Un roman triste qui fait un bien fou: à lire absolument

"Changer l'eau des fleurs" de Valérie Perrin est un roman délicat, qui parle du deuil et de résilience, de la mort et de la renaissance. Les mots sont bien choisis, on sent dans ses descriptions que Valérie Perrin vient du cinéma. Elle s'arrête aux détails, nous fait entrer chez Violette sur la pointe des pieds, elle décrit le goût des petits bonheurs comme personne.

"Changer l'eau des fleurs" est un roman triste qui, paradoxalement, fait un bien fou. "C'est l'histoire d'une résiliente", nous confie Valérie d'une voix douce au téléphone. "Je trouvais ça formidable de planter le décor dans un cimetière, pour parler de ceux qui restent et de comment la tristesse peut se transformer. Un cimetière, c'est beau, poétique, dramatique, et il s'y passe aussi des choses loufoques. Comme dans la vie."

Valérie n'a pas rencontré de garde-cimetière pour dresser le portrait de Violette. "J'ai rencontré un fossoyeur qui a travaillé 30 ans dans le cimetière de la ville où j'ai grandi. Et j'ai rencontré un homme qui s'occupe des pompes funèbres. Quand j'ai voulu parler à la garde-cimetière, elle m'a claqué la porte au nez. Les gens qui travaillent dans cet univers n'aiment pas trop parler de ce qu'ils ont vu."

Si "Changer l'eau des fleurs" parle du deuil, c'est aussi une ode aux petites choses de la vie, à ces choses qui nous permettent de garder la tête hors de l'eau quand on est triste. "Déjeuner avec un ami, partager un verre de vin, cueillir une tomate et croquer dedans, le vent dans les arbres, le retour du printemps... Ce sont des choses auxquelles les gens doivent se raccrocher. Cette femme, Violette, est à un moment de sa vie particulier, elle était anéantie et il y a des choses qui vont la faire résister, se relever." L'amour, notamment. "Elle va rencontrer un homme qui va la reconnecter à l'essentiel."

Valérie Perrin est la compagne de Claude Lelouch. Elle est scénariste, elle a été photographe. "J'aime les gros plans, les gens de dos, ce qui est subjectif. Je pense que ce roman pourrait être adapté au cinéma : le montage est déjà fait." On imagine que l'envie est là, elle n'en est pas si sûre. "C'est compliqué de donner son histoire à quelqu'un et en même temps, je n'ai pas du tout envie de le réaliser moi-même. Je n'ai pas de réponse catégorique. Mais je ne ressens pas pour l'instant l'envie de le voir au cinéma comme j'ai ressenti l'envie de l'écrire."