Jean-Luc Lemoine: “Pour parler de sujets sensibles, il faut toujours du courage”
InterviewAprès plusieurs années au service du petit écran, Jean-Luc Lemoine renoue avec son premier amour: la scène. L’humoriste est de retour avec son nouveau spectacle “Brut”, qu'il décrit comme un show “sans concession, sans tabou et sans filtre”. À l’occasion de la promotion de ce spectacle - qui passera par la Belgique - Jean-Luc Lemoine a accepté de répondre à nos questions.
Pourquoi avoir intitulé votre spectacle “Brut”? Est-ce que cela a un lien avec le fait que vous vous sentez plus libre que jamais dans ce nouveau show?
En fait, lorsque les spectateurs sortent de mon spectacle, ils ne se posent plus la question de pourquoi je l’ai intitulé “Brut”. Ils ont compris. C’est un spectacle qui est brut d’abord dans son propos, car il n’est pas poli. Je m’attaque à tout ce qui peut tendre les gens, aux sujets qui peuvent enflammer les réseaux sociaux aujourd’hui. Mais ce show est aussi brut dans la forme. Il n’y a pas d’introduction ni de transitions entre les sujets. Je voulais faire un spectacle que je pouvais jouer aussi bien dans un petit café que dans une très grande salle. Il n’y a pas d’artifices, de choses qui peuvent distraire, car l’idée, c’est que les gens m’écoutent vraiment.
Justement, est-ce plus difficile de tenir un spectacle, de faire rire et de créer une atmosphère lorsqu'on est seul sur scène? Comment faire rentrer les gens dans votre histoire?
C’est clair que la mise en danger est plus importante, mais c’était ce que je voulais. Je voulais sortir de ma zone de confort. Au début, j’avais commencé à jouer ce spectacle avec un micro casque, pour pouvoir utiliser mes mains, mais à un moment, je me suis rendu compte qu'on ne posait pas sa voix de la même manière quand on est au micro main ou au micro casque. Donc j’ai voulu passer au micro main. Mais quand vous n’avez jamais fait ça, c’est très difficile au début. J’ai donc bossé, bossé et encore bossé pour être le plus naturel possible avec le micro dans la main. Et même si ce spectacle, c’est moi et mon micro, cela ne m’empêche pas de beaucoup bouger sur scène. Je vais vraiment aller chercher les gens là où ils sont, je vais les prendre à la gorge dès le début du spectacle en commençant très très fort avec les thématiques. Après, je ne les lâche plus.
Quels sont grands thèmes que vous abordez dans votre spectacle?
Je parle de beaucoup de sujets en “-isme”: le véganisme, le féminisme, le terrorisme, etc. Je me suis aperçu que tous ces sujets pouvaient tendre les gens, mais que c’était important d’en parler. Ça peut paraître anxiogène dit comme ça, mais mon but est de faire rire avec ces thèmes. On a besoin de rire. J’explique au début du spectacle que c’est compliqué, car notre liberté de parole se restreint de plus en plus, entre autres à cause des réseaux sociaux qui agissent comme des gardes-fous du politiquement correct. Et il faut lutter contre ça, notamment sur scène.
Aujourd'hui, peut-on encore rire de tout? Est-ce certains sujets sont devenus trop “touchy”, notamment à cause des réseaux sociaux?
Dans ce spectacle, j’ai décidé de me libérer de tous les carcans, de tout lâcher. Après, on a tendance à dire que c’était plus facile avant, qu’on pouvait davantage rire de tout. Mais je ne suis pas sûr de ça. Les humoristes qui étaient connus pour leur liberté de parole - comme Coluche ou Bedos - ont tous eu à un moment des problèmes. On leur a reproché des choses. Mais à l’époque, les critiques n’étaient pas médiatisées de la même façon. Quand vous allez sur des sujets un peu sensibles, il faut toujours du courage. La différence, c’est qu’avant, tout le monde ne pouvait pas s’exprimer. Alors, c’est génial, car les réseaux sociaux offrent un super outil d’expression et de sensibilisation, mais le problème, c’est qu'ils sont aussi utilisés par des gens qui s’ennuient un peu et qui sont là pour se précipiter sur le moindre faux-pas. Pendant longtemps, on nous a dit “rebellez-vous”, “indigniez-vous”, je suis d’accord avec ça. Mais aujourd'hui, j’ai envie de dire aux gens: “Enthousiasmez-vous.” Pour moi, aujourd'hui, le vrai courage, c’est de dire “j’aime telle chose ou telle personne” sur les réseaux sociaux.
Comment vous gérez les critiques?
Avec le temps, elles prennent moins d'importance. Avant, la moindre réaction violente m’affectait beaucoup. J’ai pris un peu de recul par rapport à ça et je m’en amuse dans le spectacle aussi. Dire que je suis complètement hermétique, ce serait mentir. Même si ça vous affecte différemment, quand j’ai l’impression que c’est malhonnête, intellectuellement, ça me chagrine.
Dans votre spectacle, vous abordez également le thème du confinement avec les enfants, comment vous l’avez vécu personnellement?
J’ai eu de la chance, car j’habite une maison à Paris. Je n’ai pas vécu le même confinement que les personnes qui étaient dans un studio ou un appartement. Au début, ça a été horrible parce que pour la première fois en trente ans de carrière, j’étais à l’arrêt. Mais après cette phase d’abattement, je dois dire que le premier confinement ne s’est pas si mal passé que ça. En fait, j’ai lâché prise comme je n’avais jamais lâché prise auparavant. Ça a été le moment de me recentrer un peu sur ma famille, mes enfants. Finalement, c’était une période plutôt agréable, car on avait l’impression que toute la terre était à l’arrêt. Pendant ce premier confinement, on sentait également une vraie solidarité. Les autres confinements ont été plus compliqués.
Quel est votre lien avec le public belge? Est-ce qu'il y a une facilité à parler de certains sujets ici, en Belgique?
J’ai toujours eu un chouette lien avec les Belges. D’ailleurs, j’ai fait mon DVD précédent à Namur. J’aime beaucoup l’humour belge et l’état d’esprit des Belges. Vous avez un sens de l’absurde et de l’autodérision que l’on n’a pas en France. C’est culturel. Les Français sont plus dans la caricature, on rigole de nos blagues pour expliquer aux gens que c’est de l’humour. Personnellement, j’aime bien miser sur l’intelligence du public et ne pas donner toutes les explications directement. Mais finalement, mon spectacle est perçu à peu près de la même manière des deux côtés de la frontière, car c’est un show assez rentre-dedans qui bouscule les gens - et ils apprécient ça.
Jean-Luc Lemoine sera de passage en Belgique avec son nouveau spectacle “Brut” dès février 2022. Tickets disponibles ici.
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