Le Plus Petit Théâtre du Monde ferme ses portes à cause d’une dénonciation
InterviewsMalgré l’arrivée des vaccins, le coronavirus sévit toujours bel et bien. En Belgique, la situation sanitaire est, pour le moment, sous contrôle. Mais de nombreuses activités humaines ont dû être soumises à de multiples restrictions afin de ne pas surcharger les soins intensifs des hôpitaux.
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Le Plus Petit Théâtre du Monde à Pont-à-Celles ferme ses portes. Ses deux responsables, Céline Charlier et Didier Gesquière, l’ont annoncé par vidéo interposée sur sa page Facebook officielle. Aucun motif précis n’a été nommé même s’ils précisent que ce n’est ni lié à de problèmes financiers ni au coronavirus en tant que tel.
Contactée par nos soins, Céline Charlier, a accepté de nous en dire davantage: “Nous avons pris cette décision à cause d'un manque de soutien communal. Le 15 octobre 2020, le bourgmestre nous a avertis que nos spectacles devaient être annulés. Or, Eric Boschman devait se produire les 16 et 17 octobre.”
Contexte
Pour bien comprendre le contexte, le Plus Petit Théâtre du Monde se situe dans le salon même du domicile du coprogrammateur, Didier Gesquière. “Nous ne nous retrouvions pas dans le milieu culturel contemporain. Comme nous sommes libres d’esprit et indépendants, nous organisions des spectacles chez Didier. Et cela marchait très bien.” 20 spectateurs se réunissait à chaque représentation.
Jusqu’au mois d’octobre dernier, rien ne semblait pouvoir perturber la tenue de ces événements. Mais une dénonciation a tout changé: “La police nous a appelés à la demande de la Commune et nous a posé des questions sur les activités qui se déroulaient à la maison et sur le protocole sanitaire.” À l’époque, les acteurs culturels en Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B) pouvaient accueillir du public sous strictes conditions.
Dégustation de bières
Or, le spectacle d’Eric Boschman comportait une dégustation de bières. “Mais nous nous étions adaptés au coronavirus. Nous avions mis du gel hydroalcoolique à disposition, les artistes œuvraient sur trois pièces de l’habitation au lieu d'une seule et nous aérions l’endroit avant et après chaque spectacle.”
Cela n’a pas suffi pour convaincre le bourgmestre de Pont-à-Celles, Pascal Tavier (PS), de permettre la tenue de l’événement: “J’ai contacté la Zone de Police, la Zone de Secours et le service communal compétent. Sur base de leur avis, je n’ai pas remis d’autorisation écrite. La Zone de Secours m’a notamment fait savoir qu’à sa connaissance, le lieu ne disposait pas d'un plan d’évacuation en bonne et due forme, par exemple.”
Céline Charlier déclare pourtant être en règle au niveau de la sécurité: “Comme annoncé à la police et au bourgmestre, un plan évacuation est disponible et affiché pour tout le monde. Ensuite, nous ne sommes pas une salle de spectacle, mais un opérateur culturel qui reçoit du public dans son salon. Quand les artistes font des tournées ‘à domicile’, est-ce que chaque accueillant appelle les pompiers et dispose d’un plan d’évacuation en bonne et due forme? Non. Nous avons tout anticipé alors que nous ne sommes en aucun cas dans l’obligation de le faire.”
Manque de temps
Pour sa part, Pascal Tavier conteste avoir été à l’initiative de l’interdiction d’exercer du Plus Petit Théâtre du Monde: “Ce sont les responsables du théâtre qui se sont adressés à la police et ensuite à moi pour que je leur fournisse une autorisation écrite. J’ai reçu la demande un jeudi soir pour un spectacle programmé le lendemain. Dans ces conditions, c’est compliqué de donner son feu vert. En plus, une éventuelle autorisation écrite de ma part aurait dû être validée par le Collège Communal. Ce qui n’était pas possible dans ce cas précis.”
Le règlement communal stipule que la demande d’autorisation d’une manifestation publique doit recueillir l’accord écrit du maïeur au plus tard 30 jours avant l’événement.
Néanmoins, le spectacle de Karine Clercq programmé le week-end suivant a pu avoir lieu... à la Maison de la Laïcité pont-à-celloise qui s’était proposée pour le sauvegarder. “Nous avons pu sauver cette représentation grâce au geste de la Maison de la Laïcité. Mais cela ne cadre pas avec notre vision de la culture. Nous préférons travailler dans un milieu intimiste” explique Céline Charlier.
“La situation est regrettable” admet Pascal Tavier. “Je suis pourtant un fervent supporter de la culture. Je pense qu’il y a eu un souci de temporalité. Si la demande avait été rentrée un mois ou deux à l’avance, nous aurions pu instaurer un dialogue. Mais là, je n’avais pas le choix. Imaginez que des photos avec des personnes buvant de la bière dans un endroit clos aient fuité! Je pense que les titres dans les médias auraient été tout autres.”
Pour rappel, le secteur Hôtellerie-Restauration-Cafés (HoReCa) était encore ouvert au moment des faits. “Le même spectacle d’Eric Boschman avait d’ailleurs déjà été joué dans le courant des mois de juillet et août” ajoute la coprogrammatrice du théâtre.
Regrets
Aujourd’hui, Céline Charlier et Didier Gesquière regrettent d’avoir obéi aux injonctions du maïeur. En tant qu’opérateur culturel reconnu par la FW-B charriant un public de moins de 200 personnes et respectant le protocole convenu, le Plus Petit Théâtre du Monde n’avait pas de comptes à rendre à l’élu socialiste. C’est ce qu’a confirmé par écrit le Guichet Culture de la fédération.
Après de multiples relances de la part des deux producteurs, Pascal Tavier a toutefois convenu d’un rendez-vous avec eux la semaine prochaine.
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