considère le luxe comme une forme d’amour de soi. Je travaille très dur, mais je me donne aussi beaucoup.”
Lisette: “Faire du contenu seule, sans contact physique avec le client, personnellement, je ne pourrais pas le faire.”
Nanoe: “Et je ne serais pas capable de faire votre travail. Parce que je ne peux pas coucher avec un homme qui ne m’attire pas physiquement, même s’il a bon caractère.”
Lisette: “Vraiment? Je peux si facilement trouver quelque chose chez quelqu’un qui me fait me dire que j’ai envie de lui faire plaisir.”
Nanoe: “Vous êtes vraiment une personne gentille, n’est-ce pas?”
Lisette: “Oui. Ce que j’aime le plus dans mon travail, c’est que je suis en mesure de donner quelque chose qui peut changer la vie des gens. Être intime signifie aussi s’exposer, faire confiance, oser nommer les choses et les dire. Beaucoup de gens n’ont jamais appris à le faire et pensent vraiment que le sexe est la même chose que le porno. Mais dans le porno, il n’y a généralement aucun contact. Donc j’adore quand je peux montrer aux hommes comment le sexe peut vraiment être plus beau.”
Nanoe: “Moi, ce que j’aime le plus, c’est entendre des hommes dire qu’ils se sont amusés avec mes photos et mes films, que je leur ai procuré un orgasme. Ça me donne un coup de fouet. Ou quand ils me disent: ‘Oh, comme c’est agréable de vous voir vous amuser! Quel beau regard tu as sur ce plateau!’ En outre, j’éprouve une certaine satisfaction à pouvoir aider les hommes à avancer dans la vie au cours de nos discussions. Je remarque aussi que beaucoup d’hommes sont solitaires. Ayant moi-même souffert d’un burn-out et ayant été sévèrement malmenée à 16 ans, après qu’une vidéo privée de moi en train de faire l’amour a circulé dans mon école, je suis capable donner des conseils sur la façon de se remettre sur pied. Un homme qui retrouve la positivité grâce à nos échanges, c’est aussi ça qui me plaît.”
Lisette: “Les gens supposent que ce que nous faisons n’est pas un vrai travail. J’ai aussi eu droit à des questions dérangeantes suite à mon passage dans l’émission, comme: ‘Hé, je t’ai vu, tu veux qu’on baise’.”
Nanoe: “Je déteste ça. Si quelqu’un est arrogant et irrespectueux, je le mets à la porte. Parfois, un client écrit ou dit des choses déplacées, du genre: ‘Salope, tu feras ce que je dis parce que j’ai payé pour ça!’ Je ne me laisserai jamais commander de la sorte. Ces derniers jours, un type n’arrête pas de me harceler: ‘Je viendrai te voir à la maison’. C’est flippant.”
Qu’avez-vous appris sur les hommes?
Nanoe, sans hésiter: “Ce sont des bougres excités! (Elles ricanent)
Lisette: “J’allais dire qu’ils sont plus que cela.”
Nanoe: “Quand un homme est excité, il a beaucoup d’atouts. Vous pouvez alors lui demander quelque chose tout de suite. On dit parfois que le cerveau d’un homme se trouve entre ses jambes et c’est parfois vrai. Même si pour beaucoup de fans, je suis leur meilleure amie, ce qui me plaît beaucoup.”
J’avais une idée assez basique de ce que veulent les hommes. Très porno, du genre: ‘Voilà de l’argent et maintenant allonge-toi’. Alors que j’ai compris qu’il y a souvent plus derrière, tout un univers de pensées et d’émotions.
Lisette Mepschen
Lisette: “J’avais une idée assez basique de ce que veulent les hommes. Très porno, du genre: ‘Voilà de l’argent et maintenant allonge-toi’. Alors que, maintenant, j’ai compris qu’il y a souvent plus derrière, tout un univers de pensées et d’émotions. Même les hommes qui veulent simplement faire l’amour trouvent cela plus agréable avec une femme avec qui ils peuvent rire et avec qui ils sont à l’aise. En ce sens, même les hommes machos m’ont surpris de manière positive. Ils agissent souvent en fonction de ce qu’ils veulent paraître au lieu de montrer qui ils sont réellement.”
Nanoe: “Grâce à mon travail, je sais maintenant avec certitude que la monogamie n’existe pas. La plupart de mes clients - et cela vaut pour les jeunes comme pour les vieux, pour les médecins comme pour les autres - ont un partenaire et disent ensuite qu’ils ne sont tout simplement pas faits pour la monogamie. Dans ce sens, je me suis retrouvée face à moi-même. L’image du ménage parfait n’existe plus pour moi.”
Quelle est la demande la plus étrange que vous ayez reçue?
Lisette: “Je suis une escorte ouverte d’esprit. Le sexe avec pipi est autorisé, par exemple. Mais j’ai quand même été surprise quand un homme, fétichiste des pets, m’a demandé s’il pouvait venir me voir.”
Nanoe: “Cool!”
Lisette: “Il ne voulait pas de sexe, mais il voulait que je pète en portant un jean serré pour qu’il puisse me caresser les fesses. Au début, j’ai cru qu’il se moquait de moi, mais ce n’était pas le cas. Puis je me suis dit que ça allait aller et qu’il ne devait pas être facile pour lui de trouver quelqu’un qui accepte de le faire. Il était surtout préoccupé par les sons, d’ailleurs. Ça l’a excité parce qu’on entend rarement une femme se lâcher de la sorte. J’ai mangé beaucoup d’oignons crus avant. (rires)”
Un jour, un homme m’a demandé si je voulais bien rouler sur son pénis avec ma voiture. Bien sûr, je ne l’ai pas fait. Je ne rencontre pas les clients, de toute façon.
