Le futur ne s'annonce pas radieux, mais sombre et troublant

"Plus une idée est horrible, plus je la trouve drôle." Dans une interview accordée au Guardian, Charlie Brooker, le créateur de la série, donne le ton. Depuis 2011, Black Mirror a dépeint comme jamais les dérives potentielles des nouvelles technologies. "Le futur s'annonce radieux", prétend la bande-annonce de la saison 3, disponible sur Netflix depuis vendredi. C'est évidemment tout le contraire. Il est sombre et pessimiste, mais suffisamment proche pour qu'on s'y identifie et qu'il nous oblige à nous interroger.

Et si les nouvelles technologies nous poussaient à perdre tout sens moral? Et si elles nous rendaient prisonnier? Regarder un épisode de Black Mirror, c'est naviguer constamment entre toutes ces interrogations, en poussant même le sentiment jusqu'à la culpabilité. Une expérience télévisuelle rare, même jamais vécue, qui fait de cette série une incontournable.

La qualité plutôt que la quantité
Tout a commencé en 2011 donc, sur la chaîne britannique Channel 4. La série d'anthologie - une histoire par épisode - est très vite acclamée par le public et par la critique. La première saison comportera trois épisodes, comme la deuxième, diffusée en 2013. Clairement, le choix de la qualité à la quantité est privlégié. A chaque fois, on plonge dans un univers propre, avec des personnages et des enjeux différents.

Si le concept peut dérouter, Black Mirror a fait de ces histoires uniques sa véritable force. "Vous trouverez effectivement dans cette nouvelle saison une romance, un thriller militaire, un polar, une histoire horrifique, une satire... Nous voulons essayer tous les genres, jusqu'à ce qu'il ne reste que la comédie musicale!", s'amuse Brooker dans Télérama.

L'épisode "Spécial Noël", diffusé un an après la saison 2, est par exemple l'une des expériences les plus incroyables, traumatisantes et troublantes que la télévision ait pu proposer ces dernières années.

En rachetant les droits de Black Mirror, Netflix a donc relancé une série brillante mais qui a mis du temps à renaître de ses cendres, d'où l'attente énorme du côté des fans. La plateforme de vidéos à la demande a sorti l'artillerie lourde pour cette nouvelle saison de 6 épisodes, avec un casting XXL comprenant notamment Bryce Dallas Howard (Jurassic World), Mackenzie Davis (Seul sur Mars), Micahel Kelly (House of Cards) ou encore Jerome Flynn (Game of Thrones).

Les accros de la première heure ont d'ailleurs peur d'un contenu plus lisse que les précédentes saisons, à cause de sa reprise par Netflix, mais également du nombre plus élevé d'épisodes qui pourraient, selon eux, perdre de leur pertinence.

"Pour cette saison 3, on ne voulait surtout pas devenir prévisibles", reprend Brooker dans Télé-Loisirs. "La palette est plus variée, pour maintenir l'intérêt chez les téléspectateurs et notre motivation. Autrement dit, ce ne sera pas massivement déprimant à chaque épisode, mais ça restera massivement déprimant dans certains d'entre eux."

"Une merveille d'originalité"
La presse américaine a pu visionner ces six nouveaux épisodes et elle a vite été conquise. "Black Mirror continue d'être une merveille d'originalité, et stimulante comme jamais auparavant. Un petit bijou à la Twilight Zone, à l'âge du numérique. Charlie Brooker semble juste être de plus en plus créatif", note ainsi le Hollywood Reporter.

"Chaque épisode a trouvé le moyen d'établir un monde à lui, avec ses propres règles, ses propriétés et sa technologie. Avant de trouver un moyen de réduire impitoyablement la série à ses contradictions", souligne de son côté Variety.

Une saison 4 a déjà été annoncée avec notamment Jodie Foster au casting. "Je veux que vous sortiez des épisodes de Black Mirror en tremblant, comme à la fin de Seven", prévient Charlie Brooker.