Ces Belges ont continué de voyager malgré la pandémie: “Je défends la responsabilité individuelle”
TémoignagesDepuis un an, la pandémie de coronavirus a bouleversé nos vies. L’occasion pour les journalistes de 7sur7 de dresser un bilan en sondant les secteurs particulièrement affectés. Comment la covid les a-t-elle impactés? Qu’ont ils fait pour s’adapter et comment voient-ils l’avenir? ÉPISODE 13: LE TOURISME INTERNATIONAL.
Le tourisme a été l’un des secteurs les plus touchés par la crise liée à la Covid-19 qui dure depuis un an. Malgré les restrictions de déplacement à l’étranger prises par l’État belge, certains citoyens en soif de liberté ont continué de voyager à travers l’Europe et le monde durant ces derniers mois. Trois d’entre eux nous ont raconté leurs périples et expliqué les raisons qui les ont poussé à agir de la sorte. Côté agence de voyages, le bilan est bien moins réjouissant. “On a peur de la disparition d’un secteur qui était pourtant sain”.
Il y a un an, le 12 mars 2020, face à l’explosion de la Covid-19 partout dans le monde, l’Organisation mondiale de la santé employait pour la première fois le terme de “pandémie” pour qualifier la situation sanitaire mondiale. La Belgique, comme de nombreux pays, prenait des mesures drastiques et inédites pour enrayer la propagation du virus, allant du confinement du pays jusqu’au contrôle des frontières.
Parmi les nombreux secteurs brutalement mis à l’arrêt: le tourisme. Face à une situation inédite, les compagnies aériennes ont annulé la plupart de leurs vols, les agences de voyages ont reporté ou annulé les voyages pour leurs clients et les baroudeurs ont vu leurs projets s’envoler, sans savoir quand ils pourraient être reportés (et certains ne le savent toujours pas).
Une expérience unique
Après une reprise partielle des voyages dans certains pays sous strictes conditions (tests, quarantaine, formulaire) pendant la période estivale, les nouvelles mesures restrictives en fin d’année ont mis un nouveau coup d’arrêt aux projets des voyageurs démontrant de plus en plus une envie de liberté.
Malgré les restrictions de circulation et l’incertitude, certains citoyens ont poursuivi leurs voyages durant cette crise, profitant de l’allégement des mesures dans certains pays. Un choix fort qui a demandé une organisation sans commune mesure et le besoin de s’informer quotidiennement sur l’évolution de l’épidémie. Voyager en temps de pandémie a été pour eux une expérience unique dont ils tirent des enseignements.
J’ai dû mal à comprendre les restrictions de voyages. Le virus ne s’arrête pas à la frontière.
Maxime*: “Un gros besoin de liberté”
“Je n’ai jamais autant bougé et voyagé que cette année, principalement pour retrouver à l’étranger la liberté que nous n’avions pas chez nous. J’avais un gros besoin de cette liberté. Au début de la crise, tant que les vols n’étaient pas annulés, j’ai voyagé, à Londres, Barcelone et Malte. Entre mi-mars et fin juin, j’ai dû arrêter mes voyages, car cela n’était plus possible.
Dès le mois de juillet, quand il a été possible de revoyager plus facilement, j’ai été beaucoup en Espagne à Ibiza, Aruba, Palma, Lanzarote, Gran Canaria, Grenade, Malaga, Séville et Tenerife. À certains endroits, c’était le paradis, mais à d’autres, l’ambiance était différente des voyages avant Covid. Tous les gens portent des masques en Espagne, à l’exception des Îles Canaries et d’Ibiza où les gens respectent moins les mesures barrière.
Ensuite, pour le Nouvel An, j’ai cherché un pays où je pourrais faire la fête sans restrictions. Je suis donc parti au Costa Rica. De l’autre côté de l’Atlantique, la vie est “normale” avec de grosses fêtes sur la plage. C’était dur de revenir. Prochainement, je vais partir à Madrid et ensuite je ne sais pas. Je ne prévois rien. Je suis opportuniste.