Nanoe Vaesen
Nanoe: “Un jour, un homme m’a demandé si je voulais bien rouler sur son pénis avec ma voiture. Apparemment, ce phénomène s’appelle apparemment le ‘cock-parking’. Je ne le savais même pas. Bien sûr, je ne l’ai pas fait. Je ne rencontre pas les clients, de toute façon. Imaginez, ça se passe mal... Ce qu’on me demande souvent dans les films à la demande, c’est si je peux me déguiser. C’est très amusant. Les personnages les plus populaires sont l’écolière et l’infirmière. J’ai aussi dû être une ballerine une fois.”
Les clients sont-ils généreux?
Nanoe: “Les miens le sont! J’ai une liste de souhaits sur mon compte, avec des choses que les fans peuvent me faire envoyer sans qu’ils ne connaissent mon adresse. Des verres de vin aux peluches en passant par les parfums, les vêtements et les sacs à main, et même un tapis, j’ai tout.”
Lisette: “Maintenant, je comprends pourquoi vous devez avoir une villa pour tout mettre dedans.” (rires)
Nanoe: “J’ai un ‘papa’ en ligne qui m’a déjà donné une somme incroyable, un sac Louis Vuitton, des robes coûteuses, du parfum et des vacances à Tenerife où je suis allée avec ma mère. Il m’envoie même de l’argent et me fait livrer un bouquet de roses chaque semaine. Je n’ai pourtant jamais vu cet homme. Il suffit que je poste quelque chose sur mon compte et, cinq minutes plus tard, il l’a déjà acheté. Vraiment incroyable. L’offre la plus chère que j’aie jamais reçue est celle d’un homme qui m’a proposé 5.000 euros pour le rencontrer dans la vraie vie. Mais comme je l’ai dit, je ne fais pas ça.”
Lisette: “Même pas une fois pour le plaisir?”
Nanoe: “Non, je peux difficilement faire ce pas. Dois-je vous l’envoyer?” (rires)
Récemment, un homme riche m’a donné le pourboire le plus cher de tous les temps: 1.200 euros. Mais c’est exceptionnel.
Lisette Mepschen
Lisette: “Je ne reçois pas de cadeaux aussi chers, mais là encore, je suis plutôt du genre à faire des économies. (rires) Un client m’a un jour offert un kit de cuisine Ottolenghi, qui m’a beaucoup plu. Et récemment, un homme riche m’a donné le pourboire le plus cher de tous les temps: 1.200 euros. Mais c’est exceptionnel. Les gens donnent ce qu’ils peuvent donner et je suis heureuse de tout ce qui vient du cœur.”
Vous est-il déjà arrivé de tomber amoureuse de vos clients?
Lisette: “Oh, oui!”
Nanoe: “Non! C’est l’inverse, beaucoup de mes fans disent qu’ils sont amoureux de moi.”
Lisette: “Si je pouvais, je ne rencontrerais que des clients pour lesquels j’éprouve également des sentiments d’amour. Ce serait l’idéal, n’est-ce pas? Mais heureusement, je n’ai jamais été amoureuse d’un client au point de vouloir quitter mon propre partenaire.”
Dans quelle mesure les rapports sexuels avec votre partenaire sont-ils différents des rapports sexuels avec les clients?
Lisette: “Bien que je veille toujours à ce que les rapports sexuels avec les clients soient également agréables pour moi, je me préoccupe surtout de leurs besoins. Alors que j’attends de mon partenaire qu’il me stimule aussi. Je suis également plus susceptible de faire une fellation à un client si je n’en ai pas envie, car je suis bien consciente que je suis avec lui dans un but précis. Mais je ne ferais pas ça à la maison. Et c’est peut-être étrange à dire, mais avec un client, j’ai parfois l’impression que c’est encore plus vrai, parce qu’il n’y a alors qu’un seul contexte et aucune autre distraction. À la maison, je vois cette montagne de vaisselle qu’il faut d’abord ranger et il m’en faut plus pour me mettre dans l’ambiance.”
Nanoe: “Je n’ai pas de relation pour le moment. J’ai trois ‘friends with benefits’ (des “amis avec des avantages”, NDLR). Une montagne de vaisselle ne m’a jamais arrêtée. (rires) J’ai une libido très élevée, je peux avoir envie de sexe tous les jours et de me masturber tous les jours. Plusieurs fois par jour, même.”
Lisette: “Je pense que je pourrais facilement m’en passer pendant une longue période.”
Nanoe, stupéfaite: “Vraiment?”
Lisette: “Oui.”
Quelle est la situation la plus drôle dans laquelle vous vous êtes trouvée?
Lisette: “Une fois, j’ai accidentellement sonné à la porte de la mauvaise maison. Un homme a ouvert la porte, je suis entrée avec assurance et j’ai dit: ‘Bonjour, je m’appelle Lisa’, car c’était mon nom de travail à l’époque. Je voulais l’embrasser tout de suite, mais il a fait un pas en arrière. À ce moment-là, une femme est entrée dans le couloir et j’ai su que j’étais à la mauvaise adresse. Je me suis excusée et je suis partie. Je me suis longtemps demandé si ce couple ne s’était pas disputé après ça. J’espère que non.”
Nanoe: “Une fois, j’ai envoyé une paire de culottes usagées à la mauvaise adresse. Un client les avait demandées - moyennant finance, bien sûr - afin de se sentir plus proche de moi. Quelques jours plus tard, j’ai reçu un message via Facebook de cet homme qui les a reçues par inadvertance, et à qui j’ai demandé d’envoyer le colis à la bonne personne. Heureusement, ça l’a fait rire.”