"Je ne fais pas de la musique classique et j'assume"

Quand Christophe Kalenga a découvert le hip-hop américain, il s'est dit "pourquoi pas moi?". Chris, alias "Za", belge d'origine congolaise, revendique désormais un son "made in Bruxelles" qu'il rêve tout de même d'exporter. Et avec "Get busy", son premier maxi autoproduit, il pourrait bien toucher les étoiles.

Inspiré par Tupac, Snoop Dog ou encore Outkast, Za commence à rapper en anglais. Mais la langue française le rattrape et c'est désormais dans celle de Molière qu'il compose depuis une dizaine d'années. Son créneau? La "Brutal muzik" -du nom de l'album éponyme- des textes bruts qu'il martèle en solo sur des beats entêtants. "Je ne fais pas de la musique classique et j'assume", prévient-il.

Pas de bling-bling
Za est cependant à mille lieues du cliché des clips made in US qui mettent en scène bien trop de bling-bling et de jolies pépées pour ce gars finalement bien terre à terre. "Imagine un petit de 10 ans qui regarde un clip pour la première fois: à force de voir toutes ces choses, il finira par croire que c'est ça le rap. Ce n'est pas ça le rap. Les maisons de production imposent du sexe et de la violence pour financer les artistes et puis quand on va dans les soirées rap, les meufs sont en baggy..." Za préfère faire passer un message positif, en stimulant les jeunes de sa génération. Faire un "rap conscient", comme il l'appelle.

C'est ainsi qu'en 2005, aidé d'une bande de copains, il organise XL Génération, une grande fête de quartier qui mobilise sept rues de Matonge et attirera jusqu'à 30.000 personnes dans une ambiance bon-enfant. Au programme: du sport, de la danse, des animations pour enfants mais aussi, bien sûr, de la musique. Il réunit une poignée d'artistes et monte lui-même sur scène avec "Les gars du H", le groupe qu'il forme avec "Prodige". A l'actif des deux hommes, des scènes telles que le festival de Dour, les avant-premières de Papa Wemba ou Diziz la Peste ou encore le Festival de Matonge.

Son propre label
Aujourd'hui, le jeune bruxellois qui tente désormais de percer en solo, n'a qu'un regret: le manque de structure de notre pays qui oblige les artistes à tout faire eux-mêmes. Mais plutôt que de baisser les bras, il prend les choses en mains et crée le label "Sound 6 tonnes Records & Entertainment". "Puisqu'il n'y a pas de structure, autant la mettre en place", explique-t-il en toute logique.

Il rêve d'ailleurs de transformer Sound 6 tonnes en une machine à faire reconnaître tous les talents de notre pays, qu'ils soient DJ, graffeurs ou danseurs. Ambitieux? Sans aucun doute. Za souhaiterait faire les choses à grande échelle, du "balèze", comme il dit. (vt)