Je suis toujours en règle quand je voyage (attestations, tests, assurance), mais j’ai dû mal à comprendre les restrictions de voyages. Le virus ne s’arrête pas à la frontière. Personnellement, je n’ai eu aucune crainte sur un plan sanitaire de me contaminer ou de contaminer les autres.”
Grâce ou à cause de la Covid, j’ai réalisé mon rêve.
Florine: “J’ai très mal vécu le premier confinement”
“J’ai très mal vécu le premier confinement, mais le fait d’avoir été confinée pendant des mois m’a boosté à enfin découvrir l’Afrique par moi-même. J’avais envie de partir loin pour complètement changer d’air. Grâce ou à cause de la Covid, j’ai réalisé ce rêve de partir sur le continent africain.
En octobre dernier, j’ai décidé de partir un mois au Kenya où je rêve d’aller depuis toujours et en Tanzanie. Travaillant comme animatrice dans les hôtels, j’avais un contrat en novembre à Tenerife dans les Îles Canaries. Je suis donc rentrée en Belgique faire ma quarantaine et changer mon sac à dos contre ma valise. Mais après 10 jours de quarantaine, le nouveau lockdown a été annoncé.
J’ai donc immédiatement repris un billet d’avion pour l’Afrique du Sud qui venait tout juste d’ouvrir ses frontières. J’ai poursuivi mon voyage avec un road trip en Namibie, avant de me diriger vers la Zambie en janvier.
Je suis actuellement au Mozambique depuis plusieurs semaines. J’aimerais bien aller en Ouganda. J’ai un contrat qui commence en avril en France, donc j’attends que le tourisme rouvre, car j’aime bien travailler aussi (rires).
Durant mes voyages, je n’ai pas eu peur de me mettre en danger avec la Covid. La seule préoccupation que j’avais en allant en Afrique, c’est de m’exposer aux maladies qu’ils ont déjà, notamment la malaria au Kenya. Et je voudrais ajouter que j’ai toujours respecté les règles de quarantaine ou de tests avant d’arriver dans un pays.”
C’est top de voyager pendant la Covid.
Robin*: “Je défends la responsabilité individuelle”
“Habitué à voyager, je ne suis pas du tout parti pendant le premier confinement. J’ai contracté la Covid au mois de juin. Depuis, je suis parti une dizaine de fois en Espagne. Je suis également parti au Portugal, en Autriche, en Suède, en Allemagne, en France, en Suisse, en Tunisie et au Brésil. Je voyage seul, avec des amis ou avec mon compagnon.
J’ai davantage voyagé que d’habitude pendant cette année de crise. Les prix des billets d’avion étaient tellement bas. Par exemple, j’ai obtenu des billets pour l’Espagne à seulement 5 euros. Dans les avions, les sièges étaient souvent vides autour de moi. Arrivé à destination, j’ai régulièrement été surclassé dans les hôtels. Autre avantage: les gens sont très agréables dans les pays où je suis allé, car ils ne voient plus beaucoup de touristes. C’est top de voyager pendant la Covid.
Enfin, grâce au télétravail, je peux travailler de n’importe où. J’ai donc pris mon PC pour aller travailler dans plusieurs pays. D’ailleurs, après un voyage à Dubaï prochainement, je vais retourner en Espagne pour y télétravailler.
J’ai toujours contourné les règles, car je les trouve complètement débiles. Par exemple, quand je suis allé au Brésil, je n’ai pas rempli le PLF (Passenger Locator Form, ndlr), car je suis passé par un autre pays, mais j’ai fait ma propre quarantaine. Je prends mes précautions et je m’isole quand je vois des personnes à risque. Je n’ai pas besoin que l’État me l’impose. Je défends la responsabilité individuelle.”
*par souci d’anonymat, les noms ont été changés.
Où en sont les agences de voyages?
Les agences de voyages sont particulièrement touchées par la crise et s’apprêtent à survivre à une deuxième année quasi-blanche. Anne-Sophie Snyers, secrétaire générale de l’Union professionnelle des agences de voyages (Upav), dresse le bilan et tente de donner des perspectives pour le secteur.
