De Charleroi à Istanbul à vélo: “J’ai versé toutes les larmes de mon corps”
ExclusifLa crise du coronavirus n’est pas encore complètement derrière nous, mais pour l’instant, la situation est sous contrôle en Belgique. Toutefois, il a fallu vivre avec des périodes de confinement durant deux ans. Cela marque les esprits. Cela pousse à réfléchir aussi. Âgé de 32 ans, Adrien Introvigne de Charleroi en a profité pour faire le point sur sa vie. Et il a décidé de relever un challenge de taille.
Relier Charleroi à Istanbul (Turquie) à vélo. C’est ce qu’Adrien Introvigne s’est fixé comme objectif. Pour réussir celui-ci, il a calculé qu’il devrait voyager seul sur une distance comprise entre 3.300 et 3.400 kilomètres. Il doit traverser la Belgique, le Grand-Duché du Luxembourg, l’Allemagne, la France, la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine du Nord, la Grèce avant d’arriver en Turquie.
Préparation
Mais cela ne l’effraie pas le moins du monde. En premier lieu parce qu’il s’est préparé en conséquence: “Il est possible de se lancer à l’aventure sans exercice. Cela permet de se confronter à l’adversité. Cela n’a pas été mon choix pour ce défi-ci. Car je savais que je n’allais pas rouler que sur du plat. J’ai consacré quatre bons mois à poser les grands jalons du périple, à sélectionner le bon vélo et à être au point physiquement”.
L’homme est un sportif. Il pratique notamment la course à pied, le gainage et le cyclisme: “Les dernières semaines qui ont précédé mon départ, j’ai parcouru au minimum 150 kilomètres par semaine. J’ai également employé mon hometrainer. Et j’ai limité les sorties en soirées”.
Coups durs
Actuellement, il est en Italie. Il a déjà connu quelques coups durs: “Les premiers jours ont été extrêmement compliqués. Mon vélo était chargé de 12 ou 13 kilos de bagages. En province du Luxembourg, ça grimpait pas mal. Je me suis pris une petite claque. Il m’a fallu doser mes coups de pédale. J’y suis allé plus tranquillement. Les deux premiers jours, je me suis réellement demandé ce que je foutais là. Est-ce que j’avais pris la bonne décision? Cela a été les deux jours les plus pénibles jusqu’ici. Je voulais quitter la Belgique le plus vite possible”. Le Carolo a choisi de se déplacer en bikepacking. Le concept consiste à délester sa bicyclette de tout équipement superflu. Fini les porte-bagages! Bonjour les sacoches de cyclotourisme fixées au cadre, au guidon ou à la selle!
De manière plus attendue, notre interlocuteur a dû surmonter son deuxième coup de mou en Suisse. Plus précisément dans le col du Saint-Gothard. Il lui a valu une ascension de 1.600 mètres avec un dénivelé pouvant aller jusqu’à 10,9 pourcents: “C’était dur. Je suis passé par toutes les émotions. Physiquement, c’est quelque chose. J’étais vidé. En plus, j’avais la crainte qu’un orage n’éclate. Heureusement, ça n’a pas été le cas. Et plus je grimpais, plus il faisait chaud. Mais une fois arrivé au sommet, quel bonheur! J’étais super heureux. La vue et les paysages sont magnifiques. C’est gratifiant d’être arrivé jusque-là à la seule force des mollets. En tout cas, ça l’est plus que de passer sa journée à préparer des Powerpoint. Et en redescendant les lacets du col, j’ai versé toutes les larmes de mon corps”.
Car ces deux dernières années ont été marquées par le coronavirus et les restrictions qui en découlent: “J’étais salarié comme planificateur de production. Ces deux années, ç'a été vraiment métro-boulot-dodo. Les bars étaient fermés. Je ne quittais plus trop Charleroi. En plus, j’ai dû être opéré aux ligaments croisés. Au mois d’avril 2020, j’ai donc acheté un vélo de route. C’était mon échappatoire. Pendant plusieurs mois, j’ai effectué des voyages. Je me sentais enfin libre”.
Challenge
Mais Adrien Introvigne aime l’aventure: “Avant de m’attaquer au bitume, j’ai visité la Nouvelle-Zélande et l’Australie via un Working Holiday Visa (NDLR. Visa Vacances Travail en français)”. Ce visa permet aux moins de 35 ans de travailler et de faire du tourisme pendant une année complète. Ça tombait bien. Il est âgé de 32 ans.
Une fois rentré au bercail, il ne pouvait se satisfaire de sa petite vie bien rangée. Il a démissionné de son poste rémunéré il y a un peu plus de trois semaines pour enfourcher sa bicyclette: “Je désirais relever un challenge plutôt que de simplement travailler en voyageant. J’avais envie de découvrir autre chose. J’ai longtemps hésité. À un moment, j’ai pensé traverser la France, le Portugal et l’Espagne. Mais ce n’était pas assez dépaysant pour moi. Je me suis dit que transiter par le Montenegro, l’Albanie... et terminer en Turquie me changerait beaucoup plus par rapport à ce que j’ai l’habitude de connaître en Belgique. Pourquoi m’arrêter en Turquie? Parce que géographiquement, c’est la fin de l’Europe”.
Argent
Maintenant qu’il n’a plus de boulot, il n’est plus financé. Bien organisé, le Carolo n’a encore jamais été pris au dépourvu: “J’avais assez bien économisé. En plus, je voyage en mode économique. Je me suis inscrit en ligne sur Warmshower.org” Ce site web met en relation des cyclistes avec des personnes prêtes à les héberger gratuitement. “Ça me permet de rencontrer des gens sympas et de réduire mes dépenses au maximum. Il m’arrive de dormir sous une tente aussi. Je n’ai pas encore dû passer une seule nuit à l’hôtel. Bien sûr, ce sont des conditions plus précaires. Mais grâce à cela, mon aventure se prolonge encore un peu plus. C’est ma volonté après deux ans de routine”.
Il n’a pas non plus trop traîné en Suisse: “La vie y est chère. Je ne gagnais pas un salaire suisse quand je travaillais”. Mais depuis qu’il est en Italie, il change d’optique: “C’est moins sportif maintenant. Plus contemplatif. Je pédale moins de kilomètres par jour. Je prends davantage mon temps même si j’ai déjà pu admirer quelques endroits. L’Alsace, par exemple. Et en Suisse, les lacs, les montagnes et la propreté m’ont marqué”. Ceci dit, il attend beaucoup des semaines à venir: “Je pense que le dépaysement sera vraiment total quand j’atteindrai les pays de l’est”.
Avenir
Et la vie après son challenge, ça ressemblera à quoi pour Adrien Introvigne? “Avant de partir, j’ai réussi l’agrégation en cours du soir. Je peux donc donner des cours aux quatrièmes, cinquièmes et sixièmes secondaires en sciences économiques. Comme le métier de prof est en pénurie, je suis certain de retomber facilement sur mes pattes”. Le trentenaire possède également un Master en Ingénieur de Gestion.
Ce n’est pas pour autant qu’il restera davantage en place à l’avenir: “Je suis certain que je tenterai un nouveau défi. C’est comme ça que je me sens vivre même si cela se fait parfois dans la douleur”. Par contre, il n’a pas encore la moindre idée de ce qu’il entreprendra.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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