La vie, la mort, et l'après selon Clint: un film bouleversant mais sans génie

Trois continents, trois destins, trois histoires. En Indonésie, Marie (Cécile de France), une journaliste française vedette en vacances survit de justesse à la lame de fond qui dévaste la station balnéaire où elle se trouve avec son amoureux. Près de mourir, elle entrevoit, alors que son corps flotte dans l'eau, une lumière et ressent un bien-être dont elle ne se remettra jamais.

A San Francisco, George (Matt Damon) vit son don de voyance et sa capacité à communiquer avec les morts comme un fardeau insoutenable, à l'inverse de son frère qui y voit une source formidable de revenus. Simplement en touchant les mains des gens, George cotoie et entend leurs disparus.

Enfin, en Grande-Bretagne, le petit Marcus (George Mc Laren), dévasté par la  mort accidentelle de son jumeau, est prêt à tout pour entrer en contact avec lui à travers l'au-delà. Dans son dernier film, Au-delà, Clint Eastwood plonge dans le surnaturel et le fantastique en emmenant ses personnages aux frontières de la mort.

Le résultat est bouleversant bien que certains crient à la déception. Certes, on a l'habitude de génie quand c'est Clint qui se colle à la réalisation et ici, la frustration vient du fait, notamment, qu'il ne se prononce pas: il ne faut pas compter sur lui pour savoir s'il y a bien, ou pas, quelque chose après la mort. Il y a un peu de naïveté dans sa vision de l'au-delà et quelques ficelles faciles mais on la lui pardonne tant il excelle dans l'installation des ambiances.

C'est le souffle coupé qu'on regarde la vague déferler sur la petite île thaïlandaise et la larme à l'oeil qu'on assiste à l'enterrement du jumeau de Marcus. Matt Damon, quantà lui, est parfait en médium solitaire. C'est finalement et maheureusement la partie tournée en France avec Cécile de France et Thierry Neuvic qui gâche un peu l'ensemble parce qu'elle sonne faux. Clint ne maîtrise pas la langue de Voltaire et ça se sent: on a l'impression qu'il a moins dirigé ces scènes parisiennes.

Reste qu'on sort de la salle obscure avec mille interrogations et l'espoir de rencontrer, en direct de l'au-delà, un George qui nous permettra de passer un dernier message à nos proches. Un film à voir au cinéma, ne serait-ce que pour la scène du tsunami, dans les dix premières minutes.

Déborah Laurent