Dis-moi combien d'amis tu as, je te dirai qui tu es

Selon ces chercheurs, le nombre "parfait" d'amis sur les réseaux sociaux dépend de plusieurs facteurs socio-économiques qui varient d'un pays à l'autre.

Shigehiro Oishi, professeur de psychologie à l'Université de Virginie, et Selin Kesebir de la London Business School, ont exploré les différentes stratégies sur les réseaux sociaux. Leurs études viennent d'être publiées dans la revue Psychological Science.

Facebook, l'ami des voyageurs
"Par exemple, aux Etats-Unis, les utilisateurs de Facebook optent souvent pour un grand nombre d'amis, même s'ils les connaissent finalement peu. La raison à cela est peut-être dûe au fait que les Américains voyagent énormément. Ils font donc de nombreuses connaissances et lient vite le contact".

Les chercheurs ajoutent que pour les personnes qui voyagent souvent, les réseaux sociaux permettent de garder le contact avec amis et famille. Ces voyageurs sont également et logiquement plus susceptibles de faire des rencontres que les personnes qui restent dans leur environnement habituel et augmentent donc plus facilement leur nombre d'amis.

Environnement économique
Quand un pays se porte économiquement bien, ses habitants ont moins besoin d'aide. Ils peuvent donc se limiter à quelques amis proches. Mais, lorsque l'économie se porte mal, les gens ont tendance à élargir leur cercle d'amis afin d'avoir accès à un plus large soutien en cas de souci.

Les chercheurs supposent donc que l'environnement économique actuel pousse les gens à accepter des "amis" que finalement ils connaissent relativement peu par réflexe d'autoprotection.

Privilégier la qualité à la quantité
Sur base de ces premiers éléments, Oishi et Kesebir ont mené une seconde étude et ont recruté 247 Américains à participer à un sondage en ligne. Les participants étaient invités à énumérer trois sortes d'amis: les très proches, les proches et les lointains. Afin de se faire une idée de la stratégie des participants sur les réseaux sociaux, les chercheurs leur ont demandé d'imaginer que leur temps, leur énergie et leur argent étaient limités à 60 points et de répartir ces points entre les trois types d'amis.

Ils ont également évalué les participants selon leur bien-être à travers une combinaison de trois mesures: la satisfaction de vie, les expériences d'émotions positives et le manque d'expérience d'émotions négatives. Les résultats de cette deuxième étude ont fait écho à ceux de la première étude. Les participants qui optaient pour des amitiés plus profondes bénéficiaient d'un meilleur bien-être que ceux qui avaient un large panel d'amis pas vraiment proches.

Oishi et Kesebir font valoir que ces deux études fournissent des preuves claires du rôle des facteurs socio-économiques sur notre manière d'appréhender les réseaux sociaux. "À mesure que diminue la mobilité résidentielle et que la récession économique s'approfondit, nos amitiés sur les réseaux sociaux s'élargissent. Pourtant, l'idéal serait de privilégier nos amitiés proches qui sont plus susceptibles de nous apporter un réel bien-être plutôt que d'hypothétiques connaissances qui nous donnent l'illusion de bénéficier d'un soutien pas si réel que ça".