“Le secteur se porte très mal. En 2020, 10 à 15% de voyages réservés ont eu lieu par rapport à 2019. En 2021, nous sommes à 2% de voyages réservés”, indique Anne-Sophie Snyers. “Nous avons perdu des clients. Pourquoi? La Belgique a été très stricte par rapport aux voyages. Certains voyageurs sont partis des aéroports de nos pays voisins (Allemagne, France ou Pays-Bas), là où il n’y avait pas d’interdiction de voyager. Nous souhaitons que la Belgique écoute davantage les recommandations européennes, plutôt que de faire cavalier seul”, clame-t-elle.
Des aides insuffisantes
La secrétaire générale de l’Upav s'inquiète de la santé économique du secteur des agences de voyages. “Nous avons reçu des aides financières régionales nettement inférieures qu’en Flandre. Il y a une concurrence qui se met en place au sein même de la Belgique. C’est préoccupant. Au niveau fédéral, nous avons le chômage temporaire et le double droit passerelle. Mais on espère que les aides régionales vont continuer à venir, car sans elles ça sera très compliqué.”
Le secteur des agences de voyages a notamment espoir d’obtenir une réponse rapide sur deux gros dossiers d’aides financières. “D’une part, nous avons le projet de remise à l’emploi qui consiste à financer 70% de 30% des employés sur la masse salariale de 2019. Ce projet porté par le ministre Pierre-Yves Dermagne a été rejeté par le Conseil d’Etat la semaine dernière. Nous sommes déçus de ce revirement de situation. D’autre part, nous voulons un fonds pour les bons à valoir. Comme d’autres pays, nous avons pu proposer des reports de voyages aux clients pendant trois mois au début de la crise, plutôt que de rembourser les voyages. Ces bons à valoir avaient une validité d’un an et après cette échéance, le client est censé pouvoir récupérer son argent. Nous arrivons à cette échéance et nous n’avons toujours pas de structure en place pour pouvoir prêter de l’argent aux agences qui pourront rembourser les clients”, explique Mme Snyers. “Ces deux dossiers vont déterminer si nous allons couler ou traverser cette crise.”
Un risque de nombreuses faillites
La secrétaire générale de l’Upav tire la sonnette d’alarme. “Les caisses sont vides. Nous n’avons pas encore beaucoup de faillites car notre secteur est sain. Nous avions des réserves mais celles-ci s’amenuisent. En juin, 40% des 600 agences wallonnes et bruxelloises ne pensaient pas tenir. Aujourd’hui, on est loin de ce chiffre qui est aux alentours de 10%. Les agences s’accrochent et elles n’ont pas encore dû rembourser les bons à valoir. Mais ce mois-ci, elles vont commencer à le faire. Les agences ont six mois pour effectuer le remboursement, ce qui amène jusqu’en septembre. À cette échéance, il pourrait y avoir effectivement beaucoup de faillites si un fonds n’est pas mis en place rapidement. On a peur de la disparition d’un secteur qui était pourtant sain.”
Et maintenant?
Le secteur a proposé plusieurs solutions aux responsables politiques. “Les décideurs font la sourde oreille. Pourquoi le gouvernement ne nous demande-t-il pas de l’aide? Nous avons proposé d’utiliser nos agences de voyages pour faire le tracing et donner au client de la responsabilité. Ce n’est pas tant l’endroit où on se trouve, mais le comportement qu’on adopte qui est important. Il faut donner une responsabilité aux gens qui désirent voyager. Enfin, nous faisons attention d’envoyer nos clients dans des endroits qui sont “travel safe”.”
“Une partie de la population commence vraiment à s’énerver, parce que ça touche à la liberté individuelle de déplacement. On trouve dommage de mettre tous les voyages dans le même panier. Le virus n’a pas de frontière. Il n’a jamais été démontré que le voyage de loisirs est une source de surcontamination et c’est un problème aujourd’hui”, ajoute Anne-Sophie Snyers.
Pour le moyen et le long terme, la secrétaire générale de l’Upav déclare que les agences de voyages sont “favorables au Passeport Covid que veut développer l’UE“. “Ça permettrait aux gens de revoyager. D’expérience, on sait que ça sera mis en place d’ici six mois et donc nous demandons des solutions à court terme pour les vacances d’été.”
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