Trump banni de Twitter, Facebook et Instagram: les géants d’internet accusés de contrôler le débat public
Mise à jourLe ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a critiqué ce lundi la décision du réseau social Twitter de fermer le compte du président américain Donald Trump, estimant que ce n'est pas aux géants d'internet de réguler l'espace numérique. L’Union européenne a également plaidé pour “un contrôle démocratique”.
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"Ce qui me choque c'est que ce soit Twitter qui ferme parce que la régulation des géants du numérique ne peut pas se faire par l'oligarchie numérique elle-même", a déclaré le ministre sur France Inter, alors que cette décision suscite de nombreuses réactions dans la classe politique française.
La mainmise des Gafa
"L'oligarchie digitale est une des menaces qui pèsent sur les États et les démocraties", a poursuivi le ministre, dont le pays a été l'un des premiers à mettre en place une taxe sur le chiffre d'affaires des géants du numérique.
"La régulation des géants du digital ne peut pas et ne doit pas se faire par les géants du digital, elle est nécessaire, mais elle doit se faire par le peuple souverain, par les États et par la justice", a martelé Bruno Le Maire, qui critique régulièrement le pouvoir selon lui exorbitant des Gafa (acronyme désignant Google, Amazon, Facebook et Apple).
Trump réduit au silence
Twitter a justifié cette décision à l'endroit du président américain sortant par le "risque de nouvelles incitations à la violence", deux jours après l'irruption brutale de partisans du président au Capitole. Facebook et d'autres services comme Instagram, Snapchat ou Twitch ont de leur côté suspendu pour une durée indéterminée le profil du locataire de la Maison Blanche.
Contrôle du débat public
En France, cette décision a été très critiquée, de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, qui a estimé que "le comportement de Trump ne peut servir de prétexte pour que les Gafa s'arrogent le pouvoir de contrôler le débat public", à Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, qui y a vu un "véritable coup de force démocratique de la part de grands groupes privés”.
L’Europe plaide pour “un contrôle démocratique”
Le commissaire européen Thierry Breton a également exprimé sa “perplexité” ce lundi après la décision des plateformes de bannir le président américain Donald Trump des réseaux sociaux “sans contrôle légitime et démocratique”, soulignant qu’elle justifiait les projets européens de régulation des géants du numérique. “Qu’un PDG puisse débrancher le haut-parleur du président des États-Unis sans autre forme de contrôle et de contre-pouvoir fait plus qu’interpeller”, juge le commissaire au Marché intérieur dans une tribune publiée par le Figaro et le site américain Politico.
Un “avant et un après” 8 janvier 2021
Thierry Breton souligne que les plateformes “ne pourront désormais plus se dérober à (leur) responsabilité” sur leurs contenus. “Tout comme le 11-Septembre a marqué un changement de paradigme pour les États-Unis, voire le monde, il y aura, s’agissant des plateformes numériques dans notre démocratie, un ‘avant et un après’ 8 janvier 2021", date à laquelle Twitter a suspendu de façon permanente le compte de Donald Trump, deux jours après les émeutes de ses partisans qui ont envahi le Capitole pendant plusieurs heures, affirme l’ancien ministre français de l’Économie. Le 7 janvier, Facebook et d’autres services comme Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison Blanche pour une durée indéterminée.
“11-Septembre de l’espace informationnel”
“Cette date restera comme la reconnaissance par les plateformes de leur responsabilité éditoriale et des contenus qu’elles véhiculent. Une sorte de 11-Septembre de l’espace informationnel”, poursuit-il. “Cette réaction sans précédent des plateformes en réponse aux attaques du symbole de la démocratie américaine laisse cependant perplexe: pourquoi n’ont-elles pas réussi à bloquer plus tôt les ‘fake news’ et les discours de haine qui ont conduit à l’attaque de mercredi dernier?”, interroge Thierry Breton. “Pertinente ou non, la décision de censurer un président en exercice peut-elle être décidée par une entreprise sans contrôle légitime et démocratique?”
Un abus de pouvoir des Gafa?
Pour Thierry Breton, qui a présenté mi-décembre les projets européens de législation -le Règlement sur les services numériques (DSA en anglais) et le Règlement sur les marchés numériques (DMA)- pour tenter de mettre fin aux dérives des géants du numérique accusés d’abuser de leur pouvoir, “ces événements démontrent que nous ne pouvons plus rester les bras croisés et nous fier à la seule bonne volonté des plateformes”. “Nous devons fixer les règles du jeu et organiser l’espace informationnel avec des droits, obligations et garanties clairement définis”, a-t-il dit. “L’Union européenne et la nouvelle administration américaine auront intérêt à unir leurs forces, en alliés qu’elles sont du monde libre”, a exhorté le commissaire.
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Facebook en Ouganda
Facebook a fermé ces derniers jours les comptes de plusieurs responsables gouvernementaux ougandais accusés d’interférences dans le débat public à l’approche de l’élection présidentielle de jeudi, a indiqué lundi le géant américain dans un courriel à l’AFP. L’Ouganda organise jeudi une élection présidentielle dans un climat tendu, opposant notamment le président sortant Yoweri Museveni, 76 ans dont 35 à la tête du pays, à une star de la chanson devenue député, Bobi Wine, 38 ans.
Justifications de Facebook
“Ce mois-ci (janvier), nous avons fermé un réseau de comptes et de pages en Ouganda qui étaient impliqués dans un ‘comportement inauthentique coordonné’ visant à influer sur le débat public en amont de l’élection”, a indiqué à l’AFP la responsable de la communication de Facebook pour l’Afrique sub-saharienne Kezzia Anim-Addo. “Ils utilisaient de faux comptes ou des comptes dupliqués pour gérer des pages, commentaient le contenu d’autres personnes, se faisaient passer pour des utilisateurs, partageaient des contenus dans des groupes pour les faire apparaître plus populaires qu’ils n’étaient”, a précisé la responsable. “Étant donné l’imminence de l’élection en Ouganda, nous avons réagi rapidement pour enquêter et faire tomber ce réseau. Nous avons découvert que ce réseau était lié au Groupe d’interaction des citoyens avec le gouvernement du ministère de l’Information (...) en Ouganda”, a précisé Facebook.
“Honte aux forces étrangères”
Le conseiller en communication du président Yoweri Museveni, Don Wanyama, qui fait partie des personnalités dont les comptes Facebook et Instagram ont été fermés, a accusé à son tour le géant américain de vouloir influer sur le cours de la présidentielle. “Honte aux forces étrangères qui pensent qu’elles peuvent installer un régime fantoche en Ouganda en désactivant les comptes en ligne des partisans du NRM”, le parti au pouvoir, a-t-il réagi. “Vous ne vous débarrasserez pas du président Museveni”.
Le compte du président épargné
Selon le Mouvement de la résistance nationale (NRM), plusieurs dizaines de comptes ont subi le même sort, appartenant à des personnalité diverses telles qu’un haut responsable du ministère de l’Information et des communications, un internaute en vue proche du NRM ou un médecin connu. Les comptes du président n’ont pas été visés par l’intervention de Facebook. Le président Museveni et son équipe de campagne ont régulièrement accusé des “forces étrangères” - sans préciser lesquelles - de soutenir la campagne de Bobi Wine pour parvenir à un changement de régime dans ce pays enclavé d’Afrique de l’Est.
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